Cette 2e édition de Paris Print Fair a lieu du 23 au 26 mars 2023. Organisée par la Chambre Syndicale de l’Estampe, du Dessin et du Tableau (CSEDT), la manifestation réunit 20 exposants européens au sein du Réfectoire du Couvent des Cordeliers à Paris.
Comme le rappelle Christian Collin, président de la Chambre syndicale de l’estampe, du dessin et du tableau,
« La Paris Print Fair est un point de rencontre entre marchands, collectionneurs et institutions, où les exposants se veulent aussi bien vecteurs de connaissance qu’interprètes d’une histoire ».
Vingt exposants, membres associés de la Chambre Syndicale de l’Estampe, du Dessin et du Tableau (CSEDT), proposent une sélection d’estampes du XVe siècle à aujourd’hui.
Parmi les présents, des marchands et galeristes parisiens spécialisés dans l’estampe : Sarah Sauvin, Xavier Seydoux, Emanuel Von Baeyer, Martinez D., Pasnic Collection, Sagot Le Garrec, Le coin des Arts, Lelong Editions, Christian Collin, Documents 15, Grillon, Arenthon.
Des marchands étrangers aux fonds prestigieux ont fait le déplacement vers ce lieu devenu patrimonial : la Galerie barcelonaise Palau Antiguitats, la Galerie francfortoise Helmut H. Rumbler proposent des sélections d’œuvres variées de grands et petits maîtres du XIVe au XXe siècle. C.G. Boerner (Düsseldorf, New York) une superbe sélection de pièces allant de Hans Baldung à Hendrick Goltzius, Goya, Rembrandt. Un bois de 1483 imprimé sur trois feuilles, coloré à la main renvoie au charme et à la fascination de ces œuvres à l’intensité spirituelle forte (ill. 1). A la galerie Martinez, une remarquable Circoncision (ill. 2) de Rembrandt quasi scientifique sur un moment intime… Un Saint Sébastien (ill. 3) de 1723 en gravure sur bois en clair obscur réalisé à partir de quatre blocs rappelle le côté presque magique de ces teintes si proches du lavis. Sur le stand de la galerie Sarah Sauvin, des paysages fantastiques de Bresdin, classiques de Claude Gellée, des vues de Meyrion et Buhot aux facettes minutieuses et denses. Vaste choix allant de Stefano della Bella à Judith Rothchild à la galerie Emanuel von Baeyer de Londres (ill. 4), et une amusante famille de faunes de Nicolas Chaperon (ill.5). Par ailleurs, Pierre Bonnard, Odilon Redon, Auguste Lepère côtoient Mario Avati, Claire Illouz et Zoran Music à la galerie Sagot Le Garrec.
L’Extrême-Orient est bien représenté par les galeries Christian Collin et Bei der Oper (Vienne), un imposant choix d’œuvres de différentes écoles japonaises, des gravures et estampes de l’ère de l’Edo ou encore de l’école d’Osaka réservent d’excellentes surprises sur cette période de transition qui fait basculer ces estampes du monde flottant vers des points de vue plus modernes, chacune de ces scènes résume la finesse d’une exécution traditionnelle sur laquelle une ouverture à un monde autre donne une dimension surprenante. Quelques jolis bois en couleur de Paul Jacoulet (ill. 6) marquant un raffinement de transition entre deux mondes. La gravure sur bois et la technique du lavis savent traduire des atmosphères allant du fantastique à un réalisme autre. Autre orientaliste, Henri Rivière, dont des formats importants assument toujours leur élégante atmosphère surannée. Le régionalisme est aussi à l’honneur, notamment avec les œuvres, des lithographies et des gravures sur bois de l’école bretonne des XIXe et XXe siècles avec des œuvres de Lucien Simon, Alfred Marzin sur le stand de la Galerie Stéphane Brugal.
Les artistes modernes et contemporains n’ont pas été oubliés : la Galerie Grillon présente Pierre Alechinsky ou Victor Vasarely (ill. 7). On note aussi pour les artistes modernes et contemporains, Segui (ill.8), chez Pasnic ou des œuvres de Fautrier, Trémois (Arenthon) de grands formats de Soulages (le Coin des arts), sans compter d’originales tailles-douces de Picasso. De belles scènes d’Erik Desmazières, de Judith Rothschild, Jean-Baptiste Sécheret, Sam Szafran à la galerie Documents 15. Enfin, la création contemporaine sera représentée par plusieurs enseignes, les grandes sérigraphies de Fabienne Verdier chez Lelong Editions tandis que la Galerie Nathalie Béreau expose également de jeunes artistes telles Atsuko Ishii (ill. 9)ou montre des atmosphères de Caroline Bouyer dignes de la démesure des Piranese.
Le format intimiste de la foire, alliant grands maîtres de l’estampe tels Dürer, Rembrandt, Picasso et Goya — ainsi à la galerie Palau Antiguitats de Barcelone —, et créateurs actuels invitera amateurs et professionnels à se plonger dans la diversité des pratiques liées à une discipline aussi bien historique que contemporaine.
De superbes gravures sur bois en clair-obscur, notamment d’Antonio Maria Zanetti (Venise, 1680-1767) un Saint Sébastien imprimé à partir de 4 blocs, daté et monogrammé à la partie médiane gauche de l’œuvre.
Comme le rappelle le dynamique président de l’association des amateurs d’estampes, Joseph de Colbert (ill. 10), rencontré au fil de ses visites sur différents stands,
« notre association a été créée le 24 novembre 2017, lorsqu’un marchand d’estampes a souhaité réunir et faire se rencontrer des collectionneurs passionnés : très vite une évidence a fait consensus, le désir de partager cet enthousiasme avec un maximum d’amateurs.Elle accueille tous ceux qui sont captivés par l’estampe, collectionneurs ou pas, artistes, galeristes, conservateurs, universitaires, étudiants : la promotion de l’estampe, de ses débuts jusqu’à nos jours, est notre principal objectif. Je comprends les efforts des conservateurs des établissements patrimoniaux – comme, notamment du cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale -, de vouloir promouvoir la photographie, les estampes du 19e siècle, voire celles de la fin du 18e, mais il est dommage de ne pas montrer des pièces plus anciennes. Faire découvrir à tous les publics, surtout au plus jeune, ces images qui restent si fortes, devrait rester une priorité forte ».
(ill. 10) Le président de l’association des amateurs d’estampes, Joseph de Colbert.
Repère bibliographique
Estampe, catalogue 2023 du Salon de l’estampe 2023. Paris : Chambre syndicale de l’estampe, du dessin et du tableau, 2023 66 p. : ill.