par Christophe Comentale et Frédéric Harranger
Dans le silence feutré et modulé de son atelier-jardin de Saint-Cyr l’École, Catherine Pomper livre de temps à autre à un public de collectionneurs et de curieux des images qui vont et viennent parmi des pans de son imaginaire. Ainsi en va-t-il de cette prestigieuse et éphémère installation, Amerrir à l’orée de ses rêves (ill.1, 2 et 3)



Quelques éléments biographiques
Originaire de Malo-les-Bains, une ancienne commune du département du Nord intégrée dans l’agglomération de Dunkerque, Catherine Pomper s’intéresse tôt à l’image, à l’art et tout autant à l’écriture poétique. Sa sensibilité à cette image qui retourne la tête dans tous les sens et donne une présence autre et forte au monde, lui vaut, dès l’enfance, un encouragement familial avec la pénétration dans le monde des musées : la fréquentation des expositions et une orientation inévitable dans le secteur des arts plastiques. Après un cursus à Paris-Sorbonne et l’obtention d’une maîtrise en arts plastiques, la jeune artiste va s’impliquer dans des expérimentations aussi exploratoires que les domaines du dessin, de la peinture et tout autant de la photographie. En parallèle à sa carrière de créatrice, elle s’attache à la diffusion des connaissances en dispensant un enseignement dans cette matière et, surtout, en donnant à son tour accès à un monde intérieur aux élèves qui éprouvent ce besoin sensible.
De la pluralité des techniques
Gravures — surtout à la pointe sèche, à l’eau-forte et à l’aquatinte — et aussi monotype, se combinent parfois en collages improbables tandis que le dessin et le livre d’artiste sont d’autres approches à ces modes d’expression larges.
Désireuse de s’amuser et de présenter une œuvre qui soit la synthèse, le manifeste de ce que peut être un travail abouti après quarante ans d’une activité de création intense, Catherine Pomper s’est colletée à l’installation, mode d’expression et de scénographie à la fois envahissante par ses proportions gigognes et non maîtrisables, autant que chacune de ses parties, en l’occurrence réunies temporairement, vont maîtriser un pouce carré de l’univers.
L’installation aux 40 éléments
Un point de départ à l’égal de celui d’un conte : dans quarante petites boîtes en carton ont été rangés quarante films scolaires. Ces derniers sont remplacés par des contenus retraçant des films de voyages fictifs. Ces films fictifs sont réalisés sur des bandes de papier japonais Tosa shi — invitation au voyage oblige ! en fait, cette utilisation d’un tel papier est plus pragmatique, en l’occurrence, liée à sa facilité de manipulation lorsqu’il est roulé afin de devenir ces 40 bobines fictives. Les contenus sont gravés à l’aquatinte en deux couleurs et en quelque sorte similaire à la binarité induite par la présence contraire du noir et du blanc.
Ces interventions spatiales, qui peuvent être éphémères et quasiment polymorphes, Catherine Pomper ne les disjoint jamais de son approche poétique qui vient se substituer au réel à la façon d’un de Chirico.
« Pour moi — dit-elle — il est important de toujours lier mon travail à mon écriture poétique. Parmi les recueils de poésie qui jalonnent aussi mon parcours, je pourrais proposer le dernier « Équation de la Pivoine » et « A La Une », œuvre qui est maintenant dans les fonds de la médiathèque d’Issy-les-Moulineaux ».
Par ailleurs, toujours au fil de ce parcours entre textes et images, images et signes, le plaisir des installations se retrouve dans des œuvres comme Inventaire (ill.4) ou Secrets d’atelier (ill.5).


Rappels documentaires
- Catherine Pomper, Gravures et livres d’artiste, 1998-2008, catalogue réalisé par Marie Genty. Saint Cyr : Les Ancolies, 2008. 80 p. : ill. Index.
- Catherine Pomper Équation de la Pivoine, texte de Catherine Pomper, peinture de Claire Amossé. Saint Cyr : Les Ancolies, 2022. 50 ex. 36 folios.
- Catherine Pomper, Inventaire. Ex. unique, 55cm x 28cm. Saint Cyr : Les Ancolies, 2002. 12 gravures légendées, aquatinte et notes d’archive manuscrites, chemise de carton, ficelle et tarlatane.
- Catherine Pomper, Secrets d’atelier, texte et interventions de Catherine Pomper. Saint Cyr : Les Ancolies, 2022. Boîte à malices mise en forme par Zoé Itten. 70 ex. num. et sig. Coffret :16 cm x 16 cm. (folios) 6 calepins.