« Stations », notule sur une œuvre-prédelle d’Alain Cardenas-Castro

 
 

 


 

 

 


Alain Cardenas-Castro, Stations (2010)

Acrylique sur papier Canson, deux parties complémentaires, au total, 36 x 30 cm. Pour la partie haute, 30 x 30 cm, quant à la frise ou prédelle, 6 x 30 cm.


Cette notule fait suite à la donation récente d’une œuvre d’Alain Cardenas-Castro. L’œuvre se compose d’une partie supérieure de grand format, elle est complétée à sa partie inférieure par une frise mobile en accordéon, emblématique du style parcellaire qu’assument les œuvres, fresques, peintures portables, aussi des livres, de nombre de peintures portables ou de livres d’artistes réalisés au format accordéon.

Coloriste, l’artiste va vers des polychromies éclatantes ou usées auxquelles il confère un rythme narratif, l’approche synthétique et complexe d’un univers fait de séquences de vie à travers les images et les mots. Les peintures, d’un tenant ou portables, viennent sur un fond en toile, en papier épais ou carton. Les papiers proviennent aussi des papeteries taiwanaises de Puli – situées au centre de l’île – ou de la province du Anhui en Chine continentale. Le fond – ici réalisé sur papier Canson – est peint d’un rouge vermillon vif sur lequel est représenté en partie haute un motif issu du langage graphique, en l’occurrence de circonvolutions dont les points de convergences sont parsemés de mots. Pour la partie basse, une structure quadrillée née du pli, marqueur de successions, de manipulations, de lectures. Les carrés se superposent presque exactement sur les plis précédemment effectués, laissant une réserve usée, une zone de transition calme entre ces impressions. Enfin, au tampon, les lettres sont imprimées au rouge de cadmium clair, ton cher à Vasarely

Le travail conjugue des segments lettrés, des polychromies sérielles, éléments de l’art postcinétique qui relient souplesse entre fond et signes. C’est dans cette même esthétique que les voyelles et consonnes de chaque ligne, quatre ou cinq selon les formats, créent des mots à lecture horizontale ou parfois aussi, verticale. L’artiste fait ici le lien avec ses dessins, souvent rehaussés de typographies ou de grilles devenues des réceptacles à mots.

Pliées, les œuvres sont autant livre-objet que curiosité postlettriste dont l’impact de la lettre calligraphique est appliqué avec talent et humour à une œuvre d’abord portable puis conservée et protégée de l’usure du temps comme tout objet patrimonial qui nécessite une permanence au regard.

Les oeuvres sur papier, les carnets de dessins, les gravures traduisent le vocabulaire graphique de ce dessinateur, de la mandorle au test de l’oursin.

En parallèle aux œuvres de grands formats, le travail de dessin, soit pour des œuvres préparatoires, soit pour explorer un thème, est un receleur des recherches souvent occultes auxquelles s’adonne Alain Cardenas-Castro avant que cette étape transitionnelle soit jugée suffisante pour devenir un point de référence, de départ vers d’autres buts esthétiques, porteurs des envies de ce créateur.

Que le format soit modeste ou atteigne des dimensions plus imposantes, Alain Cardenas-Castro reste pris comme dans un jeu dont il va négocier le processus. « Je reste – dit-il – attaché à des formats qui peuvent donner au à l’œuvre comme au livre l’imposante présence des polyptiques ! » (ChC)

 

Renvois bibliographiques

 

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