La dispersion récente d’un fonds d’œuvres de deux artistes apparentées au courant si ramifié et paradoxal du surréalisme, Yvonne Bilis Régnier et Dominique Irma Dalozo, disparues en 2017, ne cesse de réserver des surprises tant au niveau des techniques employées que des thèmes traités pour des supports divers. Papier, carton, toile, panneau de bois, de dimensions modestes ou imposantes restituent progressivement les étapes qui jalonnent les processus d’une création surprenante allant de la représentation de créatures angéliques à celle d’êtres quelque peu inquiétants.
Tradition et structuration de l’imaginaire
Dessin, crayon, huile, technique mixte, les œuvres sont, le plus souvent, signées ou monogrammées, parfois seulement datées, au recto ou au verso : c’est aussi au verso que l’on trouve parfois des citations et dédicaces diverses, écrites dans une langue poétique et littéraire.
Ainsi en va-t-il de cette huile sur panneau :
« Et l’aube tarde à venir,
Nous l’attendons, tous ensemble.
Elle finira par illuminer le monde ».
(ill. 1) Dominique Irma Dalozo, Etude de personnage médiéval, juin 1957, mine de plomb, 20,8 x 13,5 cm
L’art floral est le résultat, la conclusion d’un processus individuel devenu la mise en scène présentée, à priori, au tout-venant, en fait à des catégories aussi diverses que sont le s spectateurs ou les acteurs, ceux qui vont redonner une approche autre à ces éléments d’une « nature » métamorphosée en une donnée autre, une approche qui peut vaincre le temps, lui-même limité à la durée de vie de cet art de l’éphémère.
Si l’on s’attarde sur les définitions…
Si l’on s’attarde sur les définitions du mot botanique, on peut constater une hiérarchie dans les différents domaines s’y rapportant, en commençant par la science qui a pour objet l’étude des végétaux, en fait, la botanique générale. On distingue ensuite, des sous domaines qui s’y rattachent tels que la taxonomie, la systématique, la morphologie végétale, l’histologie végétale, la physiologie végétale, la biogéographie végétale et la pathologie végétale. Il y a aussi d’autres disciplines plus spécialisées comme la dendrologie (du grec dendron signifiant « arbre » et logos signifiant « discours, science », c’est la science de reconnaissance et de classification des arbres, et plus généralement la science des végétaux ligneux) et plus spécialisée encore, la dendrochronologie (méthode de datation basée sur l’étude et la mesure des cernes de croissance annuelle de l’arbre). Ce sont aussi, pour terminer cette liste non exhaustive, les domaines de la botanique se rapportant aux connaissances précises et détaillées des végétaux. Des domaines trouvant leurs applications en pharmacologie, dans la sélection et l’amélioration des plantes cultivées, en agriculture, en horticulture, et en sylviculture. Tous ces métiers relatifs aux sciences botaniques sont exercés par des scientifiques (ill. 1 et 4) qui œuvrent à leurs recherches, animés par la passion des végétaux. Passion partagée par d’autres chercheurs et praticiens que sont les dessinateurs scientifiques (ill. 2), les fleuristes (ill. 3) et les peintres (ill. 3), prenant pour matériaux et modèles le végétal.
Ci-dessus, de haut en bas et de gauche à droite. (ill. 1) Patricia Salmón (1962) ; (ill. 2) Joseph de Jussieu (1704-1779) ; (ill. 3) Pierre-Joseph Redouté (1759-1840) ; (ill. 4) Adrien de Jussieu (1797-1853).
Réflexions à propos d’une sélection de fleurs Est-Ouest en et hors bouquet, peintes principalement depuis une centaine d’années et de quelques exemples antérieurs.
Le sujet n’est pas vraiment nouveau, mon propos non plus. Végétaux et fleurs sont attestés depuis la nuit des temps. Les périodes mises en présence ont bénéficié d’un découpage scientifique rassurant et international avant la lettre. Laboratoires de recherches et musées naturalistes (ill.1) conservent des specimen tout à fait éclairants sur cette richesse naturelle. De même, lors d’expositions thématiques, les musées d’art et de culture (beaux-arts, arts appliqués, …) centres culturels et fondations diverses n’hésitent pas à présenter des planches botaniques. D’abord utilisées comme documents d’études, elles ont ensuite acquis le charme que la patine du temps confère aux choses devenues un matériel historique. Les mêmes musées d’art et de culture présentent à l’aide de pièces exécutées en matériaux autres Les observations ont, au fil du temps, généré des collections parfois invraisemblables en raison de la passion des uns et des autres à rassembler, ordonner et conserver des pièces qui, pour des raisons diverses, leur semblaient fondamentales au savoir de l’homme. Fortuitement, heureusement, peut-être, des données plus irrationnelles sont venues complexifier ce qui aurait pu être un développement rigoureux des choses. Religion et politique ont suscité des pratiques rituelles diverses, mettant au jour des collections de personnages influents pour une raison ou une autre – la raison du plus fort – lesquels ont, pris de crainte, de remords ou de passion idéalisante, voulu laisser sur terre le fruit de leurs rapines et collectes avant de trépasser… Ces propos lapidaires ne sauraient ternir l’éclat de ces trésors ainsi légués à la postérité, somme toute une sorte de contrepoint au divertissement pascalien.
