Images et représentations du Pérou en France (1821-2021)

par Alain Cardenas-Castro

J’ai, voilà une année, éprouvé la nécessité de faire le point sur le colloque international, « Images et représentations du Pérou en France – 1821-2021 » qui s’est tenu au Musée d’Aquitaine sis à Bordeaux le vendredi 12 et le samedi 13 novembre 2021 (voir le blog Sciences et art contemporain, en date du 30 avril 2022). Il fait suite à la commémoration du Bicentenaire de l’indépendance du Pérou, un acte important qui remonte au 28 juillet 1821. La manifestation est due à l’initiative de Madame Isabelle Tauzin-Castellanos qui avait rassemblé vingt-deux intervenants. Cette collègue, universitaire, coordinatrice du colloque, est professeur de l’Université Bordeaux Montaigne et membre honoraire de l’Institut Universitaire de France. Une publication fait le point sur cet événement important pour les chercheurs et amateurs de l’art et de la civilisation péruvienne.

Images et représentations du Pérou en France – 1821-2021, sous la dir. d’Isabelle Tauzin-Castellanos, Mónica Cárdenas Moreno, Maylis Santa-Cruz.

Bordeaux : Presses Universitaires Indianocéaniques, 2022, 406 p., 15 x 22 cm
ISBN : 978-2-38444-006-1
Prix public : 16 euros

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Concours du livre d’artiste d’Issy-les-Moulineaux, Stéphanie Ferrat lauréate 2023.

Compte-rendu.

par Marie-Paule Peronnet (*)

Depuis six ans, cette manifestation met l’accent sur la pluralité du type de création à la fois récent et historique que constitue le livre d’artiste. Apparu en Occident vers le 19e siècle selon certains, en Chine sous la dynastie des Song (10e-12e siècles) pour d’autres, il a déjà fait l’objet de nombreuses recherches et attentions qui ont abouti à la constitution de collections très diverses. A ce jour, 1000 titres étoffent le fonds de la médiathèque d’Issy.

A Marion Nino, Directrice des Médiathèques d’Issy-les-Moulineaux, le mot du début : « Ce sont les mains qui font, qui vont en silence, et le livre est né ». Ces mots de Stéphanie Ferrat, lauréate du prix du livre d’Artiste de la Ville d’Issy-les-Moulineaux, nous rappellent l’ampleur de l’univers dans lequel se déploie un livre d’artiste : œuvre complète, à la fois plastique, organique et poétique, il trouve une place naturelle dans l’espérance un peu folle des bibliothèques de rassembler dans leurs murs savoirs et artistes. Cette année encore, la Médiathèque centre-ville se réjouit de contribuer modestement par ce concours à valoriser l’extrême diversité et richesse des créateurs de livres d’artistes.

Un règlement publié très en amont permet notamment aux créateurs intéressés de préparer un livre récent et inédit, pour la circonstance. Les lauréats des années précédentes ne peuvent à nouveau candidater.

Comme chaque année, un jury très à l’écoute de la diversité de ce que peut être un livre d’artiste, s’est rassemblé afin de décerner le prix au lauréat. Sa composition est donnée ci-après :

Candice Attard, directrice des affaires culturelles à la mairie d’Issy-les-Moulineaux, Gwenael Beuchet, chargé de conservation au Musée de la carte à jouer d’Issy-les-Moulineaux, Alain Cardenas-Castro, enseignant, artiste et médiateur scientifique et culturel au Muséum national d’Histoire naturelle, Christophe Comentale, auteur, conservateur en chef honoraire au Museum national d’Histoire naturelle, Laetitia Cuisinier, chargée de programmation culturelle, Frédéric Harranger (**), Virgile Legrand, galeriste et éditeur, Marie Minssieux-Chamonard, conservatrice en chef à la Bibliothèque nationale de France, responsable des collections XXe-XXIe siècles, réserve des livres rares, Marion Nino, conservatrice en chef, directrice des médiathèques de la ville d’Issy-les-Moulineaux, Jean-Marc Thommen, artiste et directeur de l’école d’art « Les Arcades », Hélène Valotteau, conservatrice en chef, responsable du pôle jeunesse et patrimoine à l’Heure Joyeuse, Médiathèque Françoise Sagan.

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A propos d’un dialogue écriture-dessin-jardin

par Christophe Comentale

Alain Amariglio, Des plantes et des hommes, texte d’Alain Amariglio ; préf. de Gilles Clément, dessins originaux d’Alain Cardenas-Castro. Paris : Editions du Canoë, 2023. 304 p. 22 dessins.

