Le Musée chinois du quotidien

Le fonds François Dautresme, collectionneur, photographe et marchand du quotidien chinois.

par Christophe Comentale

Inauguration le 11 juillet 2018 à 19h au centre culturel OMDP de Lodève.

François Dautresme et Françoise Dautresme © Archives Françoise Dautresme

« Il ne viendrait pas à l’idée d’un Chinois de fabriquer quelque chose de laid. Pour lui un objet beau étant un objet bien fabriqué, et l’objet bien fabriqué étant un objet utile, seul l’utile est beau et le beau est forcément utile. L’économie dicte le geste. L’artisan prend ses ordres auprès du matériau. Le matériau donne une seule réponse. Le génie va de pair avec la récupération. Et comme en Chine tout se tient et que les contraires font bon ménage, on admet qu’une maison et sa cour, correctement orientées, représentent le monde, que trois perspectives opposées puissent coexister sur une peinture de paysan, que tous les matériaux aient le droit d’exister, que la langue écrite soit un artisanat qui rend service à la réalité des choses et que le mot soit fabriqué comme un objet ».

Françoise Dautresme, Le voyage en Chine, Paris : FD, 1976.

François Dautresme en Mongolie intérieure avec WU Xiaolan (fin des années 1990) © Archives Françoise Dautresme

Le siège du centre culturel OMDP (Ô Marches Du Palais), une superbe chapelle bâtie en 1865, est situé dans le centre historique de la ville de Lodève, un pâté de maison derrière la halle dédiée au sculpteur Paul Dardé. Le bâtiment a été restauré depuis une dizaine d’années par le propriétaire du lieu, Jean-Christophe Mironneau, sculpteur de formation et désireux de promouvoir des événements hors du commun. Ainsi, sur trois niveaux, soit près de neuf cents mètres carrés, il encourage, depuis plusieurs années, des mises en place d’expositions présentant des pans originaux de l’histoire de la création en Occident et en Asie sinisée.

Il est épaulé en cela par Didier Scuderoni, Directeur des expositions, commissaire exécutif du projet. Ce chercheur libre est aussi le scénographe régulier d’expositions patrimoniales dont certaines en liaison avec différentes institutions, dont l’université des arts de Taiwan, le Muséum national d’histoire naturelle, l’institut de recherches de Dunhuang. Le lieu accueille aussi des événements associatifs et des journées d’études en liaison avec les expositions.

L’intérêt de Didier Scuderoni pour les pièces collectionnées par François Dautresme est lié, notamment, à sa connaissance de la Chine et de Taiwan, lieux où il s’est rendu de façon répétée pour la mise en place et les choix de pièces destinées à des événements culturels sur la diffusion des connaissances et la mise en valeur des collections. A cela s’ajoute son aura de spécialiste de matériaux comme le bois, la céramique, domaines dans lesquels il a reçu une formation spécifique. Il travaille en étroite collaboration avec différents scientifiques et professionnels qui ont, d’ores et déjà, rejoint ce lieu et dont Françoise Dautresme, parente et collaboratrice du collectionneur, est la présidente d’honneur.

Afin d’accompagner cette ouverture, un comité scientifique composé de chercheurs et d’universitaires soutient ce projet : Emmanuel Lincot, sinologue, professeur à l’Institut catholique de Paris, Marie Laureillard, sinologue, maître de conférences à l’université de Lyon, Anna Romanello, professeur à l’Institut des Beaux-arts de Rome, Lucie Rault, sinologue, Muséum national d’histoire naturelle…

De l’activisme comme recherche et connaissance du terrain

En 1966, la CFOC (Compagnie Française de l’Orient et de la Chine) est créée par François Dautresme (1925-2002), qui arpente, dès 1963, l’Empire du Milieu. Cet homme singulier n’était pas inconnu à ce binôme lodevois très actif. Il en est encore de même pour nombre de collectionneurs, d’amoureux des arts graphiques de ce pays qui ont été des clients de ces différentes boutiques, toutes désireuses de montrer des objets « beaux » réalisés dans des matériaux naturels et pour un prix tout à fait abordable. Lorsqu’un associé indélicat pousse François Dautresme et son équipe hors de la société, ce dernier doit faire face à cette adversité lourde. Ce qu’il fait en repartant en Chine, dans différentes régions du pays, afin d’y sélectionner des pièces d’artisanat larges et diverses ou des objets qui sollicitent sa curiosité. La collection est menée en parallèle à cette activité. C’est ainsi qu’un noyau fort de pièces en différents matériaux s’étoffe considérablement. La terre, le bambou, le papier, le bois, le métal, autant de matériaux qui vont sublimer une production unique.

