par Alain Cardenas-Castro
La Maison de l’Amérique latine, à Paris, est un espace culturel qui a été fondé en 1946 à l’initiative du ministère français des Affaires étrangères. Sise à Paris, au 217 boulevard Saint-Germain, cette institution est destinée aux échanges culturels, économiques et diplomatiques entre la France et les pays d’Amérique latine, quelle que soit leur tendance politique. Avant 1965, la Maison de l’Amérique latine était située au 96 avenue d’Iéna, non loin de la Place de l’Etoile. En 1956, le peintre péruvien Juan Manuel Cardenas-Castro y présente ses peintures lors d’une exposition monographique intitulée » Juan-Cardenas-Castro-Kanchacc »…
La Maison de l’Amérique latine
Je rappellerai ici les origines de cette institution dont le point de départ est la volonté du gouvernement français — conscient du développement considérable pris par l’Amérique latine dans le monde après la guerre de 1940 — de chercher le moyen d’organiser des rapports plus suivis et plus amicaux entre le ministère des Affaires étrangères, les personnalités françaises intéressées par l’Amérique latine et les représentants en France des nations latino-américaines. Effectivement, c’est Monsieur Etienne Dennery (1903-1979), directeur des affaires d’Amérique au ministère des Affaires étrangères, qui prend l’initiative de réunir dans son cabinet, en 1946, quelques personnes connu pour leur attachement à l’Amérique latine ou leurs connaissances particulières de ses problèmes : M. Luiz Martins de Souza Dantas (1876-1954), ancien ambassadeur du Brésil ; M. Luiz Ulmann, son secrétaire ; Paul Rivet (1876-1958), le fondateur du Musée de l’Homme ; le professeur Raymond Ronze (1887-1966), spécialiste des civilisations de l’Amérique latine ; M. Robert de Billy (1894-1991), connaisseur et amateur de l’Amérique latine. Parmi ces personnalités, Luiz Ulmann, décide de modifier les statuts d’une association créée en 1944 — ayant pour objet la réunion des Brésiliens à Paris et l’accueil des membres du corps expéditionnaire militaire brésilien en France — pour l’étendre à tous les Latino-Américains. De cette façon, le désir du gouvernement français et l’initiative franco-brésilienne de Luiz Ulmann ont constitués la base fondatrice de la Maison de l’Amérique latine. Plus d’une vingtaine d’années plus tard, en 1965, l’immeuble de l’avenue d’Iéna est mis en vente et l’association n’a pas les moyens de l’acquérir. C’est le soutien du Général de Gaulle qui permet à la Maison de l’Amérique latine de s’installer dans les deux hôtels particuliers des 217, bld Saint-Germain et 1, rue Saint-Dominique et de poursuivre ses objectifs (ill 1). Ainsi, au fil des années, la Maison de l’Amérique latine accompli sa mission en suivant l’évolution générale des politiques française et latino-américaine avec une intense activité permettant les échanges et les rencontres, rencontres le plus souvent culturelles…
Des titres donnés aux œuvres et du pseudonyme Kanchacc
En 1956, Juan Manuel Cardenas-Castro expose ses peintures à la Maison de l’Amérique latine. Il présente 10 huiles et 5 gouaches, suivant une thématique indigéniste — annoncée de folklore péruvien comme indiqué sur le carton d’invitation au vernissage de l’exposition (ill. 2). Parmi les quinze peintures exposées, trois ont des titres singuliers. La première, Echanges entre Urubansinas et Yunca. P. C.[1] a déjà fait l’objet d’un article expliquant son intitulé énigmatique. Les deux autres, Cacharpari et Ccashua, nécessitent encore une traduction. Quant au titre de l’exposition, Juan-Cardenas-Castro-Kanchacc, il est à expliquer également, car même si plusieurs conférences ont été consacré à l’œuvre de Juan Manuel Cardenas-Castro — la dernière en date s’est tenue à la Maison de l’Amérique latine[2] —, le pseudonyme Kanchacc, utilisé ici par Juan Manuel Cardenas-Castro n’a fait l’objet d’aucune étude.
° Les titres donnés aux œuvres
Juan Manuel Cardenas-Castro a utilisé le quechua pour nommer les deux œuvres de l’exposition aux titres énigmatiques Cacharpari et Ccashua. Pour les traductions[3], tout en suivant la numérotation proposée sur la liste des œuvres (ill. 3), elles se déclinent ainsi :
N° 2 Cacharpari : ou kacharpari, adieu ou départ en général accompagné de frénésie.
N° 5 Ccashua : ou kachwa, danse au cours de laquelle les danseurs se tiennent par la main.