Ci-dessus, de gauche à droite. (ill. 2 et 3) Alain Cardenas-Castro. Silva et Camelia sinensis, 2 des 22 illustrations de l’ouvrage Des plantes et des hommes d’Alain Amariglio. Crayon, feutre, tampon typographique sur papier, 21 x 13 cm

Trois personnalités assez complémentaires pour un ouvrage entre esthétique et fiction. Depuis plus de 30 ans au Musée de l’Homme, département du Muséum national d’Histoire naturelle, Alain Cardenas-Castro (1961, Paris) mène conjointement une activité de médiateur, d’enseignant et de chercheur. Cet artiste spécialisé dans l’art et les techniques de la fresque est un habitué des ensembles végétaux et floraux à l’intersection du réel et de l’imaginaire (ill. 1). Créateur de livres d’artiste, graveur et dessinateur, ses compositions puisent à la diversité des matériaux aux échelles larges. Pour cette commande des éditions du Canoë, il a créé une série de 22 dessins (ill 2 et 3) devenus depuis lors un ensemble de grands formats dont cet artiste est coutumier au fil de ses œuvres.

Le préfacier, jardinier, paysagiste, botaniste, entomologiste, biologiste et écrivain, Gilles Clément (1943, Argenton-sur-Creuse (Indre), prône des jardins devenus jardins naturels et pouvant se « redessiner » au long de la succession des saisons et des années.

Ces deux scientifiques adeptes d’une carrière reflétant une diversité forte, encadrent avec subtilité les récits d’Alain Amariglio (1965, Nancy), ingénieur puis entrepreneur et enseignant. Ces écrits multiples sont autant dans des prolongements autobiographiques que versant dans des contes autres. Des plantes et des hommes (ill. 4) se présente comme une promenade botanique qui, de chapitre en chapitre, prend pour point de départ et comme objet d’étude une plante (connue ou rare, contemporaine ou disparue…), qui permettra d’éclairer l’Histoire de l’humanité, par des voies mythologiques, économiques, politiques, littéraires… Ce panorama d’une érudition ludique est à l’égal d’un essai à mettre entre toutes les mains curieuses.

Ci-dessus, de gauche à droite. (ill. 1) Alain Cardenas-Castro. Une dédicace sur la page de titre de l’ouvrage Des plantes et des hommes d’Alain Amariglio (ill. 4)

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Sanzhar est un artiste plasticien kazakh 

par Alain Cardenas-Castro et Christophe Comentale

« Sanzhar est un artiste plasticien kazakh ». Ainsi commence la fiche biographique traduite en français sur cet artiste plasticien. On apprend aussi assez vite que son travail apporte autant d’attention à la gravure sur pierre qu’aux graphiques stellaires. Est-il pour autant archéologue ? Rêve-t-il de maçonner l’univers ? C’est, en tout cas un devin. Sa pratique de la contemplation intérieure y fait songer, ses images étant tracées en une suite de points. Des points perçus comme les marqueurs initiaux de l’espace et du temps. Il semble que ce sportif soit en phase avec l’univers qui le borde, le protège et l’entoure. Le corps, l’âme, l’univers, autant de pôles antithétiques mais complémentaires aussi.

Sanzhar Zhubanov est né en 1967 à Almaty (Алматы), ancienne capitale du Kazakhstan de 1929 à 1997, ville située au centre de l’Eurasie, dans la partie sud-est de la république du Kazakhstan, au nord de la chaîne de montagne des Tianshan ou Monts célestes si denses en légendes de toutes sortes, en tout cas, lieux où les divinités diverses aiment à se réunir. Almaty [la ville des pommes] est entourée de forêts ou croît ce fruit, le Malus sieversii, en cohabitation avec d’autres espèces de pommes sauvages.

(ill. 1) Sanzhar Zhubanov devant ses peintures et une de ses installations de pierres gravées, 2023
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A propos d’une installation de Catherine Pomper, Amerrir à l’orée de ses rêves

par Christophe Comentale et Frédéric Harranger

Dans le silence feutré et modulé de son atelier-jardin de Saint-Cyr l’École, Catherine Pomper livre de temps à autre à un public de collectionneurs et de curieux des images qui vont et viennent parmi des pans de son imaginaire. Ainsi en va-t-il de cette prestigieuse et éphémère installation, Amerrir à l’orée de ses rêves (ill.1, 2 et 3)

(ill. 1) Catherine Pomper. Amerrir à l’orée de ses rêves (vue d’ensemble)
(ill. 2) Catherine Pomper. Amerrir à l’orée de ses rêves (vue d’ensemble)
(ill. 3) Catherine Pomper. Amerrir à l’orée de ses rêves (détail)
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Daniel Nadaud me fait — parfois — penser à Odilon Redon

par Christophe Comentale

Au fil des très nombreuses manifestations et publications qui ont célébré l’activité créatrice de Daniel Nadaud, force était de lancer un écho, fût-il modeste, à ces actions multiples.

On note chez Redon (1840, Bordeaux -1916, Paris), un dépouillement, une constance, jugulée et maîtrisée, tandis que chez Daniel Nadaud (1942, Paris), des amoncellements confinent parfois à une absence de sens donnant à ses synthèses visuelles un poids particulier.

Daniel Nadaud, dessinateur, est aussi lithographe, écrivain, sculpteur, compositeur d’assemblages qui frisent des constellations cosmopolites et décalées. Il développe cette activité depuis les années 70.

