Si, depuis une trentaine d’années le marché de l’art chinois a été comme dopé, suintant un dynamisme et une structuration stratégique déconcertants pour l’œil et l’oreille occidentaux avertis selon des critères trop cartésiens, une inflexion à cette période heureuse a été marqué par une situation politique quelque peu décalée et recalée selon d’autres critères, dont la visibilité des états dans et hors l’Europe a donné une nouvelle donne…
Ainsi en ce 23 novembre 2023, soit, à un jour près, à la veille de Noël – qui reste la grande cause de liesse dans un Occident traditionnel – afin de venir en aide à la situation sociale et humaine du Liban, une vente aux enchère caritative a eu lieu au Cercle Interallié sis à Paris. Sauver des vies au Liban, tel était le titre programmatique de la manifestation sous l’égide de Malte Liban, de l’Hôtel-Dieu de France et de la fondation USJ (Université Saint Joseph de Beyrouth). Retransmise en live via Drouot.com, la vente a eu lieu par le ministère de Maître Blandine Camper, commissaire-priseur (ill. 1).
Sculpteur curieux, parfois proche de l’artisan, car, comme lui, il fabrique ses propres outils, Dominique Babinet a conjugué l’enseignement, depuis 1982 au centre Albert Chanot à Clamart et la création, sa création personnelle. Elève de Robert Courtin, connu pour sa statuaire, notamment dans la cathédrale de Reims, Dominique Babinet est aussi inspiré par Rodin comme par Bourdelle.
Ci-dessus. Dominique Babinet, Sans titre (ca 2015), cire, H. 7 cm, larg. 5 cm ; Dominique Babinet, Sans titre (ca 2015), plâtre, H. 6 cm, larg. 6 cm, ép. 3 cm
Compte-rendu de mission en Chine – Pékin, Dunhuang, octobre 2023.
un cycle de missions centrées sur l’étude des peintures murales, les fresques de Dunhuang (ill. 1 à 3), vues dans une perspective comparatiste a permis une continuité de points de vue et d’observations menées dans un contexte plus large. Les contributeurs, français et chinois, ont développé des axes multiples (voir diaporama ill. 4 à 13).
Ci-dessus, de gauche à droite. (ill. 1 à 3) Parvis du musée du Centre de recherches et de protection du patrimoine de Dunhuang ; les grottes de Mogao ; une salle du musée.
Ci-dessus. (ill. 1 et 2) Zhang Hua, Autoportrait, années 1940-1950, lavis sur papier, 34 x 26 cm ; (ill. 3) Zhang Hua, Autoportrait au pinceau (sd), gouache sur papier, 32 x 23 cm
Art et négoce, les alternances des images, celles que l’on crée, celles que l’on voit, que l’on revoit et que l’on identifie, entre imaginaire et histoire de la culture. Portrait d’une créatrice et marchande d’art découvreuse de talents et de pièces patrimoniales, de Picasso à Zhang Hua.
Ci-dessus. Sylvie Vervaet, photographies récentes (Sylvie Vervaet dans son loft-galerie ; le stand au Salon international du livre rare et des arts graphiques du Grand Palais éphémère, session 2022 ; Sylvie Vervaet présentant un panneau du 16e siècle, Saint Joseph et l’enfant Jésus).
Les grottes de différents sites, Mogao, Yulin, valent à Dunhuang un attrait constant, celui d’un public important. Il n’empêche qu’en ces lieux campés au beau milieu du désert, l’accueil est un point non négligeable pour les visiteurs de cette oasis.
Ci-dessus, de gauche à droite. (ill. 1 à 3) le designer Chen Xiangjing dans son atelier
Après le livre du peintre Emile Gallois[1] (1882, Ligny en Barrois – 1965, Clichy la Garenne) qui m’a permis de rapporter le travail collaboratif de ce spécialiste du costume avec le peintre péruvien Juan Manuel Cardenas-Castro[2], un autre objet, trouvé également sur un marché d’occasion, m’a permis, cette fois, de mettre en avant quelques-unes de mes œuvres se rapportant à la thématique maritime.
L’objet trouvé est une peinture représentant le paquebot [« Aquitaine »] signée et datée [J. Dutoit, 1909] (ill. 1). En l’observant plus attentivement, cette marine de petit format (38 x 55 cm) se révèle d’une facture particulière. En effet, J. Dutoit a utilisé des timbres de collection découpés puis collés pour réaliser son œuvre que l’on peut ainsi rattacher à l’Art Brut défini par Jean Dubuffet (1901-1985).