Durant quarante ans, François Dautresme a manifesté une insatiable curiosité des savoir-faire, pour un patrimoine lié au quotidien, à l’archéologie et à des aspects divers de la culture chinoise qu’il craignait de voir disparaître à tout jamais. Ce qui l’a poussé à parcourir les campagnes de la Chine, du Henan à la Mongolie, et jusqu’aux lisières des sables du Taklamakan. François Dautresme, comme le rappelle Françoise Dautresme, designer, femme de lettres, collaboratrice de toutes les heures et collectionneuse aussi, est devenue la gardienne de ces trésors. « Il faisait inlassablement l’éloge de l’essentiel, de cet Art de vivre, art de survivre, repris pour l’exposition que la Fondation Miro’, à Barcelone, lui a consacré en 1995. En 2000 une exposition de prestige, L’emballage en Chine sous les Qing, a lieu à la Cité interdite sous la direction de Yang Xin. Six ans plus tard, Chine, trésors du quotidien est présentée au Forum Grimaldi de Monaco – du 10 avril au 16 mai 2010.

Avec Chine, célébration de la terre, en l’Espace Fondation EDF, à Paris, est exposé à l’automne 2010, un ensemble de pièces qui met l’accent sur le raffinement des objets de vannerie adaptés à chaque usage. « Pour chaque tâche, un récipient, un outil adéquats et une étonnante noria de bois ». Ajoutons que ce marchand à l’œil sûr se double d’un collectionneur mû par une sensibilité forte. François Dautresme a, en effet, aussi bien rassemblé des terres cuites funéraires que des céramiques et porcelaines populaires ou tout autant des pièces de grande qualité, céladons Song, bleus et blancs ou monochromes, notamment Qing, des laques rouges et noires, des jades, pierres dures, bijoux, perles et plumes, bronze et pâte de verre, des parures en plume de martin-pêcheur, des meubles populaires ou en huanghuali, comme ces tables à luth horizontal, ces cabinets ou l’extraordinaire paire de chaises de repos dont l’assise et le dossier sont de superbes plaques de pierre céladon. On découvre aussi des objets rares de lettré : pots à pinceau aux patines séculaires nés de racines ou de troncs disparus, pierres de rêve associant calligraphie et propos poétiques. Une place importante est faite aux soieries et broderies, vêtements et ornements. Le rare n’empêche nullement la présence des objets populaires, de médecine traditionnelle ou de la Révolution culturelle, statues de Mao, collages et images, jouets d’enfants et théâtres d’ombres, instruments et outils, cerfs-volants et estampes, chapeaux et ombrelles, cirque à souris et arènes à grillons… Une sélection de livres pratiques : manuels de médecine traditionnelle chinoise, flores, voisine avec d’étonnantes et désormais rares gravures sur bois de Nouvel an,…

 » Celui à qui un spécialiste de la Chine avait décerné le titre de  » Guimet de la Chine quotidienne  parcourt la Chine avec une double casquette: le commerçant digne héritier de la Route de la Soie, désireux de faire connaître la culture du quotidien chinois et tout particulièrement celle du monde paysan et dont il prévoyait la lente disparition. Il est également le collectionneur dont José Artur disait qu’il avait l’œil absolu qui attribuait la même importance à une cage à grillon en bambou et à une céramique Han. Cette passion pour la Chine, il l’avait héritée de son oncle Jacques Dautresme, Capitaine au long cours aux Messageries Maritimes, homme qui lui avait transmis son amour pour ce pays.

