OBJETS ET COLLECTIONS (5). Une nomination mandarinale (Chine, fin 19e s.)

Gravure sur bois en couleurs, 50,5 x 45 cm. Original peint au lavis sur papier, monté en rouleau après marouflage.

par Christophe Comentale

UN DES RÔLES de la gravure sur bois, en particulier de la gravure de Nouvel an chinois, est de commémorer les événements qui se produisent au fil de l’existence. Il en va ainsi lors de la nomination de fonctionnaires. Ces nominations décident de l’avenir d’individus représentant le pouvoir impérial à tous les échelons possibles du pays,

(ill. 2)

La forme relativement soignée de l’œuvre suppose le travail d’un peintre, spécialiste confirmé pour la réalisation de ce type d’œuvres, sachant utiliser avec efficacité la liberté qui accompagne cette réalisation, en particulier pour le traitement des détails, nombreux et bien aboutis.

L’œuvre n’est pas traitée en perspective fuyante mais en perspective plane (ill.1) ; les différents épisodes constitutifs de cette séquence historique contiennent des détails emblématiques de cette gravure, ils nécessitent quelques explications. La lecture de cette image proposée comme une procession trouve son début (ill.2) à la partie inférieure, la fin de l’épisode étant à la gauche de la partie supérieure (ill.3).

1- le lauréat aux examens impériaux est représenté en robe de cérémonie et bonnet à ailettes molles, chevauchant sur sa monture.

2- trois serviteurs précèdent le lauréat : deux porteurs de lanternes, vêtus de costumes de minorités, le lampion de droite indique que le vainqueur suit, tandis que celui de gauche explique que le fonctionnaire est chargé des entrepôts d’Etat. Vu en élévation, un 3e serviteur tient à deux mains une plaque donnant le nom du candidat du clan Yang [楊記].

3- six séquences secondaires ou accessoires insistent sur les conséquences positives de cette réussite, la fortune, la richesse. À la droite des accompagnants du mandarin, un marchand ambulant pousse une voiture à bras contenant des accessoires symboles de richesse, des lingots et des monnaies.

4- A la partie supérieure, un porteur tient une imposante ligature de sapèques qui se termine d’un côté avec un crapaud à trois pattes et de l’autre par une gourde d’immortalité d’où sortent des lingots et des sapèques. Au centre, la corbeille aux trésors [寶盤] surmontée de trésors et de sapèques, des coraux sur courte tige, et, au sommet de l’ensemble, un cheval intercesseur entre les hommes et les dieux [紙馬]. Une autre femme, un motif floral dans la chevelure, laisse s’échapper d’une corbeille en vannerie des objets propitiatoires, lingots et sapèques.

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