Les œuvres d’Art Brut sont réalisées par des créateurs autodidactes. Ils créent un univers à leur propre usage sans se préoccuper de la critique du public et du regard d’autrui. […] Ne recherchant ni reconnaissance, ni approbation, ils conçoivent un univers à leur propre usage. Leurs travaux, réalisés à l’aide de moyens et de matériaux souvent inédits, sont indemnes des influences exercées par la tradition artistique, et mettent en application des modes de figuration singuliers. La notion d’Art Brut repose à la fois sur des caractéristiques sociales et des particularités esthétiques.[3]
(ill. 1) J. Dutoit. « Aquitaine » (1909), collage de timbres de collection et gouache sur carton, 38 x 55 cm
La Maison de l’Amérique latine, à Paris, est un espace culturel qui a été fondé en 1946 à l’initiative du ministère français des Affaires étrangères. Sise à Paris, au 217 boulevard Saint-Germain, cette institution est destinée aux échanges culturels, économiques et diplomatiques entre la France et les pays d’Amérique latine, quelle que soit leur tendance politique. Avant 1965, la Maison de l’Amérique latine était située au 96 avenue d’Iéna, non loin de la Place de l’Etoile. En 1956, le peintre péruvien Juan Manuel Cardenas-Castro y présente ses peintures lors d’une exposition monographique intitulée » Juan-Cardenas-Castro-Kanchacc »…
La Maison de l’Amérique latine
Je rappellerai ici les origines de cette institution dont le point de départ est la volonté du gouvernement français — conscient du développement considérable pris par l’Amérique latine dans le monde après la guerre de 1940 — de chercher le moyen d’organiser des rapports plus suivis et plus amicaux entre le ministère des Affaires étrangères, les personnalités françaises intéressées par l’Amérique latine et les représentants en France des nations latino-américaines. Effectivement, c’est Monsieur Etienne Dennery (1903-1979), directeur des affaires d’Amérique au ministère des Affaires étrangères, qui prend l’initiative de réunir dans son cabinet, en 1946, quelques personnes connu pour leur attachement à l’Amérique latine ou leurs connaissances particulières de ses problèmes : M. Luiz Martins de Souza Dantas (1876-1954), ancien ambassadeur du Brésil ; M. Luiz Ulmann, son secrétaire ; Paul Rivet (1876-1958), le fondateur du Musée de l’Homme ; le professeur Raymond Ronze (1887-1966), spécialiste des civilisations de l’Amérique latine ; M. Robert de Billy (1894-1991), connaisseur et amateur de l’Amérique latine. Parmi ces personnalités, Luiz Ulmann, décide de modifier les statuts d’une association créée en 1944 — ayant pour objet la réunion des Brésiliens à Paris et l’accueil des membres du corps expéditionnaire militaire brésilien en France — pour l’étendre à tous les Latino-Américains. De cette façon, le désir du gouvernement français et l’initiative franco-brésilienne de Luiz Ulmann ont constitués la base fondatrice de la Maison de l’Amérique latine. Plus d’une vingtaine d’années plus tard, en 1965, l’immeuble de l’avenue d’Iéna est mis en vente et l’association n’a pas les moyens de l’acquérir. C’est le soutien du Général de Gaulle qui permet à la Maison de l’Amérique latine de s’installer dans les deux hôtels particuliers des 217, bld Saint-Germain et 1, rue Saint-Dominique et de poursuivre ses objectifs (ill 1). Ainsi, au fil des années, la Maison de l’Amérique latine accompli sa mission en suivant l’évolution générale des politiques française et latino-américaine avec une intense activité permettant les échanges et les rencontres, rencontres le plus souvent culturelles…
Qui est Max Aub ? Ecrivain, poète, artiste, scénariste ? Il s’est illustré dans tous ces domaines ! Mais il a dû endosser bien d’autres qualificatifs qui lui ont été assignés où qu’il s’est appropriés : Allemand, juif, Français, catholique, Espagnol, agnostique, Mexicain. Sa vie illustre tout ce que l’histoire de l’Europe du siècle dernier a pu avoir de tragique.
Petit fils de Max Aub (1828-1901) président réformateur de la communauté juive de Munich, neveu d’un écrivain, l’excentrique Ludwig Aub (1862-1926), Max Aub Mohrenwitz, dit Max Aub, est né le 2 juin 1903, à Paris où ses parents, Frédéric-Guillaume Aub (1877, Münich – 1951, Valence), négociant et Suzanne Mohrenwitz-Springer (1881, Paris – 1962, Valence), se sont mariés moins d’un an auparavant. Lorsque la guerre éclate, son père est en Espagne pour affaire. Déclaré persona non grata et classé comme dangereux, comme tous les Allemands de souche vivant en France, il fait venir sa famille à Valence en Espagne. Max devient espagnol en 1916. Baptisé, il poursuit néanmoins sa scolarité à l’Escuela moderna, une école fondée par le penseur anarchiste Francisco Ferrer, laïque, mixte, rationaliste, promouvant l’égalité sociale, l’autonomie et l’entraide.
