PORTRAITS – AUTOPORTRAITS, JEAN COCTEAU ET SES AMIS AU MUSEE DU BASTION

肖像 – 自画像,尚·科克托 (Jean Cocteau) 与他的朋友们,蒙通巴斯蒂昂博物馆的创作者

par Christophe Comentale

Musée du Bastion, Quai Napoléon III, Menton. Ouvert tous les jours (sauf mardi, 25 décembre, 1er janvier et 1er mai), de 10h à 12h30 et de 14h à 18h. L’exposition a lieu du 13 décembre 2025 au 8 juin 2026.

La commune de Menton (ill.1), ville au climat tempéré, à été chaud et sec, est connue pour sa fête du citron, annuelle, une fête qui anime la fin de l’hiver avec une présentation quelque peu surréaliste de tonnes d’agrumes fixés sur des guirlandes de buis structurées sur des cages en fil de fer. De même, la présence de cet  artiste hors normes, Jean Cocteau (ill.4) a laissé des œuvres et une présence uniques de la création.

L’aura dégagée par Jean Cocteau et la diversité des créations de ses amis, sont présentes dans le contexte superbe et éclectique de ce nouvel accrochage : plus de 150 œuvres de la collection Séverin Wunderman – musée Jean Cocteau et de plusieurs prêts d’œuvres.

芒通市是一个气候温和、夏季炎热干燥的小镇,以其每年一度的柠檬节而闻名,这个节日为冬季的结束带来生机:一种略显超现实的展示方式,将大量柑橘水果扎在由金属笼架支撑的黄杨枝花环上。此外,这里还有一位非凡的艺术家让·科克多的存在,他留下了作品和独特的创作印记。让·科克多散发的气场以及他朋友们多样化的创作,在这次新展览的华丽而折衷的环境中得以体现:展出塞维林·温德曼收藏的150多件作品——让·科克多博物馆收藏,以及若干借展作品。

The municipality of Menton, a town with a temperate climate and hot, dry summers, is known for its annual Lemon Festival, which enlivens the end of winter: a somewhat surreal presentation of tons of citrus fruits attached to boxwood garlands structured on wire cages, the presence of an extraordinary artist, Jean Cocteau, who left works and a unique imprint of creation. The aura radiated by Jean Cocteau and the diversity of creations by his friends are present within the superb and eclectic setting of this new display: more than 150 works from the Séverin Wunderman collection – Jean Cocteau Museum, along with several loaned pieces.


(ill. 1) Vue de Menton depuis le village de Falicon ; (ill. 4) Jean Cocteau. Autoportrait masqué (1919), lithographie sur papier


Le vernissage s’est déroulé le 12 décembre en présence du maire de Menton et président de la Communauté de la Riviera française, de Carmela Cartarrasa, conseillère municipale en charge du Patrimoine culturel, de Pascale Just, directrice des Affaires culturelles, de Guillaume Theulière, directeur des musées, et de Sandrine Faraut-Ruelle, coordinatrice de l’exposition.

(ill. 2) Musée Jean Cocteau, Le Bastion, Menton

1618年,摩纳哥的奥诺雷二世(当时包括芒通)决定在位于芒通老城尽头的一个岩石小岛上建造一座小堡垒。 这座堡垒经历了历史的起伏和不确定性,1860年芒通被并入法国后,堡垒交由桥梁和道路管理部门管理。1957年,弗朗西斯·帕尔梅罗向让·科克多提议在这里建立一座展示他作品的博物馆。科克多进行了初步选择,这些作品后来成为收藏的核心。在1963年10月10日科克多去世后,他的养子及法定继承人埃杜阿尔·德尔米特丰富了原有的捐赠藏品。

In 1618, Honoré II of Monaco (which then included Menton) decided to construct a small fort on a rocky islet located at the tip of the old town of Menton.
This bastion experienced the rhythms and uncertainties of history, and in 1860, when Menton was annexed to France, the bastion was entrusted to the administration of bridges and roads. It was in 1957 that Francis Palmero proposed to Jean Cocteau to create a museum of his works there. Cocteau made an initial selection that would become the core of the collection. Upon his death on October 10, 1963, Édouard Dermit, his adoptive son and universal legatee, enriched the original endowment.