 La fin d’une quête

Le 10 octobre 2017, l’étude Piasa a dispersé plusieurs milliers d’objets. Une scénographie adaptée à la masse des pièces à vendre a réuni un nombre important de collectionneurs français et étrangers dont nombre de chinois désireux de pouvoir acquérir ces pièces qui sont de plus en plus rares en Chine. En raison de leur provenance, les objets, ont atteint des prix parfois surprenants ou paradoxaux… Certains, mal identifiés, ont disparu, mal cernés…

Comme le rappelle Françoise Dautresme, « cette vente est autant un succès qu’un échec, celui qui n’a pas permis de mener à son terme la recherche d’un lieu de mémoire pour les collections de François Dautresme ». C’est pourquoi, afin de pallier ce manque, elle a, en parallèle avec cette énorme dispersion, commencé une patiente politique de donation à des institutions patrimoniales : gravures chinoises de Nouvel an et xylographies ethniques à la bibliothèque du Muséum à Paris dès 2017. En février 2018, le musée Louis Vouland d’Avignon a été destinataire de pièces patrimoniales destinées à étoffer des fonds qui privilégient la richesse des arts graphiques. Durant la même période, un ensemble de livres anciens et de manuscrits chinois sont entrés dans les fonds de la bibliothèque de Fels à l’Institut Catholique de Paris. D’autres institutions chinoises comme l’université de Tianjin, spécialisée dans les images populaires, ont fait savoir leur intérêt pour ces pièces précieuses.

Quant à l’ensemble de quelque 35 000 photos laissées par François Dautresme, il nourrit le récit de ces campagnes oubliées, bousculées par la course effrénée à la modernité. Un patrimoine exceptionnel qu’il faut montrer pour assurer sa survie. Françoise Dautresme a entrepris de trouver un lieu qui soit en mesure de les valoriser. Elle n’exclut aucune piste, pas même celle d’une vente spécialisée si les institutions ne manifestent pas un réel intérêt pour cet ensemble unique, comme le constatent les conservateurs spécialistes de la photographie.

Souvenir.

Le texte poétique présenté ci-après – suivi de sa traduction – a été écrit pour François Dautresme par Monsieur Yang Xin 杨新 en poste à la Cité interdite de Pékin, en souvenir de sa visite dans un village de la province du Shanxi. Il rappelle le sens de certaines de ces images liées au milieu rural qui facilite une esthétique appropriée à ce binôme Homme – Nature :

曲曲弯弯溪畔路,重重叠叠眼前山。

和烟和雾村边树,自去自来童牧还。

Face au regard, la route et une crique en lacets, les montagnes enchevêtrées,

Des arbres, un village entre nuées et brumes, les allées et venues du jeune gardien de troupeaux.

Un musée de la Chine du quotidien

Françoise Dautresme a choisi le centre culturel OMDP de Lodève, un établissement libre face aux structures institutionnelles, comme lieu de mémoire destiné aux collections. Elle a remis fin décembre 2017, quelque cinq cents pièces au Centre culturel de Lodève, à charge pour lui de les répertorier, classer, valoriser pour qu’elles puissent, le cas échéant, être étoffées. Comme le constate Didier Scuderoni, « nous avons, dans un premier temps, installé les fonds ainsi collectés, dans une réserve destinée au tri, à la mise en ordre thématique de ce fonds qui devra éclairer d’un jour particulier la richesse des métiers chinois liés au monde rural ». Des donations complémentaires sont en cours, ce qui devrait permettre d’atteindre un millier de pièces.

Parmi ces pièces, le bureau, le fauteuil de François Dautresme, des meubles chinois qui étaient son quotidien, des cahiers manuscrits dans lesquels il consignait ses achats, déplacements. Il y dessinait aussi les objets qu’il trouvait en tous lieux. Les pièces ne sont pas liées à la collection, mais illustrent le processus de travail de cet homme hors du commun. Ce long et délicat traitement va aller de pair avec la mise en place d’un espace muséologique destiné à devenir dès la deuxième moitié de 2018 un lieu permanent sur un des niveaux du centre.

