par Laurent LONG
Issue de la peinture narrative, instrument de diffusion de la littérature en langue vulgaire : roman, chantefables, théâtre comme de pans entiers de la légende dorée du régime, la B. D. a fleuri en Chine depuis un siècle. Mais il ne semble pas qu’elle ait éveillé de vocation chez des artistes qui pourraient porter la tradition érotique gaie et lesbienne ou la modernité tongzhi.[1] Le Continent comme Taiwan abritent des imitateurs des mangas gais japonais, mais bien rares sont les talents réellement créatifs.[2] Genre populaire trop surveillé par le pouvoir chinois ? Sans doute.
Néanmoins, un certain nombre de peintres abordent les amours masculines ou saphiques, le genre et sa relativité, le mariage ou les unions pour tous. Ils le font à partir d’une vision d’intégration, hors de traditions d’hostilité systématique, tout en ayant à louvoyer dans un contexte étriqué et petit-bourgeois, surtout depuis qu’un tel personnage exerce le pouvoir à Pékin. Si les années 1990 et 2000 avaient vu une relative détente sur le front de la culture ainsi que la possibilité de mettre certaines questions sur le tapis, il n’en va plus de même depuis 2012, avec le renforcement du pouvoir d’un homme, la résurgence du culte de la personnalité, des contrôles de tous poils, de la censure et de l’autocensure.
Trois artistes autour de la trentaine, actifs à Pékin, parviennent à se faire connaître en Chine et au-delà, malgré les aléas de la censure et des tracasseries bureaucratiques. Souvent « harmonisés »,[3] ils savent louvoyer sur les flots inconstants de l’idiosyncrasie du Dirigeant.
Yang Yiliang 楊繹亮 (1991- ), originaire du département de Yueyang 岳陽, en Hunan, revendique le mariage pour tous et conteste l’idée reçue de la virilité[4] dans une série d’imitations de papiers découpés traditionnels en techniques mixtes : « Les nouveaux maris de papier » Zhi xinlang 紙新郎. Le caractère du double bonheur shuangxi 囍, symbole obligé lors de toute noce et son entourage figuratif en papier découpé rouge dominent le décor. La seule différence par rapport à la tradition : des animaux mâles (dragons, lions, coqs…) remplacent le dragon et le phénix, à l’origine symboles de l’empereur et de l’impératrice. Dans un cas, deux jeunes gens vêtus de noir et tenant chacun un bouquet, sont assis sur le papier découpé et entourés d’un papillon[5] et de pies, l’oiseau du bonheur. D’autres tableaux affichent un éphèbe, éventuellement torse nu, devant un motif du double bonheur, le tout traité d’un trait délicat dans des tons pastel. D’autres œuvres, dans un style et des couleurs assez 1900, effeuillent presque complètement les modèles.
Gao Zhouyue 高洲越 (1992- ), cantonais, diplômé du prestigieux Institut central des Beaux-Arts Zhongyang meishu xueyuan de Pékin en 2016, a été marqué par la peinture religieuse du Trecento et du Quattrocento : travail proche de la miniature, évocation de mosaïques ou de vitraux, fonds à la feuille d’or, auréoles, atmosphères d’églises, ambiances orientales… Les thèmes de nos unions, de la fluidité du genre, sont récurrents, de même que celui de l’intégration de la variété des identités aux religions monothéistes[6] ! Agréable surprise quand on connaît le racisme invétéré du vulgum pecus chinois, on remarque la présence affirmée de Noirs et d’Arabes dans son œuvre, par ailleurs ouverte à des thèmes plus coquins : chiens frétillant de la queue, truies ou éphèbes vêtus de latex.
Le doyen de ces trois peintres est Guangye 廣也 (1985- ). Fils de paysans d’un fond de campagne du nord-ouest de la province de l’Anhui, limitrophe du Henan, mornes champs « sans monts ni rivières », il s’est fixé près de l’institut Central des Beaux-Arts à Pékin. Il a pris le nom d’artiste Guangye 廣野, « Vaste plaine », mais encore nom de famille japonais : Hirono, de par son intérêt pour la culture nipponne et son ouverture d’esprit. Par souci de simplicité graphique dans sa signature, il a substitué la particule grammaticale ye 也, parfaitement homophone, au caractère de la plaine ye 野, manifestant encore son aspiration aux universaux dans son projet artistique. Usant de la graphie simplifiée de guang,广, il signe d’un paraphe d’esprit traditionnel.
