par Alain Cardenas-Castro & Christophe Comentale
Ce vaste bâtiment parsemé d’essais architecturaux postorientalistes dresse sa dizaine de niveaux face à la Seine. Il semble toujours aussi tassé, ce qui se confirme dans les étages qui n’ont pas la hauteur si décontractée des bâtiments haussmanniens. C’est beau quand même, ça appelle la mélancolie d’une autre époque ! Le café du rdc est assez décontracté, l’accueil chaleureux, l’humain fait le reste. Somme toute, l’endroit reste un bastion entre élégance et marginalité parisienne.
L’exposition Habibi, les révolutions de l’amour
La manifestation, coordonnée par Elodie Bouffard, responsable des expositions, Khalid Abdel-Hadi, directeur éditorial de My Kali magazine et Nada Majdoub, commissaire associée, se tient du 27 septembre 2022 au 19 février 2023.
Comme l’indique un compte-rendu synthétique et bref,
« Poursuivant la mise en valeur par l’IMA des 1001 facettes de la culture arabe et de sa créativité, Habibi, les révolutions de l’amour, présente, déployées sur 750 m2, des œuvres récentes autour des identités LGBTQIA+. Autant de nouveaux regards, exprimant avec force les interrogations sociales, personnelles et esthétiques qui traversent la création contemporaine. À l’attention des visiteurs : l’accès à certaines œuvres présentées lors de cette exposition est réservé aux seules personnes majeures. Comment les identités sexuelles et de genre sont-elles représentées dans la création contemporaine ? Comment circulent-elles ? Quelles stratégies esthétiques déploient-elles pour décrire et confronter les sociétés ? Photographie, peinture, vidéo, performance, littérature, animation…: la parole aux artistes, et à leur récit singulier qui dessine leurs doutes et leurs fragilités ».
Certes, on voit des hommes dénudés, quelques femmes aussi, des transgenres, etc., d’autres qui prennent la pause (pose) à la façon des Odalisques de Matisse et autres œuvres orientalistes, etc. Quelques photos prises sur place donnent le ton, pas vraiment de scènes torrides… (ill.4 à 9).
Dommage qu’en 2023 ce type d’exposition soit — à juste titre — considérée comme courageuse… Ce qui en dit long sur les progrès que la nature humaine en milieu grégaire doit encore faire. Quelques belles œuvres, mais surtout un témoignage d’une solitude …
Sur les routes de Samarcande. Merveilles de soie et d’or
Afin de ne pas rester sur une note mélancolique ni non plus de ruminer sur la perfidie ou l’hypocrisie de la nature humaine, un saut à l’exposition Sur les routes de Samarcande. Merveilles de soie et d’or.
L’exposition est là du 23 novembre 2022 au 4 juin 2023, commissaire générale : Yaffa Assouline, commissaires : Élodie Bouffard, Philippe Castro et Iman Moinzadeh
« Une collection d’œuvres uniques, exposées pour la première fois hors des musées d’Ouzbékistan, est à découvrir à l’IMA. Soit plusieurs centaines de pièces, et autant de splendeurs confectionnées au tournant du XXe siècle, qui nous plongent dans l’histoire et les savoir-faire ancestraux d’un pays creuset de civilisations millénaires, dixit le communiqué officiel.
Somptueux manteaux chapans et accessoires brodés d’or de la cour de l’Émir, selles en bois peintes, harnachements de chevaux en argent sertis de turquoises, précieuses tentures brodées suzanis, tapis, ikats de soie, bijoux et costumes de la culture nomade ainsi qu’une quinzaine de peintures orientalistes : au fil d’un parcours déployé sur plus de 1100 m² se déploient près de 300 pièces inédites, représentatives des trésors de l’Ouzbékistan ».
Profusion de tissus précieux, des tenues de dignitaires, des calottes, des bottes, des tapis, … La somptuosité des Mille et une nuits ! (ill. 1, 2, 10 à 12).
Un tour aux collections permanentes est révélateur de l’effort initialement fourni par l’équipe alors chargée de rassembler les collections, effort inégal selon les pays qui ont proposé des œuvres. Pièces d’archéologie, d’art populaire, ethnique et beaux-arts sont assez élégamment répartis (ill.3, 13). Des pièces contemporaines, rares, montrent des tentatives individuelles pour mener à bien une esthétique et une recherche très personnelles. Acrylique, taille douce réservent des surprises.
Pas de thé sur le toit, le restaurant panoramique était fermé pour travaux … Est-ce lié aux surconsommations de certains personnels qui ont fait les choux gras de la presse ? Tristounet cet étage ! Heureusement, comme dit plus haut, l’ambiance du rez-de-chaussée était agréable. A l’immense librairie, vu un titre qui va faire l’objet d’une soirée un jeudi, celui du 16 février, et reste dans le ton de cette promenade orientaliste 21e siècle.
L’annonce en est la suivante :
« La parution en juin 2022 de This Arab is queer (ill.14). An Anthology by LGBTQ+ Arab Writers, coordonné par Elias Jashan, est un événement. Pour la première fois, 18 auteurs arabes racontent leurs expériences et identités queer, vécues dans leurs pays ou en situation de diaspora ».
Remerciements, Mademoiselle Marina David