Détour et accès aux corps de mecs ; charmes virils par un peintre chinois assumé : Guangye.

par Laurent LONG

portrait de Guangye

Issue de la peinture narrative, instrument de diffusion de la littérature en langue vulgaire : roman, chantefables, théâtre comme de pans entiers de la légende dorée du régime, la B. D. a fleuri en Chine depuis un siècle. Mais il ne semble pas qu’elle ait éveillé de vocation chez des artistes qui pourraient porter la tradition érotique gaie et lesbienne ou la modernité tongzhi.[1] Le Continent comme Taiwan abritent des imitateurs des mangas gais japonais, mais bien rares sont les talents réellement créatifs.[2] Genre populaire trop surveillé par le pouvoir chinois ? Sans doute.

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LI XINJIAN, L’ART DU LAVIS SUR EVENTAIL

李新建,扇子上的艺术革

par Christophe Comentale

L’éventail. Comme dans tous les pays chauds, notamment latins et asiatiques, des pays également désireux de donner un sentiment de bien-être face au climat parfois excessif qui perturbe une vie calme et agréable, l’artiste décide bien souvent de réaliser un ou plusieurs éventails pour son usage personnel ou tout autant pour le bien-être de ses proches, amis et parents.

Une récente création du peintre Li Xinjian est l’occasion d’évoquer succinctement l’importance de l’éventail dans la civilisation chinoise durant la période impériale ou dans la société contemporaine.

扇子。就像在所有热带国家,尤其是拉丁和亚洲国家,这些国家同样渴望在有时过于严酷的气候中提供一种舒适感,以应对打扰宁静愉悦生活的环境,艺术家往往决定为自己或其亲近的朋友和家人制作一把或多把扇子。最近,画家李新建的一件创作提供了一个机会,让我们简要谈谈扇子在中国帝国时期或当代社会中的重要性。


Li Xinjian, Nuages (2025), lavis sur papier chinois, 27 brins, hauteur, 32 cm, daté et signé, Paris – 2025


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 OBJETS ET COLLECTIONS (10). SEL, SALIERE

A propos d’une coupelle en émail à trois pieds

par Alain Cardenas-Castro, coordination éditoriale Christophe Comentale

Les objets du quotidien, lorsqu’ils sont sublimés, c’est-à-dire lorsqu’ils passent d’une forme simple, utilitaire pour se parer d’éléments où une symbolique, une esthétique sous-jacente en compliquent le regard, ces objets utilitaires s’entourent alors d’un mystère induit par la couche d’oubli qui s’empare des formes et des matières. Il semble en être de même de cette salière en émail née des jardins mythiques d’Arcadie…


(ill. 1 à 5) Coupelle, fin 18e s., peinture sur émail, 2,5 cm x 7 cm


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KAREN ARBULÚ : DE LA SOBRIETE SACREE DES PARURES D’AVANT-GARDE

par Alain-Cardenas Castro et Christophe Comentale

Karen Arbulú (1957, Lima) a reçu en don une habileté non seulement manuelle, mais aussi celui, plus mouvant de l’art de conter une histoire impossible : elle sait tirer parti d’une histoire et d’une culture qui se rejoignent à travers des pièces d’une orfèvrerie unique, celle de ses racines et de la culture péruvienne qui allie, au fil des siècles, tradition et rituels, nature et imposante civilisation.

Face à un tel poids du passé, il semble peu évident de se libérer de modèles devenus parfois pesants, sauf si l’on sait les sublimer. Portrait d’une orfèvre du 21e siècle


Ci-dessus, de gauche à droite. (ill. 1) Karen Arbulù, Collar Plumas, cuivre et bronze oxydés ; (ill. 2) Alain Cardenas-Castro, fiche technique manuscrite


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PARUTION

L’arc-en-ciel de Salvatore Gregorietti ; trad. de l’italien par Emmanuelle Tornero. (coll. Périscope). 20 p. cartonnées. Paris : les grandes personnes, 2025. Imprimé en Chine sur papier FSC.

par Christophe Comentale

Une approche bien rôdée sur les couleurs pour ce livre réservé aux bambins âgés d’au moins trois années d’existence. Le thème de l’arc en ciel tout en demi-cercles, des demi-cercles qui, en l’occurrence, sont tous dépendants de la boîte grise qui revient au coin inférieur droit de chaque page. En opposition complète à ce gris fade, ’un côté noir qui ingère ou digère l’arc en ciel…Le tout sur ces pages imprimées sur un carton assez épais, plutôt curieux au toucher.