Diplômé du département des Arts in situ (Environmental Arts) de l’université des Finances et de l’Économie de la province du Jiangxi en 2008, il y avait surtout étudié l’architecture d’intérieur. De fait, c’est un autodidacte fort éclectique, marqué par la peinture des maîtres originaux depuis les Ming (1368-1644) : la quasi-absence d’arrière-plan à la Chen Hongshou 陳鴻壽 (1598-1652), la tradition des excentriques de Yangzhou (XVIIIe siècle) mais encore les peintres affranchis majeurs du XXe siècle. Zhang Daqian 張大千 (1899-1983) inspire ses lotus, Wu Changshi 吳昌碩 (1844-1927), son traitement des plantes et fleurs, Pan Tianshou 潘天壽 (1897-1971) sa composition dans des paysages à la limite de l’abstraction. Ainsi pratique-t-il le lavis traditionnel, rehaussé de gouache en couleurs légères ou plus franches, éventuellement marqué de sceaux (fig. 1).
Par contre, il traite à l’huile des fleurs et plantes plus orthodoxes dans le format de l’éventail rond, mais de 80 cm. de diamètre. Sa peinture, sur toile et sur bois, de tradition occidentale, confère une densité à ses couleurs grâce à plusieurs couches de fond, donne un aspect autant sableux ou granuleux que lisse à ses toiles. S’adaptant aux intérieurs contemporains, ses formats vont de petites œuvres de 10 cm de côté à environ 80 x 85 ou 90 x 70 cm. Ses thèmes, fort variés, vont de très sages paysages, fleurs, plantes et animaux,[7] quelques natures mortes – position de repli en cas « d’harmonisation » – à des choses beaucoup plus ambiguës : pêches fessues,[8] cucurbitacées phalliques, (fig. 2) camélias rouges (fig. 3)[9]… futaies, champs de sorgho ou de canne à sucre cachant des hommes à leur affaire, jeux d’approches, scènes coquines ou franchement érotiques.


Ci-dessus, de gauche à droite. Fig. 2 : Coloquinte et mec 瓠瓜與男人 (2022), huile sur toile, 40 x 70cm ; Fig. 3 : Camélia rouge 紅茶花 (2023), huile sur bois de noyer, 40 x 10 cm, Sceaux : 廣也 Guangye et 癸卯 L’année guimao (2023).
C’est la partie de son œuvre la mieux connue à l’étranger : corps de nageurs, de coureurs et de culturistes sans complexes, tenues sexy, culs rebondis, braquemarts fièrement dressés, aux veines saillantes, prémisses des plaisirs et hommes en pleine action ou n’attendant que de livrer bataille.


Ci-dessus, de gauche à droite. Fig. 4 : Le val des désirs 欲壑 (2019), huile sur toile, 20 x 30 cm ; Fig. 5 : Dragon tapi 伏龍 (2022), huile sur toile, 50 x 60 cm.
Guangye revendique l’influence de Francis Bacon (1909-1992), évidente dans la pâte épaisse, le coup de pinceau ferme et un peu rêche, les arrière-plans unis, isolant les personnages, distanciation par rapport au réel, l’intrusion de lignes apparemment sans rapport avec le sujet, la déformation de corps se perdant parfois dans l’arrière-plan, une anatomie parfois inventive, les points de vue déjantés, un certain flou irréel et pas seulement dissimulateur. Il apprécie encore Lucian Freud (1922-2011), petit-fils de Sigmund (1856-1939) et ses nuances pastel dans les tons neutres, le dépouillement des décors, nus jusqu’au sordide, le réalisme des corps concilié avec des distorsions.
Il fonde à Pékin le Studio indépendant Guangye Guangye yishu gongzuoshi 廣也藝術工作室 en 2013, en faisant le repaire d’un peintre libre et le cadre d’une vision, tout en taquinant le design graphique, à commencer par son propre emblème.
Il en existe une version où ces fesses musclées sont remplacées par d’innocents caractères archaïsants.