Dès le début du deuxième trimestre de cette même année 2018, le 20 avril, une exposition de préfiguration a réuni un florilège de pièces de toutes sortes présentées selon un classement thématique. Cette première approche a permis aux visiteurs nombreux de comprendre l’intérêt de ces objets. Quelques gravures de Nouvel an, des collages somptueux dont le musée possède un fonds important, de même une riche collection de pièces relatives au grillon, au pigeon, des outils destinés au travail de la terre, à la réparation des instruments divers. Un fonds d’objets de la période maoïste a aussi rejoint le centre. « Nous continuons la restauration de pièces de dimensions peu courantes – confie encore Didier Scuderoni – comme cette voiture à cheval Qing (ère jiaqing, [1796-1821] ), acquise par François Dautresme au musée de Nankin – que des caractères de longévité ornent. Cette pièce est elle aussi le reflet de la générosité de Françoise Dautresme, qui ne cesse d’encourager notre entreprise. Mais nous souhaitons garder le mystère sur certains objets qui seront présentés lors de l’inauguration de ce musée chinois du quotidien, manifestation à laquelle sera présente Françoise Dautresme. Il faut aussi rappeler l’implication de Jean-Christophe et Fatna Mironneau ainsi que de toute l’équipe qui concourt à cette belle aventure ».

Il est prévu, dès que possible, de publier un catalogue des pièces les plus représentatives. Ce travail est en cours, sous l’égide du comité scientifique. Il permettra d’actualiser le catalogue rédigé par François et Françoise Dautresme, Méomoire de la Chine, publié lors de l’exposition qui s’est tenue au musée des arts décoratifs de Bordeaux en 2004.

A terme, au fil des recherches entreprises avec des institutions spécialisées, par exemple afin d’accompagner des expositions temporaires, des articles plus monographiques seront rédigés. Différentes institutions chinoises sont, d’ores et déjà prêtes à apporter leur contribution à cette action destinée à ne pas effacer la place de ce grand amateur de la Chine de la deuxième moitié du XXe siècle qu’a été François Dautresme.

A Françoise Dautresme le mot de la fin. Comme elle aime à le rappeler : « plus connu en Chine qu’en France, François Dautresme était à la fois pour les Chinois un capitaliste clairvoyant et Lao Du, ce qui le faisait entrer dans l’intimité de la Chine quotidienne ».

François Dautresme et un marchand de grillon (2000), Pékin © Archives Françoise Dautresme

Eléments bibliographiques

Articles                                                                                                                          

Catalogues d’expositions

  • Mémoire de la Chine : Hommage à François Dautresme / Françoise Dautresme ; préface d’Alain Juppé.
  • [Exposition. Monaco, Grimaldi forum. 2004]. Chine, trésors du quotidien : sur les traces de François Dautresme : [exposition, 9 avril-16 mai 2004, Grimaldi Forum] / [catalogue sous la dir. de Jean-Paul Desroches]. Milano : Skira, 2004. 195 p. : ill. Bibliogr. pp.194-195.

 

杜泽林博物馆 收藏家、摄影家、中国器物商人杜泽林(François Dautresme)收藏。

柯孟德(Christophe Comentale) 撰文

开幕仪式:2018 年 7 月 11日 19 时,罗代夫 OMDP 文化中心 (centre culturel OMDP de Lodève) 开放时间:周二至周日,上午10点至下午1点,下午4点至晚上8点。 联系电话:+33 4.67.88.03.31

“我们想不出一个中国人会做出什么丑陋的东西。对中国人来说,一个美的东西必定是 制作精良的,而一个制作精良的东西必定是有用的,有用才是美的,而美也必定是有 用的。经济思维决定了这一姿态。工匠遵从材料的特质,材料也会给出唯一的答案。 创造力与重复使用的价值并重。在中国,所有东西都联系在一起,相互对立的事物也 会得到很好的安置。我们看到,一个朝向恰当的房子和庭院代表着整个世界,三种相 反的视角可以共存于一幅农民画中,所有的材料都有存在的权利,书面语言是一门服 务于事物真实性的艺术,它的文字是作为一个物体被创造出来的。” 杜泽林的堂妹(Françoise Dautresme),《中国之旅(Le voyage en Chine)》,巴黎:FD,1976。