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DOMINIQUE OROZCO, GINKGO ET BRODERIE AU CROCHET DE LUNEVILLE

par Brigitte Guilbaud et Christophe Comentale

La broderie est — lit-on dans les encyclopédies, dictionnaires, manuels et livres pratiques décrivant les techniques sous-jacentes à ce savoir-faire — un art de décoration des tissus : motifs plats ou en relief faits de fils simples, matériaux tels que paillettes, perles, voire pierres précieuses, les enrichissent. Différents points exécutés avec des fils de lin, coton, soie ou laine donnent vie aux broderies que l’on retrouve par exemple sur des vêtements, des accessoires, des mouchoirs, du linge de maison, des ensembles liturgiques (nappe d’autel, voile de calice, pavillon de ciboire etc.) ou des éléments de décoration intérieure. Si Dominique Orozco déploie son talent de brodeuse d’art depuis plusieurs décennies, ce sont les feuilles de gingko [銀杏] qui l’ont inspirée dès la première vision du tapis doré qu’elles forment, chaque automne. Amoureuse de cet « abricot argenté », « fossile vivant », première espèce d’arbre à repousser après la bombe atomique d’Hiroshima, elle observe le moindre détail de ses feuilles, leur matière, leurs formes variées. Par la vertu d’un regard que le métier a affûté, elle consacre de très longues heures à la création d’œuvres uniques.


(ill. 1) Dominique Orozco, jardin du Luxembourg, Paris, nov. 2024


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DE LA DIVERSITE DU LIVRE ET DE SES PROLONGEMENTS

BiblioMania, Paris, session du 14 au 16 février 2025

par Alain Cardenas-Castro et Christophe Comentale

L’ancien réfectoire des Cordeliers sis à Paris, 15 rue de l’Ecole de Médecine, dans le quartier de l’Odéon, accueille chaque année par deux fois des professionnels du livre, ancien, modernes, spécialistes des vieux papiers, des manuscrits, etc

UNE RUBRIQUE SUIVIE ET ETOFFEE TRES IRREGULIEREMENT CAR LE SECTEUR EST PARFOIS TROP ELOIGNE DE NOS CENTRES D’INTERET.

COMME CE N’ETAIT PAS LE CAS CETTE ANNEE, NOUS AVONS EU LE PLAISIR DES YEUX PUIS CELUI DES TROUVAILLES.  

A PARTAGER CI-APRES.

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De la botanique à l’art du bouquet. Portrait de Patricia Salmón, créatrice florale

par Marie-Paule Peronnet (*)

L’art floral est le résultat, la conclusion d’un processus individuel devenu la mise en scène présentée, à priori, au tout-venant, en fait à des catégories aussi diverses que sont le s spectateurs ou les acteurs, ceux qui vont redonner une approche autre à ces éléments d’une « nature » métamorphosée en une donnée autre, une approche qui peut vaincre le temps, lui-même limité à la durée de vie de cet art de l’éphémère.

Si l’on s’attarde sur les définitions…

Si l’on s’attarde sur les définitions du mot botanique, on peut constater une hiérarchie dans les différents domaines s’y rapportant, en commençant par la science qui a pour objet l’étude des végétaux, en fait, la botanique générale. On distingue ensuite, des sous domaines qui s’y rattachent tels que la taxonomie, la systématique, la morphologie végétale, l’histologie végétale, la physiologie végétale, la biogéographie végétale et la pathologie végétale. Il y a aussi d’autres disciplines plus spécialisées comme la dendrologie (du grec dendron signifiant « arbre » et logos signifiant « discours, science », c’est la science de reconnaissance et de classification des arbres, et plus généralement la science des végétaux ligneux) et plus spécialisée encore, la dendrochronologie (méthode de datation basée sur l’étude et la mesure des cernes de croissance annuelle de l’arbre). Ce sont aussi, pour terminer cette liste non exhaustive, les domaines de la botanique se rapportant aux connaissances précises et détaillées des végétaux. Des domaines trouvant leurs applications en pharmacologie, dans la sélection et l’amélioration des plantes cultivées, en agriculture, en horticulture, et en sylviculture. Tous ces métiers relatifs aux sciences botaniques sont exercés par des scientifiques (ill. 1 et 4) qui œuvrent à leurs recherches, animés par la passion des végétaux. Passion partagée par d’autres chercheurs et praticiens que sont les dessinateurs scientifiques (ill. 2), les fleuristes (ill. 3) et les peintres (ill. 3), prenant pour matériaux et modèles le végétal.