Guangye expose assez régulièrement depuis 2015, essentiellement à Pékin, dans la mouvance de la bohème internationale de la Capitale, avant de tâter de la métropole culturelle que reste Shanghai, en 2019 et 2023. Sa première exposition individuelle a lieu en 2016 dans la boîte gaie devenue vrai centre communautaire sur quatre étages Mudidi 目的地 (Destination)[10] à Pékin, ou dans des lieux homosensuels : bar du Lapin (tout un programme ! en 2018) dans le quartier diplomatique. Il restera sur le thème des corps virils dans son exposition de 2022 dans la Métropole. Il a déjà à son actif un bon millier de peintures honorant les corps athlétiques et les amours viriles et n’entend pas en rester là.
Paysans de la Chine profonde, ses parents ont fini par accepter le principe de sa carrière artistique et sa gaititude, le bon argent tiré de ses œuvres par leur fils ayant dissipé leurs préjugés.
Ses paysages expriment une mémoire de la terre, des vastes étendues, des travaux et des jours de son jeune temps. Peindre revient pour lui à labourer.[11] C’est un travail physique, un effort demandant détente… chez le masseur du rez-de-chaussée.
Sous une apparence bourrue, d’ours, visage ovale, collier de barbe plus ou moins rasé, look des rues, c’est un être ouvert, franc, simple et courtois, refusant les oripeaux du rapin.
Exigeant sur les matériaux qu’il utilise, il a établi ses pénates dans un loft d’un quartier résidentiel, non loin de l’institut Central des Beaux-arts, au nord-est de la vieille ville de Pékin, près des bons fournisseurs, chez qui il passe des commandes spéciales.
Son logis est d’une propreté sage ; il y cultive un contraste avec ses peintures emplies de désirs et une collection de priapes de résine des plus divers, y compris un « dieu de la Grosse bite » dadiaoshen 大弔神 rappelant les cultes phalliques de l’Antiquité chinoise et du Japon.
Non sans interrogations et doutes, Guangye se libère et prend de l’assurance après ses études universitaires, dans les années 2010. Ses maîtres l’y encouragent, l’un deux lui disant : « Quoi que tu fasses, du moment que ça répond aux valeurs de la société, ceux qui ne te comprennent pas finiront par le faire. »
Il s’assume autant comme gai que comme peintre, que comme artiste tongzhi sur le ton de « I am what I am ! » Mais qu’on ne l’imagine pas en militant brandissant bien haut le drapeau arc-en-ciel de la pensée gaie ! Sans renoncer à s’affirmer, au contraire, sa stratégie est plus subtile. Elle commence par la confiance en soi ; le fait d’être une personnalité rare, queer et peintre, créant des œuvres qui se trouvent gaies, font d’une « faiblesse » sa force. Il se voit comme membre d’une élite de passeurs d’un message, qu’une force irrésistible et une inspiration « plus fulgurante que la lumière » pousse à peindre des mecs. Dans un pays corrompu par l’esprit petit-bourgeois, il importe de briser un tabou : celui de la représentation décomplexée du corps masculin et exprimer de manière très étendue « les besoins moraux » de l’homme. Il importe à Guangye de constituer un cercle d’amateurs pour sensibiliser par capillarité le vulgaire à la beauté des corps d’hommes et aux réalités gaies, de banaliser la chose, de l’intégrer aux valeurs en « égayant la culture dominante ».[12] De plus, l’argent, seul langage réellement commun de notre siècle, doit aplanir bien des choses…
Quant au style, Guangye revendique ses impulsions propres, rejetant les étiquettes et observant que les fondateurs d’écoles ne s’en voyaient pas reconnaître.
Il se réserve de développer ses thèmes favoris en accès direct ou d’une manière bien plus détournée. Il compare la variété des effets qu’il peut produire à celle des préparations et assaisonnements de l’art culinaire. Hors des béotiens qui ne le méritent point, il prévoit pour chaque public un traitement adapté. Il est des scènes carrément érotiques : érections triomphantes, roses, pivoines ou camélias épanouis, pertuis n’attendant que l’extase, tétons percés, corps ligotés à la japonaise (dans quelques tableaux de 2015), latex, survêtements et slips bosselés de virilités tendues, pompiers et grands coups de queues… D’autres fonctionnent de manière bien plus allusive : situations en suspens, laissant attendre un développement coquin, comme une langue fouilleuse, dont la main du propriétaire, portant déjà un gant de chirurgien, laisse deviner une suite plus… manuelle (Le baiser, II). (fig. 7)
Bien des titres ne laissent pas imaginer des réalités plus explicites. Le jeune homme en jaune 黃衣少年 (2016) porte certes un débardeur, mais laisse voir une splendide paire de fesses et est allongé sur un lit dans l’attente de quelque chose. Nuit de lune sur les fleurs le long du Fleuve, au printemps[13] (Fig. 8) voit s’étendre une branche de camélia sur la raie infernale d’un homme, une fleur s’épanouir devant ses bijoux, alors que sa queue retournée pointe en arrière entre ses cuisses.