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L’or, couleur de pouvoir et de raffinement dans l’art chinois contemporain

par Christophe Comentale  

Différents articles ont permis de rappeler que, contrairement à des idées reçues, la Chine a, très tôt, donné une importance particulière à l’or, couleur, symbole, matériau. Les fouilles archéologiques qui ont mis au jour des artefacts de différentes époques, comme sous les Zhou[1], ont révélé des pièces étonnantes tant par leur forme qu’en raison de leur conception esthétique ou de leur poids rituel.

« En dépit de la fascination que le métal jaune exerce et de l’impact de sa valeur, il reste confiné dans le secret des demeures impériales [2]». La provenance de ce métal est renseignée par différentes sources dont un dictionnaire rédigé au 3e siècle avant notre ère, Le Erya[3] (ill.1) où est consignée la présence de ce métal sous la dénomination d’or jaune (huangjin). Sous les Tang, des mines sont exploitées dans les provinces du Sichuan, Hunan, Anhui, Jiangxi, Yunnan, Guangdong, Shaanxi et Gansu.

(ill. 1) Le Erya
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Des pièces Est-Ouest dans un musée éphémère de l’estampe

A propos du Salon de l’estampe 2023.

par Alain Cardenas-Castro et Christophe Comentale

Cette 2e édition de Paris Print Fair a lieu du 23 au 26 mars 2023. Organisée par la Chambre Syndicale de l’Estampe, du Dessin et du Tableau (CSEDT), la manifestation réunit 20 exposants européens au sein du Réfectoire du Couvent des Cordeliers à Paris.

Comme le rappelle Christian Collin, président de la Chambre syndicale de l’estampe, du dessin et du tableau,

« La Paris Print Fair est un point de rencontre entre marchands, collectionneurs et institutions, où les exposants se veulent aussi bien vecteurs de connaissance qu’interprètes d’une histoire ».

Vingt exposants, membres associés de la Chambre Syndicale de l’Estampe, du Dessin et du Tableau (CSEDT), proposent une sélection d’estampes du XVe siècle à aujourd’hui.

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Quelques considérations éparses sur le corps

DE LA TÊTE AUX PIEDS

par Christophe Comentale

Les addictions sont toujours les mêmes, entre ceux qui matent et ceux qui exhibent, ça se rejoint assez bien, et surtout, le jeu dure, ne cesse de se développer, de s’intensifier pour mourir puis renaître ici et là. Les graines parfois déposées, malencontreusement ou à dessein, vont s’incruster et ça repartira, autrement, mais toujours entre sadisme et masochisme, toujours vers deux pôles concomitants, complémentaires, à l’égal du yin et du yang.

Entre le souvenir d’une visite au Rijksmuseum et quelques regards sondés, scandés lors de parcours urbains, voire intraurbains récents, les éléments du réel se sont mis en place quasiment tout seuls…

Comme de coutume, entre une installation suscitée sur une durée éphémère dans un lieu idoine et la disposition de type scénographique d’une œuvre, dans un contexte privé, les éléments de coordination, d’union, sont à peu près constants. De là naît un parcours nécessaire, fût-il invisible.

Des expressions éclatées

Ainsi Johan Gregor van der Schardt, s’est déchargé de son envie d’exister in perpetuum, en laissant sa trace à Nuremberg où il évolue entre 1530 et 1581, faisant son travail de sculpteur pour le compte du monarque, alors Maximilien II.  Apparemment consciencieux, il trouve le temps de nourrir son ego avec un Autoportrait (ill.1) exécuté vers 1573, rendu à la moitié de la grandeur réelle. Cette terre cuite peinte donne un reflet assez banal de soi, mais qui dénote aussi une sûreté de son propos. Tout comme une patience dans les équipages impériaux et aussi une condition physique qui semblent le faire largement s’isoler dans des pensées plus intimes si l’on en juge à la direction portée vers une zone de retrait au social…

(ill. 1)
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300 dessins exposés à la Fondation Custodia de fin février à mai-2023

Une fois de plus, ça marche, et même bien !

Deux expositions conjointes, parallèles, complémentaires et, pour autant bien différentes ont lieu du 25 février 2023 au 14 mai 2023.

Et surtout, surtout, une sélection d’œuvres alliant le détail sublimé à des scènes plus totales de paysages. Et enfin, en rejoignant l’aube du XXe siècle, des éléments décoratifs exceptionnels qui permettent une superbe plongée dans l’inutilité et la saveur de la perfection…

par Alain Cardenas-Castro et Chirstophe Comentale

● Quelques mots sur Ger Luijten

Qu’il nous soit permis, avant de présenter succinctement ces deux événements, de rappeler la disparition le 19 décembre 2022 du directeur de l’institution, Ger Luijten présent depuis 2010 dans cet établissement muséal. Grâce à une politique d’expositions et d’acquisitions menée avec goût, discernement et une infatigable curiosité, Ger Luijten a su conforter la réputation de la fondation d’origine néerlandaise, établissement des plus importants dans le domaine du dessin, de l’estampe ou des lettres et autographes d’artistes, toutes époques confondues. Il a surtout su faire connaître cette magnifique institution à un public plus étendu et à conjuguer érudition et diffusion des connaissances.

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