par Alain Cardenas-Castro, coordination éditoriale Christophe Comentale
Les objets du quotidien, lorsqu’ils sont sublimés, c’est-à-dire lorsqu’ils passent d’une forme simple, utilitaire pour se parer d’éléments où une symbolique, une esthétique sous-jacente en compliquent le regard, ces objets utilitaires s’entourent alors d’un mystère induit par la couche d’oubli qui s’empare des formes et des matières. Il semble en être de même de cette salière en émail née des jardins mythiques d’Arcadie…
(ill. 1 à 5) Coupelle, fin 18e s., peinture sur émail, 2,5 cm x 7 cm
Des Vénus paléolithiques au 20e siècle, voire aux premières décennies du 21e siècle, le thème de la femme, sublimée ou mystifiée, sacralisée ou dévoyée, a beaucoup sollicité l’inspiration et l’imaginaire des artistes. Les différentes périodes historiques ont, selon des approches et des codes différents, tout autant traité de la beauté et du corps de la femme. La découverte récente d’un lot d’une dizaine de dessins de Robert Braud relance l’actualité de ces descriptions raffinées ou sensuelles, si fréquentes, des années 30 aux années 50, en France et dans tant d’états voisins ou lointains.
(ill. 1)(ill. 2)
Ci-dessus. (ill. 1) Robert Braud. Nu au palmier, couleurs en lavis, 24 x 32 cm ; (ill. 2) Robert Braud. Nu au parasol, couleurs en lavis, 24 x 32 cm
Karen Arbulú (1957, Lima) a reçu en don une habileté non seulement manuelle, mais aussi celui, plus mouvant de l’art de conter une histoire impossible : elle sait tirer parti d’une histoire et d’une culture qui se rejoignent à travers des pièces d’une orfèvrerie unique, celle de ses racines et de la culture péruvienne qui allie, au fil des siècles, tradition et rituels, nature et imposante civilisation.
Face à un tel poids du passé, il semble peu évident de se libérer de modèles devenus parfois pesants, sauf si l’on sait les sublimer. Portrait d’une orfèvre du 21e siècle
Ci-dessus, de gauche à droite. (ill. 1) Karen Arbulù, Collar Plumas, cuivre et bronze oxydés ; (ill. 2) Alain Cardenas-Castro, fiche technique manuscrite
Afin de mettre à l’honneur les femmes de lettres péruviennes qui se sont illustrées au XXe s., il convient de souligner l’heureuse initiative du Centre culturel Inca Garcilaso[1], qui, à Lima, rend hommage à Maria Wiesse (1894-1964). Cette écrivaine a laissé un œuvre considérable. Parmi ses écrits principaux, on peut citer entre autres : « La hermana mayor y El modistón » (1918), « Motivos líricos : Maderas de José Sabogal » (1924), « Canciones » (1934), « Quipus : Relatos peruanos para niños » (1936), « Aves nocturnas (cuentos) » (1941), « Viaje al país de la música » (1943), « El niño, ese desconocido » (1949), « El pez de oro y otras historietas absurdas » (1958).
(ill. 1) Affiche de l’exposition María Wiesse, Figura inagotable, Centre culturel Inca Garcilaso, Lima, Pérou.
La découverte récente sur le marché de l’art d’une série de cinq œuvres de Zhang Hua sur le thème du poisson chez un artiste connu pour ses représentations de personnages d’une part et de l’autre pour une impressionnante production d’œuvres polychromes abstraites nées de l’observation des mutations urbaines durant le séjour new-yorkais amène à réfléchir sur la place de ce dragon d’eau dans la culture et dans l’œuvre d’un peintre non conformiste.
Ci-dessus, de gauche à droite. Zhang Hua, Poissons, huile sur toile, 64 x 28 cm ; Zhang Hua, Poissons, huile sur toile, 55 x 30,5 cmContinuer la lecture →
Jean Cocteau and his friends as foreign artists, from Dominique Dalozo to Zhang Hua. A few remarks
par Christophe Comentale
Parmi ses multiples relations dans le milieu culturel, outre les présences de Tsugaru Fujita et Kees Van Dongen, au moins trois autres amis étrangers ont fréquenté Jean Cocteau entre Paris et Menton.