huile sur toile, 25 x 25 cm.
Un sage Jardinier 園丁 (2022) arrose la pelouse à la lance, mais « dans le simple appareil / D’une beauté qu’on vient d’arracher au sommeil. » Potes 摯友 (2019) montre deux nageurs en slip de bain debout, l’un de face, l’autre de dos, ce dernier mettant la main au paquet du premier. Si forte soit la charge sensuelle de ces œuvres, Guangye recherche une émotion au-delà de la baise, un au-delà du cul. Plus que les corps parfaits et complices, c’est ce qu’ils lui disent, lui inspirent, qui importe. Il doit ressentir une excitation au plus profond de son être – et pas seulement quelque raideur – vis-à-vis de la scène qu’il fait vivre. Ces subtilités dépassent le béotien qui ne sait rien voir au-delà de l’explicite et ne vaut pas même qu’on s’en préoccupe.
Bois et champs peuvent cacher des jeux secrets. Ce n’est pas tant un exercice de voyeurisme que l’incitation à découvrir ce qui se cache derrière les apparences, le dévoilement de réalités accessibles à qui veut les voir, à l’initié (fig. 9).
Il est encore des hymnes à la beauté virile sans autres sous-entendus que les muscles, les braguettes généreuses, les culs globuleux. Les corps ne sont pas que nus ; toute leur vêture concourt à stimuler les fantasmes du spectateur avec des tendances tout à fait en vogue : tenues de sport branchées, survêtements, simples ou à capuche, baskets, chaussettes noires, maillots de bain en élasthanne, strings, jockstraps, plus rarement jeans, cuir, cagoules, harnais ou tenues de latex intégral (fig. 10), costume.[14]
Tulipes blanches 白郁金香 (2021) comporte bien un bouquet de fleurs, mais aussi un derrière musclé et imberbe, revêtu seulement d’un string, lequel contient des attributs bien calibrés. Lapis-lazuli (2022) ne renvoie qu’à la couleur du fond. Le sujet est un survêtement ivoire, dont la braguette laisse échapper un serpent du plus beau noir. En effet, Guangye, donne une place aux Blancs et à leur anatomie – ce qui ne surprend pas trop en Chine – et, comme Gao Zhouyue, tout autant aux Noirs dans sa peinture à l’huile (fig. 11), brisant un autre tabou dans une société volontiers raciste.
Un registre plus indirect encore joue des végétaux, fleurs et fruits ; certains répondent à une symbolique traditionnelle, d’autres sont détournés. La grenade est une image traditionnelle de la fécondité, mais sa forme arrondie peut évoquer les bene pendentes. Les coings peuvent laisser rêveurs. La pêche se passe de commentaires, mais on pense encore à une allusion classique aux amours masculines. Diverses calebasses et coloquintes, cucurbitacées de manière générale, n’ont guère besoin d’explications. N’insistons pas sur les camélias, les roses et les pivoines[15] aux profonds replis…
Si Guangye travaille avec des mannequins, c’est pour lui un simple exercice, une mise en train, presque destinée à ses esquisses. Il exploite encore d’avantage des reproductions de peintures et les photos ou vidéos qui circulent sur la Toile, ne recherchant pas tant la réalité des corps que l’impression, l’effet qu’ils lui font.
Son physique est plutôt viril, avec sa barbe de trois jours et une musculature d’haltérophile. Il peint des hommes plutôt costauds sans être des ours. Mais il ne se reconnaît pas pour autant dans la brute épaisse où la petite bourgeoisie confine les hommes depuis deux siècles. La complicité et la tendresse de ses amants, d’occasionnels bijoux (fig. 11) ne sont pas d’un inconditionnel du binarisme.