OMDP( Ô Marches Du Palais)文化中心原本是建于1865年的一座美轮美奂的礼拜堂, 在罗代夫市(Lodève)古城区的中心,位于以雕塑家保罗·达尔德(Paul Dardé)命 名的集市的后面的一栋建筑物。建筑的主人是让-克里斯多夫·米罗诺(JeanChristophe Mironneau),他是雕塑家出身,十几年来对这个建筑不断的进行修复,形成 了三层楼近乎九百平方米的空间,以便在这里举办各种丰富多彩的活动。多年来,他 一直鼓励在这里举办关于西方和亚洲中国文化圈的艺术展览。 这个计划得到了展览总监和执行策展人迪迪耶·苏德罗尼(Didier Scuderoni)的支 持。他是一位自由职业研究员,同时也是许多常规博物馆展览的布展专家,这些展览 与各种机构合作举办,其中包括台湾艺术大学,法国国家自然历史博物馆,敦煌研究 院。这个地方还举办与展览有关的社团活动和研讨会。 迪迪耶·苏德罗尼对杜泽林的收藏之所以充满兴趣,乃是因为他本人对中国和台湾地 区有着相当了解,他曾参与诸多传播藏品的知识和价值的文化活动,多次往返海峡两 岸,挑选用于展览的物品并且进行布展。值得一提的是,他还是一些材料如木器、瓷 器的专家,曾受过这些领域的专业培训。他还与各种科学家和专业人士展开过密切合 作,已经在这个地方举办过活动,其中包括杜泽林的亲人和收藏合作者,杜泽林的堂 妹作为活动的荣誉主席。 杜泽林博物馆的开放,离不开一个由研究人员和学者组成的科学委员会的支持,他们 是:巴黎天主教学院教授、汉学家伊曼纽尔·林国(Emmanuel Lincot), 里昂大学讲 师、汉学家玛丽·洛瑞亚德(Marie Laureillard),罗马美术学院教授安娜·罗马内洛 (Anna Romanello),以及法国国家自然历史博物馆的汉学家侯绿曦(Lucie Rault)等 人。

 

行动主义作为田野研究的指导

自1963年以来,杜泽林(François Dautresme,1925-2002)一直对中国进行田野调查, 他在1966年创立了 CFOC(东方与中国法国公司,法语为 Compagnie Française de l’Orient et de la Chine)。 这位活跃人士在罗代夫本地享有盛名。他开了许多家商店,极 力展示了用天然材料制作的“美的”物品,以合理的价格招徕了众多收藏家和书画艺术 爱好者。但杜泽林和他的团队后来被一个不择手段的合作伙伴挤兑出了公司,他只能 面对这一沉重的困境。于是他再次出发去往中国内地的不同地区,搜罗和挑选满足其 好奇心的各种大件而多样的制造物品。在这期间他也展开了收藏活动。他的收藏的物 品有一个核心特征是材质多样,包括陶土、竹子、纸张、木材、金属等等,只要是用 在了精美制作的器物上。