°° Le pseudonyme Kanchacc
Kanchacc est le pseudonyme pris par Juan Manuel Cardenas-Castro au cours des années 1950, pseudonyme qu’il a utilisé comme signature (ill. 4) sur plusieurs de ses œuvres exposées à la Maison de l’Amérique latine en 1956. Kanchac ou Kancchacc, est une poétesse péruvienne du XVe siècle. Selon l’historien voyageur Ferdinand Denis (1798-1890), elle a composé en quechua une poésie sur son amour pour l’empereur inca Yahuar Huacac[4]. Ses poésies sous la forme de yaravís (les chants d’amour quechua mélancoliques) étaient naguère encore répétées dans les montagnes. Ce que l’on sait des amours de Kanchacc et du dédaigneux Yahuar par la tradition c’est que la belle Kanchacc emportée par sa passion, décida de mettre fin à ses maux d’amour en allant se précipiter dans le Colqui-Cocha, le lac d’argent.
A partir de là, on peut se demander pourquoi Juan Manuel décide de prendre le nom de cette poétesse pour l’inclure à son propre nom. Auparavant, rappelons que le nom de famille de Juan Manuel, orthographié [Cardenas-Castro], avec un trait d’union et sans accent tonique sur le a de [Cárdenas], est la version française de son nom orthographié en espagnol avec un accent tonique et sans trait d’union [Cárdenas Castro] qui s’obtient comme il se doit initialement à partir des deux noms de famille des parents. En l’occurrence, pour Juan Manuel, ceux de son père et de sa mère, Manuel Cárdenas et Maria Castro. Finalement, c’est son nom francisé [Cardenas-Castro] qui a été enregistré par les services administratifs à son arrivée en France en 1920.
Ceci dit, en ajoutant à son nom francisé [Cardenas-Castro] le nom de la poétesse [Kanchacc], Juan Manuel affirme — lors de son exposition dans ce lieu symbolique d’échanges entre la France et les pays latino-américains — une volonté de rappeler ses origines. Il utilise le même procédé administratif, un signe typographique, le trait d’union, pour continuer cette transformation. On remarque sur le carton d’invitation (ill. 4) que le trait d’union, comme s’il avait été déplacé, n’est plus entre les deux noms de famille [Cardenas Castro], il se retrouve après le nom de la poétesse [Kanchacc -].
« Selon les époques, les lieux, les cultures, ces notions de caractéristiques, d’identité, voire d’individu, varient […] la signature, si elle caractérise le signataire, révèle également une certaine conception sociale de l’identité de l’individu »[5]
En d’autres temps et en d’autres lieux, on a l’exemple d’un autre artiste qui rend hommage à la poésie et à la féminité : le plasticien camerounais Pascale Marthine Tayou[6] (1966) ajoute un [e] à ses deux prénoms pour créer son nom d’artiste, ajoutant une distance, non sans ironie, à l’importance donnée à la paternité artistique.
Ci-dessus.(ill. 2) liste des œuvres ; (ill. 4) carton d’invitation au vernissage. Texte : Monsieur Juan Cardenas Castro – Kanchacc – vous prie de bien vouloir honore de votre présence le vernissage de ses Peintures et Gouaches de folklore Péruvien, le Vendredi 13 avril à 17h., sous le haut patronage de S. E. Monsieur le Général Luis A. Solari, Ambassadeur du Pérou. (ill. 3) signature Kanchacc.
Le livre d’or de l’exposition
L’histoire de l’art au travers des œuvres produites nous montre la grande diversité des signatures et ses multiples usages. On peut se demander alors, si les livres d’or utilisés en tant qu’objet documentaire lors des expositions, dans les galeries d’art, les musées et à l’occasion d’autres événements mémorables, ne sont pas, eux aussi, d’une certaine manière, des objets d’art…
Au sein du fonds documentaire des archives Cardenas-Castro, plusieurs éléments se rapportent à l’exposition Juan-Cardenas-Castro-Kanchacc. Outre la liste des œuvres annotée par l’artiste (ill. 2) — qui a permis de retrouver les titres de quelques unes des pièces exposées ainsi que le nom des collectionneurs qui ont réglé leurs achats, telles Mlle Doize ([R-L Doize] n°16 de la liste des signataires du livre d’or, pour la gouache n°1 intitulée Fileuse) et Allègre ([D. Allègre] n°2 de la même liste, pour la gouache n°4 intitulée Danseur) ou pour d’autres qui les ont réservé, telle Clarac ([Clarac] n°12 de la liste des signataires du livre d’or, pour la gouache n°2 intitulée Danseuse) et Anna (pour la gouache n°5 intitulée Enfant) — il y a les courriers venant en réponse à l’invitation au vernissage (ill. 5 et 6) qui permettent de confirmer, voire de compléter la liste des invités et de préciser les horaires de l’événement. S’y ajoute deux photographies des époux Cardenas-Castro, Thérèse et Juan Manuel, prisent très probablement lors du vernissage (ill. 7) et le livre d’or (ill. 8 à 14), une pièce importante parmi les existants relatifs à l’exposition. Il donne des informations sur les participants à l’événement.