(ill. 1) Fleurs déposées dans une sépulture de Néandertalien, Paléolithique moyen, 60 – 45000, Irak, Musée de l’Homme.
par Christophe Comentale, coordination éditoriale Alain Cardenas-Castro
Peintre, dessinateur et affichiste, Michel Quarez (Damas, 1938 – Saint-Denis, 2021) reçoit une formation à l’École des Beaux-Arts de Bordeaux puis obtient son diplôme de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs. En 1961, il complète sa formation auprès de l’affichiste Henryk Tomaszewski (Varsovie, 1914-2005) qui l’accueille dans son atelier aux Beaux-arts de Varsovie jusqu’en 1962. De retour en France, Quarez devient directeur artistique à l’agence SNIP, l’agence de publicité de Prouvost, Lainières de Roubaix, de 1964 à 1966. Ses œuvres sont désormais dans différents fonds institutionnels et privés.
Ci-dessus, de gauche à droite. Portrait mi-corps de Michel Quarez, coll. Rachid Senouci ; Michel Quarez, Autoportrait, palette graphique (ca 1983-1990).
Remis au goût du jour depuis peu d’années après une veille documentaire plus large, Zhang Hua, peintre chinois prolifique et très original dans sa trajectoire esthétique, ne cesse de faire l’objet de découvertes qui mettent en ébullition le monde du marché de l’art et des collectionneurs. Les musées outre-Manche sont également intéressés par ce génie qui dérange la classification devenue vétuste qui réussit, l’espace de quelques années, de faire un état des artistes chinois venus en France pendant le 20e siècle, de Fang Junbi (1888-1986) à Zhao Wuji [Zao Wuki] (1920-2013).
Ci-dessus, de gauche à droite. Zhang Hua, Homme nu au ballon (ca 1950), crayon de couleur et rehauts de blanc sur calque, 39 x 26 cm ; Zhang Hua, Femme au chapeau à fleurs [détail] (ca 1950), huile sur panneau (instrument à cordes)
Feng Zikai, Du noir à la couleur, textes de Christophe Comentale et Yin Wenying ; préf. de Nicolas Idier, postface de Feng Nanying et Feng Yiqing. Bordeaux : Le chantier, 2024. 185 p. : 150 ill.
La carrière menée avec dynamisme depuis quelque quarante ans entre création personnelle et patrimoine culturel ou social, n’a nullement empêché Alain Cardenas-Castro d’aller au fil de ses idées, de ses obsessions polychromes et graphiques. Quelques jalons dans un parcours en entrelacs.
(ill. 1) Alain Cardenas-Castro. Musée de l’Homme in situ(2013), acrylique et encre de Chine, 50 m2, Musée de l’Homme, Paris.
La (re)découverte de la création d’Anatole Riecke maître verrier qui s’est notamment illustré en exécutant dans les années 30 un important nombre de pièces pour la brasserie parisienne de La Coupole, établissement sis dans le quartier Montparnasse, montre combien les fluctuations du goût sont heureusement – peu maîtrisables. Cette redécouverte progressive permet de voir dans ce domaine si complexe, une autre forme artistique qui vient en symétrie esthétique à la forte présence des pâtes de verre dues aux ateliers Gallé et à ses contemporains
Dans une précédente livraison (ANATOLE RIECKE, redécouverte de l’œuvre d’un paysagiste verrier), nous avons abordé un pan particulier de l’œuvre d’Anatole Riecke, un ensemble d’œuvres qui oscille entre des pièces d’apparat aux dimensions imposantes dans le contexte d’un lieu de réception et des réalisations plus quotidiennes puisque l’ensemble de pièces parvenues jusqu’à nous est révélateur d’une époque particulière. Comme l’explique Bernard Sanchez, amateur et marchand avisé de verrerie de création, « j’ai pu découvrir des pièces en grand nombre, comme oubliées des amateurs. Je constate que cette désaffection est maintenant un mauvais souvenir ». Imposantes ou complémentaires à un mobilier circonstancié, ces pièces souvent d’influences conjuguées conjuguent le fait de mettre en valeur les jeux des transparences que ce matériau permet entre les jeux d’une monochromie savante et des tonalités nées des halos polychromes qui parsèment certaines œuvres.
(ill. 1)
(ill. 2)
Ci-dessus. (ill. 1 et 2) Vase bleu à section carré, coins arrondis. H. 11,5 cm / larg. max. 12 cm / larg. base 10 cm. Signé et daté sur la face, gravée [A. Riecke, 24. 7. 59]