其后的四十年间,杜泽林对中国文化方方面面的日常生活器具和考古文物都表现出了 持久的好奇心,他总是担心这些东西有朝一日会永久地消失。从河南到内蒙古,甚至 到塔克拉玛干沙漠的边缘,他的热忱的足迹遍布了中国的乡野。他的亲属弗朗索瓦 丝·杜特莱姆,本是一个设计师和文人,成为了他的密切合作者和收藏家,守护着杜 泽林的这些宝藏。杜泽林对生活本质的赞颂从未停歇过,1995年巴塞罗那米罗基金会 专为他做了一个展览,题为《生活的艺术,生存的艺术》。2000年在杨新的指导下,故 宫博物馆举办了《清代宫廷包装艺术展》。六年后,即2010年4月10日到5月16日,《中 国,日常的宝藏》大展在摩纳哥格里马尔迪会议中心举办。 2010年秋季在巴黎 EDE 基金会空间举办的《中国,土地的庆典》展览上,展出了一整 套篾条编制的各种用途的器物。弗朗索瓦丝·杜特莱姆这样形容:“每一个任务,对 应着一个容器,一个盛水工具,一台惊人的木质水车。”杜泽林是一个眼光犀利的商 人,更是一个被强烈敏感力驱使的收藏家。他的收藏不仅有墓葬陶器,平民使用的瓷 器,还有品质上乘的宋代青瓷,尤其是清代的青花瓷和单色瓷,此外还有红黑漆器、 玉器、石头、首饰、珍珠、羽毛、青铜、琉璃、翠鸟羽毛饰物、平民家具或黄花梨木 家具,比如这里的古琴案几、橱柜,以及一对底座和靠背都镶嵌着浅绿石板的精美躺 椅。在他的收藏中我们还能看到一些奇珍文人器物:有着古色光泽的树根精雕而成的 笔筒,有书法题诗的雅石。另一个重要的部分是丝绸、刺绣、服装和装饰品。除了罕 见的物品之外,那些流传于平民百姓生活中的物品也在他的收藏范围,从传统医学到 文化大革命的毛泽东雕像,从剪纸年画到儿童玩具和皮影戏,从仪器工具到风筝和拓 片,甚至帽子斗笠,斗蟋蟀的笼子…… 还有一些实用的书籍:传统中药手册、植物花 卉图谱,毗邻着如今已罕见的精美年画雕版木刻等等等等。 有一位中国专家曾给与杜泽林“日常中国的吉美”的称号,因为他不仅一位对传播中 国日常文化抱有极大热忱的丝绸之路上的传统商人,尤其是他感觉到,中国农民的日 常生活正在缓慢消失;同时他还是约瑟·亚瑟(José Artur,法国国家广播电台主持 人)所称的“慧眼独具”的收藏家,他将一个蟋蟀竹笼子和一件汉代陶器视为同样重 要。他对中国的这份热情来自于他的叔叔雅克·杜特莱姆,他曾是法国轮船公司的远 途轮船船长,对中国极为爱慕。

田野调查的结束

2017年10月10日,Piasa拍卖行将成千上万件藏品散卖掉了。摆出来卖的巨大摊位吸引 了法国国内外众多重量级藏家前来,其中包括来自中国的藏家们,他们渴望买到这些 在中国变得越来越罕见的物件。由于他们的到来,某些物件价格飙升,甚至到了不可

 

思议的地步……还有一些,在没有得到很好地鉴定的情况下,就散落在尘世间了…… 就像弗朗索瓦丝·杜特莱姆说的,“这一场拍卖,虽说成功,但其实也很失败,它并 没有促使杜泽林的收藏品最终变成一个追寻记忆的场所。”因此,为了弥补这份缺 憾,她在这次巨大散卖行动的同时,慢慢开始了协商将藏品捐赠给一些遗产机构:从 2017年开始,中国年画雕版和木刻画捐给国家自然历史博物馆的图书馆;2018年2月, 一些具有遗产价值的藏品捐给了路易·乌朗博物馆(musée Louis Vouland),极大丰富 了其书画艺术馆藏;在同时期,一整套重要的中国古籍和手卷进入了巴黎天主教学院 的菲勒斯图书馆(bibliothèque de Fels)。其他一些中国的机构,如关注民间图画的天津 大学,也对杜泽林的珍贵收藏表示出了接收意愿。 而杜泽林留下来的一套35000多张照片,展现了他足迹所布的那些乡村,在飞速现代化 的过程中被遗忘和碾压的面貌。为完好保存这份资料,杜泽林曾着手寻找一个专门的 空间来好好展现这份藏品的价值。假如某些机构并没有对这套独一无二的收藏表现出 真正的兴趣,那么它们也别想通过专门的拍卖渠道来获取这份收藏,有很多专门收藏 摄影的博物馆研究员就曾被这样拒绝过。

纪念

下面这首诗,曾是就任于北京故宫博物院的杨新先生写给杜泽林的,为纪念他到访山西 的一个村庄。他在诗中描述了乡村的风景,阐发了人与自然相融相洽的美学:                                                                   曲曲弯弯溪畔路,重重叠叠眼前山。 和烟和雾村边树,自去自来童牧还。