Le livre d’or de l’exposition Juan-Cardenas-Castro-Kanchacc est un carnet à dessin de la marque déposée « La reliure spirale ». Ce modèle Esquisse n° 1676, de format 27 x 21 cm, comporte 63 feuilles. Il contient 76 signatures manuscrites apposées par les visiteurs sur cinq des pages de ce carnet à couverture cartonnée (ill. 8). Les signatures sont parfois difficilement lisibles et peu d’entre elles sont accompagnées de commentaires. A partir de cet ensemble de signatures, j’ai pu identifier les noms de diverses personnalités ; d’anciens collègues et d’amis de Juan Manuel, parmi eux des personnels du musée de l’Homme dont fait partie alors son épouse Thérèse. Les autres signatures n’ont pu être identifiées.
Ci-dessus. (ill. 5 et 6) Courrier (enveloppe et lettre) de l’ambassade d’Australie en réponse à l’invitation au vernissage de l’exposition Juan-Cardenas-Castro-Kanchacc.
Ci-dessus. (ill. 8 à 14) La couverture, la page de titre et les 5 pages du livre d’or de l’exposition Juan-Cardenas-Castro-Kanchacc.
Je délivre ci-après le nom des signataires dans un ordre choisi, celui de leur apparition aléatoire au fil des cinq pages du livre d’or. Les signatures présentées entre crochets carrés sont retranscrites au plus près de l’existant et accompagnées d’une notice biographique s’il y a lieu. Pour distinguer les degrés de lisibilité et d’identification de ces signatures manuscrites, un point d’interrogation a été utilisé de trois façons : premièrement, pour remplacer les signatures illisibles à l’intérieur des crochets carrés : [?]. Deuxièmement, il a été ajouté à l’intérieur des crochets carrés aux signatures qui ont été décryptées de manière partielle et/ou hypothétique : [Ramires Bergès ?]. Troisièmement à l’extérieur des crochets carrés pour les signatures décryptées mais qui n’ont pu être identifiées [MMichel 19 rue Norvins 18e] ?.
- [HKelley] : Patrick Harper Kelley (1896-1962) est un préhistorien. Il a été chargé du département de Préhistoire exotique au musée d’Ethnographie du Trocadéro et a travaillé avec Henri Breuil sur la mise en place de la salle de préhistoire exotique inaugurée en 1933 et avec Henri Lhote sur les pièces acheuléennes ramenées de sa mission au Tassili en 1934-35 (Lhote Henri, Kelley Harper. Les collections africaines du département de préhistoire exotique du Musée d’ethnographie du Trocadéro. In: Journal de la Société des Africanistes, 1936, tome 6, fascicule 2. pp. 217-226). Par ailleurs, dans le fonds documentaire de l’atelier de la rue Vineuse, j’ai retrouvé une carte de vœux dédicacée par Harper Kelley à l’attention de Juan Manuel Cardenas-Castro. Archives Cardenas-Castro, n° inv. : AAJMCC.2.1. [093].
- [D. Allègre] : on retrouve la signature de Denise Allègre au verso d’une photographie (ill 15 et 16) conservée à la bibliothèque centrale du Muséum national d’Histoire naturelle. Elle a été prise lors de la fête du personnel qui s’est tenue au musée de l’Homme le vendredi 12 octobre 1945. Denise Allègre est une bibliothécaire, élève à l’école de bibliothécaires de la rue de l’Élysée, à Paris, comme Yvonne Oddon qu’elle remplace à la tête de la bibliothèque du Musée de l’Homme en 1942 suite à son arrestation en tant que participante au réseau de résistance du Musée de l’Homme dont elle fait partie elle aussi. » L’Histoire a également retenu, en raison de leur personnalité marquante et de leur engagement dans la Résistance au sein du réseau du Musée de l’Homme, les noms des bibliothécaires Yvonne Oddon et Denise Allègre, ainsi que celui de la secrétaire Jacqueline Bordelet. » (voir en bibliographie Marianne Lemaire, « La chambre à soi de l’ethnologue). La mention [Allègre. Réglé] ajoutée au crayon sur la liste des œuvres (ill. 2) de l’exposition (celle annotée parmi les 3 listes existantes au sein des archives Cardenas-Castro) est certainement le témoignage de l’achat de la gouache n° 2 intitulée Danseuse.