Nombre de ses personnages sont vus de trois quarts arrière, voire de dos. Comme les peintres et les illustrateurs classiques,[16] Guangye trouve un dos plus séduisant, captivant, qu’un banal portrait de face.
L’œuvre de Guangye comporte une partie « sage », « innocente », « grand public ». Cela permet aux institutions les plus officielles et « sérieuses »[17] de collectionner ses peintures. Mais on a compris qu’il recourt à toutes les ressources de l’ambiguïté des sujets, des titres et de l’allusion pour faire passer un message beaucoup plus… coquin.
Au confluent de ces deux réalités est un thème récurrent : la mosaïque. Elle évoque les salles de bain, les bains publics, les piscines et les saunas, donc l’intimité masculine, laissant imaginer des fumets enivrants. Certaines tesselles portent des taches – apparemment de peinture – mais qui pourraient être… Cependant, la mosaïque a pris une autre dimension après une « harmonisation » subie par l’artiste en 2019. La pensée unique oblige à louvoyer sans boussole entre les écueils de la censure et d’interdits, jamais déterminés ni fixés. La mosaïque s’est donc faite pixellisation telle qu’imposée à la production pornographique japonaise et taiwanaise. Elle représente la censure, mais une censure subvertie, car le thème de telles peintures reste toujours explicite. On en veut pour témoin cette série de huit peintures intitulées « Situations harmonisées » Xiehe zhi jing 協和之境 (fig. 13).
Devant une œuvre si abondante, aux thèmes et aux médias si variés, si affirmée dans la défense et illustration de la beauté de l’homme et des amours viriles, le public amateur reste sur sa faim. Il souhaiterait en voir d’avantage et bientôt visiter une exposition individuelle à Paris. Un catalogue de son œuvre, publié en Europe, contribuerait encore au rayonnement du nouvel art gai sans complexes issu du monde chinois.
Expositions, collectionneurs et médias
Expositions individuelles
- 2016 : exposition « Ma vision des beautés masculines » au bar Destination (DES Art) à Pékin.
- 2018 : exposition « Corps, sexe » au Rabbit Bar (ou bar Pédé) à Pékin.
- 2022 : « La fièvre de vivre » ou Acquired Taste à l’emporium Toutes choses Wanxianghui 萬象滙, à Pékin.
- 2023 « Eye Candies » 眼糖, à la galerie Kuiyuan 逵園藝術館, à Shanghai.
- 2024 : « Telur Pecah 4.0 » à Kuala-Lumpur.
Expositions collectives
- 2015 : exposition « Gris à 62% »[18] 62 du hui 62度灰 à l’Ullens Center for Contemporary Art[19] 北京尤倫斯當代藝術中心, à Pékin.
- 2016 : exposition « “Point d’appui” 支點, artistes contemporains invités » au musée du Paysage 山水美術館, à Pékin.
- 2016 : exposition « Saison Art mural » à l’espace des Arts de la résidence Officielle, à Pékin. 北京官舍藝術空間
- 2019 : exposition « LOVE » d’artistes invités au bar Destination (DES Art), sous les auspices de l’ambassade de Nouvelle-Zélande à Pékin.
- 2019 : Invité à l’exposition « The Male Figure » à la galerie Kunstbehandlung à Munich.
- 2021 : vente d’hiver « La vogue qui monte » Qichao shidai 起潮時代 à la maison de ventes Jiahe 嘉禾, à Shanghai.
- 2023 : expo de groupe « L’année du Lapin » au parc créatif du 50, avenue du mont Mogan, à Shanghai.
- 2023 : « Queer culture » à l’ambassade de Grande Bretagne à Pékin.
- 2023 : « BE-diverse,BE-inclusive, BE-love » à l’ambassade de Belgique en Chine.
Ses œuvres sont collectionnées jusqu’en Europe, en Amérique du Nord, et en Australie.
- Guangye dans les collections institutionnelles :
- Maison de ventes Huachen 華辰 (Pékin),
- Fondation pour l’enfance de la Fédération des Femmes chinoises (Pékin),
- Galerie Gris à 62% 62度灰 (Pékin),
- La fondation d’intérêt public Bleu clair中國淡藍公益 (prévention du sida et IST, Pékin).
