Portraits d’hier et de demain (7) « Quiulacocha », un projet visuel de Marco Garro

par Alain Cardenas-Castro

Exposition du 7 novembre au 14 décembre 2024, Galerie Younique, Paris. Du jeudi au samedi de 16h à 20h et sur RDV.

Une visite guidée de l’exposition Quiulacocha et une présentation du livre de Marco Garro ont eu lieu en présence de l’artiste le vendredi 8 Novembre de 10h30 à 11h30.

Marco Garro. Quiulacocha, KWY Ediciones, 2024, textes de Rosa Chávez Yacila, design Raúl Benua, 114 p. Le livre a été présenté aux Rencontres d’Arles 2024.

La fin du mois de novembre à Paris, la nuit tombe de plus en plus tôt. Ombres et lumières s’animent et scintillent au fond du passage menant à la galerie Younique*. C’est le vernissage de l’exposition du photographe péruvien Marco Garro qui présente pour la première fois les photographies de son livre Quiulacocha. Les invités sont pour la plupart latino-américains, des artistes, des historiens de l’art, un collectionneur péruvien venu de Lima pour le salon Paris Photo.

Marco Garro (Lima, 1981) est photographe. Il commence des études de Communication à l’Université de Lima et reçoit deux bourses d’études qui lui permettent de suivre les ateliers de la Fundacion Nuevo Periodisimo Iberoamericano « Environnement » et « Violence », des thématiques qui l’intéressent depuis maintenant une dizaine d’années et qu’il traite à travers des reportages pour différents médias (Wall Street Journal, Le Monde, Financial Times, El Pais, La Tercera, Private, Soho). Autrement, Il expose son travail dans le cadre d’expositions collectives ou individuelles. A Lima : Center of the Image, Musée d’art contemporain, Galerie Ojo Ajeno, Ricardo Palma Cultural Center ; à la Somerset House de Londres ; à la Bienal Argentina de Fotografía Documental ou encore au Festival Visa Pour l’Image à Perpignan. En 2018, il a effectué une résidence photographique au musée du quai Branly – Jacques chirac. Marco Garro est membre du collectif photographique péruvien Supayfotos.

Quiulacocha

Quiulacocha est le nom de ce qui était autrefois un lac, celui de la ville de Cerro de Pasco, au Pérou, dans les Andes centrales, une ville connue comme « la capitale de l’exploitation minière péruvienne ». Après y avoir fait plusieurs visites en tant que photo-reporter, Marco Garro s’est intéressé aux habitants de la ville confrontés au contexte minier.

Marco Guerro a visité pour la première fois Cerro de Pasco, la plus ancienne colonie minière du Pérou, il y a deux décennies. Il y est retourné plus d’une douzaine de fois. La ville a été construite au milieu de montagnes chargées d’argent, de cuivre et de zinc, dans un coin glacial des Andes centrales, à une altitude vertigineuse de 4 300 mètres. Pendant la majeure partie de son histoire, Cerro de Pasco a été le joyau de la couronne, de la vorace industrie minière péruvienne, un lieu où les conquistadors espagnols et les magnats américains ont fait fortune.

Lorsque je suis arrivé, en tant que photojournaliste pour un journal de la capitale, Lima, la ville était en déclin depuis des décennies. Le paysage délabré ressemblait à un champ de bataille. Une énorme mine à ciel ouvert s’enfonçait en spirale dans la terre, évoquant les cercles concentriques de l’enfer de Dante. Le long de ses bords, des maisons s’écroulent dans des quartiers abandonnés. Dans d’autres, la vie se poursuivait au milieu d’amas de déchets toxiques, offrant un aperçu dystopique d’un avenir de ruine environnementale.

(Marco Garro 2024)

Pour le projet visuel Quiulacocha, Marco Garro utilise l’alchimie photographique, comme métaphore de l’impact de l’exploitation minière sur la santé des habitants de Cerro de Pasco. Le photographe péruvien a recueilli des échantillons de résidus miniers déversés dans ce qui a été le lac Quiulacocha afin de les utiliser dans le développement des photographies. Le liquide toxique laisse des marques et des textures sur les épreuves photographiques rappelant la manière dont la contamination marque la vie et l’environnement local. « Mon intention est de révéler les effets corrosifs de l’exploitation minière sur la santé et l’environnement que nous préférons souvent ne pas voir » nous dit Garro.

* La Galerie Younique fondée à Paris en 2005 par Mathias Bloch est spécialisée en art contemporain (peinture, photographie, sculpture, installation et vidéo). La galerie crée un pont entre la France et l’Amérique Latine en valorisant l’art français à l’étranger et en représentant l’art latino-américain en Europe. En 2020, Younique a ouvert un bureau-galerie à Lima, au Pérou et, ces dernières années, la galerie a multiplié les projets au Mexique.

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