- [Emile Gallois] : Émile Gallois (1882, Ligny en Barrois – 1965, Clichy la Garenne) est un peintre, dessinateur, illustrateur et décorateur. Il est apparenté au mouvement du Néo-impressionnisme et considéré comme un « spécialiste de l’histoire du costume ». Né dans une petite ville du département de la Meuse en région Lorraine, il montre un talent qui le fait participer à différentes expositions, notamment le Salon de Nancy (1920). Il expose régulièrement au Salon des Indépendants. Gallois expose à maintes reprises ses paysages méditerranéens et de Nouvelle-Aquitaine, ses vues urbaines et ses cathédrales à Paris et à l’étranger. Il est « travailleur bénévole au Musée d’Ethnographie du Trocadéro entre les années 1931 et 1936 ». Il y rencontre Juan Manuel Cardenas-Castro avec lequel il collabore au début des années 1930 à un ouvrage intitulé Au Pérou qui restera à l’état de projet (voir l’article en bibliographie Des Costumes espagnols d’Émile Gallois aux gouaches indigénistes de Juan Manuel Cardenas-Castro. L’histoire d’un album inachevé). On retrouve également sa signature sur le verso de la photographie (ill. 15 et 16) prise lors de la fête du personnel, le 12 octobre 1945.
- [Ramires Bergès ?]
- [Valentin] : Monsieur et Madame Gunter Valentin étaient des amis de Juan Manuel et Thérèse Cardenas-Castro. Une carte de visite envoyée à l’occasion d’une nouvelle année témoigne de ces liens amicaux. Leur adresse postale est indiquée au 2 rue de Clamart, Boulogne (Seine).
- [G. Valentin] : voir le n° 5.
- [M de lestours de Brèz ?]
- [Jean Bébail ?]
- [Marina Frey ?]
- [Gid. ?]
- [Federico Diez] : il est probable que ce soit Federico Díez de Medina Lertora (La Paz, Bolivie, 1882-1962), un archéologue et militaire bolivien. Après des études au collège militaire de La Paz et à celui de Buenos Aires (1906), il accède au grade de colonel (1925). Directeur de l’École de guerre (1924-1925) et recteur d’autres institutions militaires. À partir de 1907, il se consacre à la collecte et à la conservation de pièces archéologiques, en particulier celles de Tiwanaku. Il a recueilli environ 40 000 pièces anciennes. Il a été membre de la Société géographique de La Paz, fondateur et président de la Société archéologique de Bolivie (1930), ainsi que membre d’autres entités similaires à l’étranger.
- [Clarac] : Charlotte Bourse-Clarac est entrée au Musée de l’Homme en tant que chômeuse intellectuelle en 1950. Elle a assistée durant de longues années Françoise Girard (1914-2003) qui est entrée au Musée de l’Homme en 1941 sous le même statut et qui fut agente auxiliaire du Muséum du 1er octobre 1941 au 31 décembre 1943, puis employée aux écritures en 1944. Françoise Girard fut nommée assistante et chargée du Département Océanie en 1945. Elle y effectua un travail de classement et de documentation des collections important. Elle permit aussi la réfection des espaces d’exposition permanente et la création d’un centre de documentation sur l’Océanie (voir en bibliographie Archives du Laboratoire d’Ethnologie du Musée de l’Homme – Département Océanie, Muséum national d’Histoire naturelle, Bibliothèque centrale du Muséum.). On retrouve son nom et certainement le témoignage de la réservation ou de l’achat d’une gouache sur la liste des œuvres (ill. 2) de l’exposition (la seule qui a été annotée parmi les 3 listes existantes au sein des archives Cardenas-Castro). Effectivement, il est ajouté au crayon à côté de la gouache n° 2 intitulée Danseuse : [Mad. Clarac].
- [?]
- [M. Flornoy] : Bertrand Flornoy (1910 -1980), est un explorateur, ethnologue et archéologue français. Il entre en politique en 1959 et devient député gaulliste de 1962 à 1978. La Maison de l’Amérique latine décide de resserrer plus étroitement les liens avec les groupes parlementaires de la Chambre et du Sénat dont les présidents, M. Flornoy, député, et le comte Jean de Bagneux, sénateur, font partie en tant que vice-présidents de la MAL. Il en découle que toutes les missions parlementaires partant ou revenant d’Amérique latine soient reçues et réunies avec les ambassadeurs des pays visités. Flornoy est l’auteur de nombreux ouvrages dont Le livre des indiens illustré par Peynet. Par ailleurs, voir la lettre de B. Flornoy adressée à JMCC le 2 décembre 1962, Archives Cardenas-Castro n° inv. : AAJMCC.2.1.[162]
- [Gaston Joseph] : Il est fort probable que ce soit le propriétaire de l’immeuble de la rue Vineuse où se trouvait l’atelier de juan Manuel Cardenas-Castro.