En 1618, Honoré II de Monaco (dont fait alors partie Menton) décide de la construction d’un fortin (ill.2 et 6) sur un îlot rocheux situé à la pointe de la vieille ville de Menton. Ce bastion vit selon le rythme et les aléas de l’histoire et, en 1860, lors du rattachement de Menton à la France, ledit bastion est confié à l’administration des ponts et chaussées. C’est en 1957 qu’il est proposé par Francis Palmero à Jean Cocteau d’y créer un musée de ses œuvres (ill.6.1) . Cocteau réalise une première sélection qui sera le noyau de la collection. À sa mort, le 10 octobre 1963, Édouard Dermit, son fils adoptif et légataire universel, enrichit la dotation initiale.

Ce lieu quelque peu insolite a, tout récemment, réuni entre hiver et printemps, l’œuvre de ce créateur, un ensemble de dessins, des portraits et des autoportraits, dont ceux réalisés en 1923 à la mort de Radiguet (ill.5). Des photographies complètent cet aspect intime de Cocteau, Elles sont prises par Boris Lipinski, Serge, Lido, Lucien Clergue, … De même qu’une récente acquisition en 1924 d’une photographie argentique de Man Ray (1890-1976).


Ci-dessus, de gauche à droite. (ill. 5) Jean Cocteau. Portrait de Raymond Radiguet (1960), crayons ; (ill. 7) Serge Lido, Igor Stravinsky et Jean Cocteau (1952), tirage argentique ; (ill. 8) Jean Cocteau. Portrait de Yul Brynner (1961)


Les amis de Cocteau sont nombreux, Max, Jacob, Jean Hugo, de cœur ou de plume. Le cinéma (Yvonne de Bray, Édith Piaf, …), la musique, autant de disciplines comme aussi les liens avec les écrivains, acteurs, peintres, décorateurs, photographes et sculpteurs, sont des visages à interroger et à restituer, une symbiose entre création et dialogue visuel ou graphique (ill.7 et 8). Le sculpteur Fenosa réalise plusieurs portraits de Cocteau, des œuvres prêtées pour l’occasion tandis que des œuvres de Cocteau sont exposées au musée Fenosa pour l’exposition « Le cercle lumineux entre Cocteau et Fenosa ».

D’autres amitiés sont évoquées avec Stravinsky, Picasso, Colette, Satie, Diaghilev. Enfin des regards contemporains sont rassemblés avec des prêts d’œuvres de Zhang Hua (ill.11) (1898-1970), Yvonne Bilis Régnier (1921-2017) (ill. 9 et 10), François Bret, etc. Cette manifestation montre une continuité dans le travail sur les fonds du Musée, ses nouvelles acquisitions et la connaissance des artistes qui ont fréquenté Cocteau, artistes, français ou étrangers ayant vécu


(ill. 9) Yvonne Bilis Régnier, Portrait de Jean Cocteau, crayon, 30,5 x 21,5 cm ; (ill. 10) Yvonne Bilis Régnier, Portrait de Jean Cocteau (sd), 30,5 x 22 cm ; (ill. 11) Zhang Hua. Portrait de Jean Cocteau (ca années 1960), crayons de couleur, 32 x 24 cm


 Un catalogue bien illustré (ill.3) accompagne cette manifestation qui est aussi d’une part un événement tout à fait propice à cet angle de vue particulier et large sur l’intérêt du portrait, comme, d’autre part, ce type de sujet élargit le créneau chronologique lié à l’artiste du lieu — Cocteau — et, dans ce sillage, induit, comme pour tout établissement consacré à un créateur particulier, un intérêt nouveau sur un personnage a priori déjà bien cerné.

A ce propos, comme l’indiquait Christine Richard, conseillère artistique sinisante, lors d’échanges avec les membres de l’équipe municipale « la place de Cocteau est en ce 21e siècle complexe, est tout autant à l’Ouest, ses racines, qu’à l’Est, en particulier dans l’Asie sinisée. En effet, l’imaginaire chinois se nourrit sans cesse de l’apport de textes aux approches complexes, taoïsantes, bouddhiques ou syncrétiques. Ainsi, l’imaginaire poétique de Cocteau me semble parfois bien en phase avec ce Classique des Monts et des mers au contenu poétique si dense. Ce vecteur d’images et de sollicitations intellectuelles justifierait pleinement qu’une exposition d’ampleur des œuvres de Cocteau ait lieu en Chine ».

A suivre.

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