ZHANG Hua, Hommage Jean Cocteau (1963), détail d’une huile sur toile, 50 x 65 cm , 1963 (collection privée)
La broderie est — lit-on dans les encyclopédies, dictionnaires, manuels et livres pratiques décrivant les techniques sous-jacentes à ce savoir-faire — un art de décoration des tissus : motifs plats ou en relief faits de fils simples, matériaux tels que paillettes, perles, voire pierres précieuses, les enrichissent. Différents points exécutés avec des fils de lin, coton, soie ou laine donnent vie aux broderies que l’on retrouve par exemple sur des vêtements, des accessoires, des mouchoirs, du linge de maison, des ensembles liturgiques (nappe d’autel, voile de calice, pavillon de ciboire etc.) ou des éléments de décoration intérieure. Si Dominique Orozco déploie son talent de brodeuse d’art depuis plusieurs décennies, ce sont les feuilles de gingko [銀杏] qui l’ont inspirée dès la première vision du tapis doré qu’elles forment, chaque automne. Amoureuse de cet « abricot argenté », « fossile vivant », première espèce d’arbre à repousser après la bombe atomique d’Hiroshima, elle observe le moindre détail de ses feuilles, leur matière, leurs formes variées. Par la vertu d’un regard que le métier a affûté, elle consacre de très longues heures à la création d’œuvres uniques.
(ill. 1) Dominique Orozco, jardin du Luxembourg, Paris, nov. 2024
La dispersion récente d’un fonds d’œuvres de deux artistes apparentées au courant si ramifié et paradoxal du surréalisme, Yvonne Bilis Régnier et Dominique Irma Dalozo, disparues en 2017, ne cesse de réserver des surprises tant au niveau des techniques employées que des thèmes traités pour des supports divers. Papier, carton, toile, panneau de bois, de dimensions modestes ou imposantes restituent progressivement les étapes qui jalonnent les processus d’une création surprenante allant de la représentation de créatures angéliques à celle d’êtres quelque peu inquiétants.
Tradition et structuration de l’imaginaire
Dessin, crayon, huile, technique mixte, les œuvres sont, le plus souvent, signées ou monogrammées, parfois seulement datées, au recto ou au verso : c’est aussi au verso que l’on trouve parfois des citations et dédicaces diverses, écrites dans une langue poétique et littéraire.
Ainsi en va-t-il de cette huile sur panneau :
« Et l’aube tarde à venir,
Nous l’attendons, tous ensemble.
Elle finira par illuminer le monde ».
(ill. 1) Dominique Irma Dalozo, Etude de personnage médiéval, juin 1957, mine de plomb, 20,8 x 13,5 cm
L’art floral est le résultat, la conclusion d’un processus individuel devenu la mise en scène présentée, à priori, au tout-venant, en fait à des catégories aussi diverses que sont le s spectateurs ou les acteurs, ceux qui vont redonner une approche autre à ces éléments d’une « nature » métamorphosée en une donnée autre, une approche qui peut vaincre le temps, lui-même limité à la durée de vie de cet art de l’éphémère.
Si l’on s’attarde sur les définitions…
Si l’on s’attarde sur les définitions du mot botanique, on peut constater une hiérarchie dans les différents domaines s’y rapportant, en commençant par la science qui a pour objet l’étude des végétaux, en fait, la botanique générale. On distingue ensuite, des sous domaines qui s’y rattachent tels que la taxonomie, la systématique, la morphologie végétale, l’histologie végétale, la physiologie végétale, la biogéographie végétale et la pathologie végétale. Il y a aussi d’autres disciplines plus spécialisées comme la dendrologie (du grec dendron signifiant « arbre » et logos signifiant « discours, science », c’est la science de reconnaissance et de classification des arbres, et plus généralement la science des végétaux ligneux) et plus spécialisée encore, la dendrochronologie (méthode de datation basée sur l’étude et la mesure des cernes de croissance annuelle de l’arbre). Ce sont aussi, pour terminer cette liste non exhaustive, les domaines de la botanique se rapportant aux connaissances précises et détaillées des végétaux. Des domaines trouvant leurs applications en pharmacologie, dans la sélection et l’amélioration des plantes cultivées, en agriculture, en horticulture, et en sylviculture. Tous ces métiers relatifs aux sciences botaniques sont exercés par des scientifiques (ill. 1 et 4) qui œuvrent à leurs recherches, animés par la passion des végétaux. Passion partagée par d’autres chercheurs et praticiens que sont les dessinateurs scientifiques (ill. 2), les fleuristes (ill. 3) et les peintres (ill. 3), prenant pour matériaux et modèles le végétal.
Ci-dessus, de haut en bas et de gauche à droite. (ill. 1) Patricia Salmón (1962) ; (ill. 2) Joseph de Jussieu (1704-1779) ; (ill. 3) Pierre-Joseph Redouté (1759-1840) ; (ill. 4) Adrien de Jussieu (1797-1853).