- [R-L Doize] : René-Louise Doize (1901-?) est une préhistorienne belge qui a publié plusieurs articles dans le bulletin de la société préhistorique française à partir du début des années 1930. On retrouve son nom et certainement le témoignage de son achat d’une gouache sur la liste des œuvres (ill. 2) de l’exposition (la seule qui a été annotée parmi les 3 listes existantes au sein des archives Cardenas-Castro). Effectivement, il est ajouté au crayon à côté de la gouache n° 1 intitulée Fileuse : [Mlle Doize. Réglé].
- [HReichlen] : Henry Reichlen (1914-2000) est un anthropologue et linguiste suisse spécialiste de l’Amérique précolombienne. Il a été responsable du département Amérique du Musée de l’Homme et a réorganisé les collections péruviennes de 1940 à 1947. Henry Reichlen a été le parrain de Mario Cardenas-Castro (1940), le fils ainé de Juan Manuel et Thérèse Cardenas-Castro. Ce lien est révélateur des relations amicales existantes au sein des différents personnels du Musée d’Ethnographie du Trocadéro et du Musée de l’Homme.
- [« Le Monde latin » Antonio Fimasse ?]
- [Mardany ?]
- [MMichel 19 rue Norvins 18e] ?
- [Givelofredo Garcia Ruebio ?]
- [ODumant ?]
- [B. Champault] voir le n° 32
- [Gilberto Jochamovirtz] ?
- [P Rivet] Paul Rivet (1876-1958) est un médecin et anthropologue français. Il suit ses études supérieures à l’École du service de santé militaire de Lyon et obtient le grade de docteur en médecine en 1897. En 1901, il accompagne en tant que médecin la Mission géodésique française en Équateur. À son retour à Paris il est engagé comme assistant au muséum national d’histoire naturelle et publie ses notes de voyages sous le titre Ethnographie ancienne de l’Équateur. En 1926, Paul Rivet participe à la fondation de l’Institut d’ethnologie de l’université de Paris et en devient le secrétaire-général avec Marcel Mauss, puis l’un des premiers professeurs. En 1928, il succède à René Verneau à la direction du musée d’ethnographie du Trocadéro et entreprend de le réorganiser avec l’aide de Georges Henri Rivière. En 1937, le MET devient le musée de l’Homme. Paul Rivet a été aussi Président du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes, élu du Front populaire à Paris en 1935 et député de la Section française de l’internationale ouvrière (SFIO). Cet intellectuel engagé s’est opposé aux montées des idées fascistes et racistes des années 1930, ce qui l’oblige en 1941 à s’exiler en Colombie où il favorise le développement des études ethnologiques et contribue à la revalorisation de la place de l’Indien dans la nation. Par ailleurs, De nombreuses pièces documentaires des archives Cardenas-Castro témoignent des liens professionnels et amicaux entretenus depuis 1928, au musée d’Ethnographie du Trocadéro et par la suite au musée de l’Homme, entre Paul Rivet et Juan Manuel Cardenas-Castro.
- [?]
- [C Charloue ?]
- [A. Saenz ambassadeur de l’Uruguay] : Abelardo Saenz (1897-1975) est un médecin, biologiste et diplomate uruguayen qui a été président d’honneur de la Maison de l’Amérique latine. Diplômé d’Histoire au cours de ses études secondaires Saenz a été orienté vers des études de médecine par son professeur de sciences naturelles. Après ses études à la faculté de Médecine de Montevideo de 1916 à 1922, il effectue son voyage en Europe en 1927, et, en France il poursuit une carrière à l’Institut Pasteur jusqu’en 1941 assistant jusqu’à sa mort le professeur Calmette. Chef de service à l’Institut Pasteur à Paris et professeur à la faculté de médecine de Montevideo, en 1950, il est nommé Ambassadeur de l’Uruguay en France (voir Horacio Gutiérrez Blanco en bibliographie).
- [Robert ?]
- [Rivet ?]
- [Aurore Joly] ?