Ci-dessus, de haut en bas et de gauche à droite. (ill. 1) Patricia Salmón (1962) ; (ill. 2) Joseph de Jussieu (1704-1779) ; (ill. 3) Pierre-Joseph Redouté (1759-1840) ; (ill. 4) Adrien de Jussieu (1797-1853).

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MICHEL QUAREZ, DU NOIR A LA POLYCHROMIE

par Christophe Comentale, coordination éditoriale Alain Cardenas-Castro

Peintre, dessinateur et affichiste, Michel Quarez (Damas, 1938 – Saint-Denis, 2021) reçoit une formation à l’École des Beaux-Arts de Bordeaux puis obtient son diplôme de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs. En 1961, il complète sa formation auprès de l’affichiste Henryk Tomaszewski (Varsovie, 1914-2005) qui l’accueille dans son atelier aux Beaux-arts de Varsovie jusqu’en 1962. De retour en France, Quarez devient directeur artistique à l’agence SNIP, l’agence de publicité de Prouvost, Lainières de Roubaix, de 1964 à 1966. Ses œuvres sont désormais dans différents fonds institutionnels et privés.


Ci-dessus, de gauche à droite. Portrait mi-corps de Michel Quarez, coll. Rachid Senouci ; Michel Quarez, Autoportrait, palette graphique (ca 1983-1990).


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DE LA DIVERSITE DES CREATIONS D’ANATOLE RIECKE, MAITRE VERRIER

关于阿纳托尔·里克玻璃大师创作的多样性

par Christophe Comentale et Alain Cardenas-Castro

 阿纳托尔·里克 (Anatole Riecke) 是一位玻璃大师,他在 30 年代为位于蒙帕纳斯区的著名巴黎小酒馆 La Coupole 制作了大量作品,从而(重新)发现了他的作品,这表明品味的波动是多么难以控制 – 幸运的是 – 难以控制。

La (re)découverte de la création d’Anatole Riecke maître verrier qui s’est notamment illustré en exécutant dans les années 30 un important nombre de pièces pour la brasserie parisienne de La Coupole, établissement sis dans le quartier Montparnasse, montre combien les fluctuations du goût sont heureusement – peu maîtrisables. Cette redécouverte progressive permet de voir dans ce domaine si complexe, une autre forme artistique qui vient en symétrie esthétique à la forte présence des pâtes de verre dues aux ateliers Gallé et à ses contemporains

Dans une précédente livraison (ANATOLE RIECKE, redécouverte de l’œuvre d’un paysagiste verrier), nous avons abordé un pan particulier de l’œuvre d’Anatole Riecke, un ensemble d’œuvres qui oscille entre des pièces d’apparat aux dimensions imposantes dans le contexte d’un lieu de réception et des réalisations plus quotidiennes puisque l’ensemble de pièces parvenues jusqu’à nous est révélateur d’une époque particulière. Comme l’explique Bernard Sanchez, amateur et marchand avisé de verrerie de création, « j’ai pu découvrir des pièces en grand nombre, comme oubliées des amateurs. Je constate que cette désaffection est maintenant un mauvais souvenir ». Imposantes ou complémentaires à un mobilier circonstancié, ces pièces souvent d’influences conjuguées conjuguent le fait de mettre en valeur les jeux des transparences que ce matériau permet entre les jeux d’une monochromie savante et des tonalités nées des halos polychromes qui parsèment certaines œuvres.

(ill. 1)
(ill. 2)

Ci-dessus. (ill. 1 et 2) Vase bleu à section carré, coins arrondis. H. 11,5 cm  /  larg. max. 12 cm  /  larg. base 10 cm. Signé et daté sur la face, gravée [A. Riecke, 24. 7. 59]


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