Collectionneurs privés :
- La chanteuse hongkongaise Xu Xiaofeng徐小鳳
- Diplomates anglais et français
- Jack Smith, de Time Out Beijing
- Le diplomate français Pierre Goulange
- Le cinéaste chinois Cheng Qingsong 程青松
- Le militant de la prévention du sida Wei Jiangang魏建刚
Carnet de presse :
- CNN,
- Time Out Beijing,
- Attitude (R. U.),
- Harper’s Bazaar Art Beijing,
- Pineapple Blog (Hongrie),
- Gentlemen’s Quarterly (E.U.).
- Artron.net 雅昌藝術網 (Site chinois des maisons de ventes),
- Dangdaiyishu.com 中國當代藝術網 (Site des arts chinois contemporains),
- Meishujia.cn 中國美術家網 (Site des artistes chinois).
Bibliographie
- Attitude CN : Jizhang : zai Beijing de huajia Guangye de shiyiyue quan zhangdan 記賬/在北京的畫家廣也的十一月全賬單 (Passez les factures : les comptes de novembre du peintre Guangye, de Pékin, au peigne fin). Site : www.attitude.co.uk/tag/china, article du 7 décembre 2021.
- Chou Wah-shan 周華山 : Tongzhi, Politics of Same-sex Eroticism in Chinese Societies. The Haworth Press ; New York, 2000. 343 p.
- Collectif : Caihong gongyu 彩虹公寓 (L’Immeuble arc-en-ciel/Colocations) Taibei, Dala chuban 大辣出版, 2021, 228 p.
- Guangye shuimo xilie 廣也水墨系列 (Le lavis traditionnel chez Guangye). Site de Wellcee (://www.wellcee.com/lifestyle/444c341a-0587-11ed-a612 00163e0e137e? id=159711 60745960718) consulté le 7 juillet 2023.
- Jiang Steven : China’s LGBTQ artists persevere as censors’ grip tightens. Site de CNN (https://edition.cnn.com/style/article/china-lgbtq-artists/index.html) 30 juin 2019, consulté le 5 juillet 2023.
- Long Laurent : Restes-de-pêche, repas-partagés et camarades ; histoire et mémoire de la Chine gaie et lesbienne. In “Gays et lesbiennes en Chine”, Bibliothèque municipale de Lyon ; Lyon, 2005, pp. 18-77.
- Long Laurent (trad.) : Rectification d’une erreur de lecture du langage du théâtre chinois, par Zhu Dake 朱大可. In “Inverses”, N° 3, pp. 25-35 ; Société des Amis d’Axieros ; Paris, 2003.
- Long Laurent : Camarades, encore un effort pour faire triompher la révolution ! In “Inverses”, N° 5, pp. 283-290. Société des Amis d’Axieros ; Paris, 2005.
- Long Laurent : Détour et accès aux corps de mecs : charmes virils par un peintre chinois assumé, Guangye. In “Inverses”, N° 23-24, 2023-2024, pp. 122-139. Société des Amis d’Axieros ; Châtillon 92320.
- Pineapple Blog : https://pnpplzine.com/index.php/2019/01/04/guang-ye, site consulté le 7 juillet 2023.
- Smith Jack : Sense and Sensuality. In “Time Out Beijing” (www.timeoutbeijing.com) juin 2015, p. 71.
Remerciements
M. Guangye a aimablement fourni renseignements biographiques et catalogues de ses œuvres, a gracieusement autorisé la reproduction des illustrations de cet article. Qu’il en soit ici sincèrement remercié.
Un premier état de cet article est paru dans “Inverses”, N° 23-24, 2023-2024, pp. 122-139. Société des Amis d’Axieros ; Châtillon 92320.
[1] « Partager un idéal, des aspirations », « gens unis par une même volonté », « camarades », ainsi la Communauté se désigne-t-elle dans le monde chinois. Voir Camarades, encore un effort pour faire triompher la révolution ! In “Inverses”, N° 5, Paris, 2005, pp. 283-290.
[2] Sauf l’équipe ayant dessiné à Taiwan Caihong gongyu 彩虹公寓 (L’Immeuble arc-en-ciel/Colocations) Taibei, Dala chuban 大辣出版 (Le gros piment), 2021, 228 p. Recension in “Inverses”, N° 23-24, Paris, 2024, pp 146-147.