- [B. Champault] (voir n° 23) : Bernard Champault (?-1980) a été membre de la Société Préhistorique Française (S. P. F. ) depuis 1940, membre à vie depuis 1942, il a fait partie du Conseil de 1950 à 1953 ; Secrétaire général adjoint de 1951 à 1953, il a en 1951 fait fonction de Secrétaire général par intérim lors de la présidence de Guy Gaudron. Champault a commencé sa carrière comme enseignant dans le Loiret, d’où il était originaire, et s’est intéressé aux riches gisements de surface de la région située entre Châtillon-sur-Loire et le département du Cher, dont il présentait un choix de pièces à la séance de la S. P. F. du 26 Mars 1942. L’étude de ce matériel devait l’amener à entrer en rapport avec le Musée de l’Homme, et lui donner l’occasion de devenir, dans le cadre du C.N.R.S., alors tout jeune, un des premiers préhistoriens professionnels qui aient été recrutés en France. S’il fouilla en 1948 une très riche fosse appartenant au Néolithique danubien à Armeau dans l’Yonne (6 000 objets répertoriés), B. Champault a été surtout attiré par l’étude du Paléolithique. L’essentiel de son activité de terrain fut consacré à plusieurs missions sur les sites paléolithiques de Tabelbala- Tachenghit, dans les confins algéro-marocains, missions menées avec son épouse ethnologue, et chargée du département de Préhistoire du Musée de l’Homme. Il en tira la matière de plusieurs communications (A.F.A.S., Tunis 1951 ; S. P. F. 1956), et surtout d’une thèse de plus de 1 000 pages soutenue à Paris en 1962. Plus sans doute qu’un homme de terrain (car il fouilla peu), B. Champault était un pédagogue né. Pendant près d’un quart de siècle, les futurs ethnologues et les futurs préhistoriens formés à l’Institut d’Ethnologie de Paris ont appris de lui, pièces en main, les éléments de base de la technologie, de la typologie et de la chronologie des industries préhistoriques. En dehors de son enseignement, étudiants, préhistoriens professionnels ou amateurs, qu’ils soient débutants ou confirmés, trouvaient toujours un bon accueil auprès de lui pour examiner leurs trouvailles, discuter de leur intérêt, ou être guidés parmi les collections de comparaison disponibles au Laboratoire de Préhistoire du Musée de l’Homme (Nécrologie de B. Champault par G. Bailloud). Voir aussi en bibliographie : La vie du Sahara – Exposition organisée par le Musée de l’Homme en 1960 (J. Barré, B. Champault, Théodore Monod).
- [H Reichlen] : Henry Reichlen (1914-2000) est un anthropologue et linguiste suisse spécialiste de l’Amérique précolombienne. Il a été responsable du département Amérique du Musée de l’Homme et a réorganisé les collections péruviennes de 1940 à 1947. Par ailleurs, Henry Reichlen a rédigé une lettre de recommandation à l’attention de Juan Manuel Cardenas-Castro en 1942. Cette lettre destinée à d’éventuelles institutions muséales péruviennes présuppose d’un projet envisagé de retour au Pérou que Juan Manuel n’a finalement pas concrétisé a contrario de son frère José Félix parti en 1939. Archives Cardenas-Castro, n° inv. : AAJMCC.2.1.[020]. Henry Reichlen a également été le parrain de Mario Cardenas-Castro, le fils ainé de Juan Manuel et Thérèse Cardenas-Castro. Ce lien est révélateur des relations entretenues au sein des personnels du Musée d’Ethnographie du Trocadéro et du Musée de l’Homme ensuite.
- [H Lehmann] : Henri Lehmann (1905-1991) est un anthropologue français. Il est recruté par Georges Henri Rivière, en 1933, pour faire partie de l’équipe du Musée d’Ethnographie du Trocadéro. Lehmann a été en charge du département Amérique du Musée de l’Homme en 1946. A partir de 1953, il concentre sa recherche au Guatemala où il dirige des missions dont celle du site archéologique de Mixco Viejo de 1953 à 1957. C’est depuis San Martin de Jilotepeque, municipalité proche du site, qu’Henri Lehmann répond à Juan Manuel Cardenas-Castro le 9 mars 1957. Archives Cardenas-Castro, n° inv. : AAJMCC.2.1.[021].
- [R. Edrei] : certainement employée au musée de l’Homme à la lecture de cette note administrative : « Mme R. Edrei obtient un congé d’un an pour charges de famille. (Arrêté ministériel du 30-xi-1954) » in Bulletin du MNHN, Tome XXVII, 2e série, janvier 1955.
- [Ch Gaillard] : on retrouve la signature de Ch. Gaillard — comme celles de Denise Allègre (n°2) et d’Emile Gallois (n°3) — au dos du cliché (ill. 15 et 16) conservé à la bibliothèque centrale du Muséum national d’Histoire naturelle. Une photographie prise lors de la fête du personnel qui s’est tenue au musée de l’Homme le vendredi 12 octobre 1945 et sur laquelle est présente également Thérèse Cardenas-Castro (n°53), l’épouse de Juan Manuel.
- [Gueriny ?]
- [J. ?]
- [D. Huschler ?]
- [M. et Mme Eczet] ?
- [M. D. Cavay] ?
- [M. P. Jauffret] ?
- [de Méneval] ?
- [Hant] ?
- [?]
- [Alice Tessier ?]
- [C… Amordi ?]
- [France-Soir]
- [?]
- [Cribecre ?]