Après un passage par l’Institut General et Technique Luis Vives, il commence à travailler avec son père en tant que représentant de commerce, mais sa vocation est autre. Au hasard d’une tournée, il rencontre Jules Romains qui le met en contact avec le milieu littéraire madrilène. Il n’a que 20 ans. Ses poèmes sont lus à l’Ateneo de Madrid et il participe aux tertulia du café Regina avec les poètes Salinas, Garcia Lorca, Manuel Azana et bien d’autres. Il rencontre aussi Rafael Alberti, Jorge Guillen, Luis Bunuel, Salvador Dali. « Dans le petit cénacle, écrit en 1959, dans les Lettres nouvelles, l’hispaniste Claude Couffon, il représentait l’humour, la fantaisie, le goût du théâtre, l’esprit d’entreprise.». Il commence à voyager hors d’Espagne en Allemagne, en Russie, en France où, toujours grâce à Romains, il entre en contact avec les gens de la Nouvelle Revue Française : dix belles années à se pénétrer de culture européenne d’avant-garde.
Après le déclenchement de la guerre civile, il rejoint l’Alliance des écrivains antifascistes pour la défense de la culture et devient attaché culturel à l’ambassade d’Espagne à Paris. C’est là qu’avec son compatriote Josep Renau, il passe commande à Pablo Picasso d’une peinture pour le pavillon de la jeune république espagnole de l’Exposition universelle de 1937. Le sujet sera, comme on le sait, le bombardement de Guernica par les avions de la Légion Condor et des fascistes italiens. En 1938, il écrit le scénario de Sierra de Teruel, basé sur le livre L’Espoir de Malraux. Le film, réalisé par l’écrivain et aventurier français, est interdit par Franco. Le gouvernement français fait de même, et enferme aussi dans des camps de concentration les Républicains venus chercher refuge sur son territoire. Un document de la Sureté nationale daté du 27 mars 1940 signale ainsi Max Aub : « israëlite allemand, naturalisé espagnol par les autorités républicaines pendant la guerre civile qui serait un communiste très dangereux ». Il est d’abord interné au camp de concentration du Vernet, en Ariège, puis à Djelfa, en Algérie. Grâce aux efforts du gouvernement mexicain, il est finalement libéré en 1942. Le Mexique devient son nouveau pays d’adoption. La guerre d’Espagne et l’expérience des camps seront le principal terreau de son œuvre littéraire : Le labyrinthe magique, Manuscrit Corbeau, Journal de Djelfa…
A Mexico, il devient professeur à l’institut cinématographique. Il écrit une cinquantaine de scénarios pour le cinéma dont celui de Los Olvidados de Luis Buňuel. Il poursuit son travail d’écriture et signe des romans, des nouvelles, des essais, des critiques littéraires L’œuvre d’Aub prend alors deux directions principales, différentes mais bien sûr très liées entre elles et à ce qu’il a vécu. D’une part, il se fait le témoin et l’historien de la montée du fascisme, de la guerre d’Espagne et de l’exil ; d’autre part il propose une œuvre à la fois grinçante et ironique, inventive et ludique (dont le classique de l’humour noir Crimes exemplaires partiellement traduit en français dès 1959 par Nora Mitrani) qui aurait peut-être pris plus de place dans sa production sans la guerre.
Plaque commémorative au 3 cité de Trévise à Paris, où naquit Max Aub en 1903. CC/Mu
J’ai, voilà une année, éprouvé la nécessité de faire le point sur le colloque international, « Images et représentations du Pérou en France – 1821-2021 » qui s’est tenu au Musée d’Aquitaine sis à Bordeaux le vendredi 12 et le samedi 13 novembre 2021 (voir le blog Sciences et art contemporain, en date du 30 avril 2022). Il fait suite à la commémoration du Bicentenaire de l’indépendance du Pérou, un acte important qui remonte au 28 juillet 1821. La manifestation est due à l’initiative de Madame Isabelle Tauzin-Castellanos qui avait rassemblé vingt-deux intervenants. Cette collègue, universitaire, coordinatrice du colloque, est professeur de l’Université Bordeaux Montaigne et membre honoraire de l’Institut Universitaire de France. Une publication fait le point sur cet événement important pour les chercheurs et amateurs de l’art et de la civilisation péruvienne.