[3] Gei hexie 給和諧 : rappelés à l’ordre, mis au pas, tracassés, bref, sommés de se fondre dans la vision de la « société harmonieuse », voulue par le Pouvoir.
[4] Elle est fragile et éphémère comme les papiers découpés collés sur les fenêtres ou les murs des maisons.
[5] Il renvoie à l’amour – et aux amours masculines en particulier – du fait de la passion ambivalente de Liang Shanbo et de Zhu Yingtai, les deux condisciples se révélant in fine homme et femme alors que leur liaison a commencé sous les auspices les plus gais. Ils sont l’objet de la pièce d’amour chinoise par excellence : Liang Shanbo yu Zhu Yingtai (Liang Shanbo et Zhu Yingtai). Voir Laurent Long (trad.) : Rectification d’une erreur de lecture du langage du théâtre chinois. In “Inverses”, N° 3, 2003, pp. 25-35.
[6] On peut toujours rêver…
[7] Notons quand même un lapin, aux connotations gaies évidentes pour un Chinois.
[8] Outre sa forme qui se passe de commentaire, « la pêche partagée », « partager la pêche » fentao 分桃 ou « le reste de la pêche » yutao 餘桃 est une allusion littéraire aux amours masculines. Voir la fin du chapitre 12 du Livre de Han Fei (Han Fei zi). Han Fei 韓非 (-280 ? à -233) est un des grands penseurs de l’école légiste, dont les idées ont fondé l’autocratie dans l’empire chinois.
[9] Le format de cette œuvre et l’existence d’un socle étroit font bien penser à une tablette votive, telle qu’en usent la religion populaire et le culte des ancêtres. Guangye envisagerait-il une vénération de cette image du siège des plaisirs ?
[10] C’est là que Guangye fait la connaissance du photographe, sculpteur et commissaire d’exposition français Pierre Alivon (1968- ), son premier acheteur et l’un de ses premiers soutiens dans le monde du marché de l’art. Destination est aujourd’hui dans le collimateur du pouvoir.
[11] Le travail de la terre, labour et sarclage, gengyun 耕耘 est une image classique des efforts dans l’étude ou l’écriture.
[12] Il importe en effet de banaliser l’amour des hommes sur le ton de « Nous sommes des gens ordinaires ! » Tongzhi yi fanren. 同志亦凡人. Rappelons encore l’intégration du sexe aux valeurs des anciens Chinois, ainsi que l’exprime le mot de Maître Gao Gaozi (tournant du -IIIe siècle) : « La sensualité et le goût de la bonne chère sont dans la nature humaine. » (Livre de Mengzi, XI-4).
« Egayer la culture dominante » rend Queering the mainstream, orientation définie par le militant hongkongais Zhou Huashan 周華山 (Chou Wah-shan), dès la fin des années 1990.
[13] Titre d’une ballade de la dynastie Tang (618-907), âge d’or de la poésie chinoise.
[14] Le deux-pièces cravate, bien que parfaitement anti-concupiscent, fait fantasmer depuis longtemps les Japonais sur une tenue symbole de l’autorité et de la domination du financier, métier masculin par excellence.
[15] Image de la beauté – féminine – pulpeuse et un peu vulgaire, ici détournée pour les replis du cœur de la fleur. La fleur de chrysanthème juhua 菊花 – le fion en argot japonais passé en chinois – a paru à Guangye trop directe et trop commune.
[16] Bien des portraits de la peinture lettrée et d’estampes représentant individuellement des séries de personnages de romans et de pièces de théâtre préfèrent saisir une expression, une position révélatrice d’un caractère à la ressemblance physique.
[17] La très officielle fondation pour l’Enfance de la fédération des Femmes chinoises (Pékin), le grand hôtel Xianheng (à Shaoxing, Zhejiang), pas particulièrement connu comme gai, et un temple bouddhique du mont des Cinq terrasses, (à Xinzhou, Shanxi, mais la chasteté des moines n’est point garantie).
[18] Couleur à la mode en décoration.
[19] Fondé par les mécènes Guy et Myriam Ullens, premier centre artistique privé en Chine, fondé en 2007 sur une surface de 8 000 m2.