- [Ther Artlles ?]
- [?]
- [Th. Castro] : Thérèse Eugénie Désirée Baratte (1920-2011) est née à Aumeville-Lestre dans la Manche. Elle épouse Juan Manuel Cardenas-Castro le 1er juillet 1944. Elle est technicienne de laboratoire au Musée de l’Homme durant les années 1940. Elle devient responsable de la librairie du musée qu’elle dirige jusqu’à sa retraite à la fin des années 1970. comme celles de Denise Allègre (n°2), Emile Gallois (n°3) et Ch Gailard (n°36), on retrouve la signature de Thérèse Cardenas-Castro au dos du cliché (ill. 15 et 16) pris lors de la fête du personnel du musée de l’Homme, le 12 octobre 1945.
- [Raymond Ronze] : le professeur Raymond Ronze (1887-1966), est un spécialiste des civilisations de l’Amérique latine. Il a été Agrégé d’histoire. – Professeur à l’Institut français de Buenos-Aires (1922-1924). – Professeur au Lycée Louis-le-Grand (cours de préparation à l’École coloniale) (en 1930). – Directeur du Groupement des Universités et Grandes Écoles de France pour les Relations avec l’Amérique latine et professeur à l’Institut des Hautes Études de l’Amérique latine (en 1954). Fiche de référence BNF : https://data.bnf.fr/fr/12463753/raymond_ronze/
- [Ramite ?]
- [Robert de Billy] : Ambassadeur itinérant de l’Ordre souverain de Malte, le comte Robert de Billy a fondé en 1946 la Maison de l’Amérique latine, qu’il a présidée jusqu’en 1982.
- [Pierre Champion (Musée de l’Homme) « Avec ses compliments et ses regrets de ne pas vous trouver »] : Pierre Champion (1902-1982) est nommé Assistant au Musée d’Ethnographie du Trocadéro en 1928, pour participer à la réorganisation du Musée d’Ethnographie du Trocadéro mené par Paul Rivet et Georges-Henri Rivière. Pour l’aménagement, particulièrement délicat, des salles publiques d’Anthropologie du musée de l’Homme qui est inauguré en 1938, Pierre Champion assiste Paul Lester, le sous-directeur du Laboratoire. En 1942, il est chargé des Services administratifs du Musée de l’Homme. Admis à faire valoir ses droits à la retraite le 30 septembre 1967, il recevait le titre de Maître de Conférences-Sous-Directeur de Laboratoire honoraire le 29 mars 1968. Promu Officier d’Académie le 12 octobre 1937, de l’Instruction Publique le 19 novembre 1947, il était nommé chevalier de la Légion d’Honneur en 1963. (Voir en bibliographie : Reichlen Paule. P. Champion. In : Journal des africanistes, 1982, tome 52, fascicule 1-2.).
- [Jacques Huit ?]
- [?]
- [Geneviève Tole…]
- [J. de Courlay de l’Ambassade de … ?]
- [G. de Saint-Aline] ?
- [M ?]
- [Hazdrunay ?]
- [?]
- [H. Lavergne] : Hélène Lavergne est une cousine par alliance de Thérèse Cardenas-Castro, l’épouse de Juan Manuel.
- [F. Lavergne] : Fernande Lavergne, est une cousine par alliance de Thérèse Cardenas-Castro, l’épouse de Juan Manuel.
- [Olivier Chevalier HEC] ?
- [Dr HSam… ?]
- [Friez Vice Président délégué de la chambre de commerce France Amérique Latine « Avec sa vive admiration. »] ?
- [Anita Estrade] ?
- [Katia Oudiette] ?
- [Ernesto Estrada Attaché culturel de l’Ambassade du Vénézuela]
- [El conde de Cora Rojo ?]
- [Jorge Benavides « con mis felicitaciones] ?
- [?]
Ci-dessus. (ill. 15 et 16). Photographie recto et verso de la Fête du personnel du musée de l’Homme le vendredi 12 octobre 1945. Archives de la Bibliothèque centrale du Muséum national d’Histoire naturelle [BCM-2AP1PHO3/28a/b].
[1] Voir l’article en bibliographie À propos d’« Échange entre Urubamsinas et Yunca. P.C. », une peinture énigmatique de Juan Manuel Cardenas-Castro (2) in Sciences & art contemporain, janvier 2018
[2] Alain Cardenas-Castro. L’indigénisme dans la peinture péruvienne. Juan manuel Cárdenas-Castro, un artiste pionnier. Conférence, Maison de l’Amérique latine, 25 janvier 2023.
[3] traduction réalisée avec le Diccionario castellano-kechwa, kechwa-castellano (voir en bibliographie).