一座关于日常中国的博物馆

杜泽林的堂妹最终选择了罗代夫的 OMDP 文化中心,这个并非体制机构的地方,将它建 成一个放置杜泽林藏品的记忆场所。她在2017年12月末,将约五百件藏品运送到罗代 夫文化中心,委托文化中心将藏品清点归类,发扬它们的价值,以便日后在必要时对 收藏规模进行补充。就像迪迪耶·苏德罗尼所说,“我们在最初阶段将这些库藏原样 保存在库房里,以便进行挑选和按主题归类,它们必将在日后彰显出中国手工行业在 乡村的丰富面貌。”补充的捐赠还在进行中,最终会到达一千多件藏品。 这些藏品中,中国的家具成为了杜泽林日常使用的办公桌和座椅,在那些手写笔记本 中写满了他购置记录和旅行笔记。他还绘制了他在各地找到的物品的图样。这些并不 属于收藏的物品,记录和见证了这个非凡人物的工作进程。在对藏品的精细而又漫长 的处理的同时,从2018年下半年开始,文化中心的其中一层将会建成一个常规博物馆 空间。 2018年春季,从4月20号开始,我们将各类藏品按主题做了一个馆藏精选预展。这些藏 品的初次展示,吸引众多参观者注意到了它们的丰富价值。博物馆的重要馆藏包含了 中国年画的雕版,绚丽的拼贴画,丰富的跟蟋蟀、鸽子相关的物品,各种农耕工具, 以及修理各种器物的工具,最后值得一提的还有毛泽东时期的一些物品。迪迪耶·苏 德罗尼说道:“我们在继续修复一些非常规尺寸的物品,比如这辆饰有长寿字符的清 代嘉庆年间的马车,它是杜泽林从南京博物馆收购来的。这件物品见证了弗朗索瓦 丝·杜特莱姆的慷慨气度,她总是不断地支持和鼓励我们的工作。但我们也希望保持 一些物品的神秘面纱,等到杜泽林博物馆开幕仪式上再现场揭开它们的面纱,届时弗 朗索瓦丝·杜特莱姆还会致辞。我们还必须铭记让-克里斯多夫·米罗诺以及所有参与

 

到这场华丽的冒险中所有团队人员做出的贡献。” 我们计划尽快出版一份最具代表性的藏品的收藏目录。这项工作正在科学委员会的主 持下进行。这对杜泽林和他的堂妹 在2004年为波尔多装饰艺术博物馆举办的《中国记 忆》展览编撰的画册是一次重要的更新。 之后,在与专业机构展开研究的过程中,例如在临时展览的同时,我们还将编写更多 的专题文章。中国的各种机构也已经准备好一起参与到这一行动计划中,这一切都是 为了让人不要忘记二十世纪后半叶这个热爱中国的伟大人物——杜泽林。

以杜泽林的堂妹的话作为结尾吧。正如她常常提起的那样,“杜泽林在中国比在法国 更为广人知,在中国人眼里,他既是一位‘眼光独到的资本家’,也是让他与日常中 国建立了亲切关系的‘老杜’。”(翻译 胡嘉兴)

参考书目

文章                                                                                                                                                                                       Comentale, Christophe, Des collections entre éphémère et permanent : la fondation-musée Louis Vouland et la collection François Dautresme.                                                                                                         来源: blog Science et art contemporain https://alaincardenas.com/blog/evenement/descollections-entre-ephemere-et-permanent-la-fondation-musee-louis-vouland-et-la-collectionfrancois-dautresme/ Comentale, Christophe, Les trésors du lettré, quatre ou sept ?                                                       来源: blog Science et art contemporain https://alaincardenas.com/blog/evenement/les-tresorsdu-lettre-quatre-ou-sept/

Comentale, Christophe, La collection Dautresme sera finalement vendue,                                                                 In: L’Estampille/L’Objet d’Art, oct. 2017 (538), pp. 14-16 : ill. Dautresme Françoise, Le voyage en Chine, Paris : FD, 1976, [12] p. : ill. en bichromie.

展览画册 (精选)

Mémoire de la Chine : Hommage à François Dautresme / Françoise Dautresme ; préface d’Alain Juppé. Bordeaux : musée des arts décoratifs, 2004.

[Exposition. Monaco, Grimaldi forum. 2004]. Chine, trésors du quotidien : sur les traces de François Dautresme : [exposition, 9 avril-16 mai 2004, Grimaldi Forum] / [catalogue sous la dir. de Jean-Paul Desroches]. Milano : Skira, 2004. 195 p. : ill. Bibliogr. pp.194-195.

 

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