[4] Yahuar Huacac est le septième Sapa Inca, fils d’Inca Roca, il règne entre 1380 et 1400. Son nom est Cusi Huallpa (soleil de la joie), mais on raconte qu’il fut enlevé très jeune par l’ethnie Ayarmaca et condamné à mort, il en pleura jusqu’à ce que des larmes de sang coulent de ses yeux, ce qui effraya ses ravisseurs qui s’exclamèrent : « yahuar huacac » (il pleure du sang).
[5] Béatrice Fraenkel La Signature. Genèse d’un signe, Gallimard 1992. B. Fraenkel est directrice d’études de la Chaire « Anthropologie de l’écriture » à l’École des hautes études en sciences sociales.
[6] Pascale Marthine Tayou (1966) est un artiste qui a exposé sa série des Poupées Pascale au musée de l’Homme, à Paris, en 2015. Voir l’article Art in situ, un projet art (mural) et science au Muséum national d’Histoire naturelle en bibliographie.
Eléments de bibliographie :
- Nécrologie de B. Champault par G. Bailloud in Compte rendu de la séance du 28 janvier 1981. In: Bulletin de la Société préhistorique française, tome 78, n°1, 1981. pp. 2-12; https://www.persee.fr/doc/bspf_0249-7638_1981_num_78_1_5296
- Archives du Laboratoire d’Ethnologie du Musée de l’Homme – Département Océanie, Muséum national d’Histoire naturelle, Bibliothèque centrale du Muséum.
- Archives Cardenas-Castro. Fonds d’archives privées relatif à la lignée des peintres et muséographes Cardenas-Castro.
- Bulletin du Muséum national d’Histoire naturelle, Tome XXVII, 2e série, janvier 1955.
- Reichlen Paule. P. Champion. In: Journal des africanistes, 1982, tome 52, fascicule 1-2. pp. 179-180 ; https://www.persee.fr/doc/jafr_0399-0346_1982_num_52_1_21 Billy, Robert de, 1894-1991.
- Ferdinand Denis. In Nouvelle biographie générale: depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, avec les renseignements bibliographiques et l’indication des sources à consulter, ss la dir. de M. le Dr Hoefer, T. 27, Ed. Firmin Didot frères 1852-1866.
- Alain Cardenas-Castro. L’indigénisme dans la peinture péruvienne. Juan manuel Cárdenas-Castro, un artiste pionnier. Conférence, Maison de l’Amérique latine, 25 janvier 2023.
- Vitrani, François. « Les principaux fondateurs de la Maison de l’Amérique latine », Le Genre humain, vol. 58, no. 1, 2017, pp. 157-158.
- Raymond Ronze (1887-1966), ressources BNF : https://data.bnf.fr/ark:/12148/cb12463753m
- Pedro Clemente Perroud, Diccionario castellano-kechwa, kechwa-castellano : dialecto de Ayacucho, Seminario San Alfonso, 1970.
- Alain Cardenas-Castro. À propos d’ « Échange entre Urubamsinas et Yunca. P.C. », une peinture énigmatique de Juan Manuel Cardenas-Castro (2) in Sciences & art contemporain, janvier 2018.
- Françoise WEIL, « Hommage à Yvonne Oddon (1902-1982) », Bulletin des bibliothèques de France (BBF), 1982, n° 12, p. 712-712.
- Marianne Lemaire, « La chambre à soi de l’ethnologue. », L’Homme, 200 | 2011, 83-112.
- Béatrice Fraenkel, La Signature. Genèse d’un signe, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque des histoires », 1992, 319 p.
- Diccionario cultural boliviano, Elías Blanco Mamani. Museo del Aparapita, Bolivia.
- Roy Querejazu Lewis. El Mundo Arqueológico del Cnl. Federico Diez de Medina, 1983. © Rolando Diez de Medina, 2010. La Paz- Bolivia.
- Horacio Gutiérrez Blanco. Médicos Uruguayos Ejemplares Tomo II, Homenaje al Hospital Maciel en su Bicentenario (1788-1988), SMU, Montevideo 1988.
- Lhote Henri, Kelley Harper. Les collections africaines du département de préhistoire exotique du Musée d’ethnographie du Trocadéro. In: Journal de la Société des Africanistes, 1936, tome 6, fascicule 2. pp. 217-226.
- Alain Cardenas-Castro. Des Costumes espagnols d’Émile Gallois aux gouaches indigénistes de Juan Manuel Cardenas-Castro. L’histoire d’un album inachevé in Sciences & art contemporain, novembre 2022.
- Archives de la bibliothèque centrale du Muséum national d’Histoire naturelle, Paris.
- Alain Cardenas-Castro. Art in situ, un projet art (mural) et science au Muséum national d’Histoire naturelle in Sciences & art contemporain, in Sciences & art contemporain, octobre 2017.