A propos… Dossier pour tout savoir.
par Christophe Comentale, coordination éditoriale Alain Cardenas-Castro
Espace d’exposition Couronnes. Galerie des AAB, 1 rue Francis Picabia, Paris 20e, du mardi 3 sept.au lundi 15 sept. 2025. Vernissage le 4 sept. dès 18h30. [L’anniversaire de l’artiste tombe le 7 septembre] ; l’espace est ouvert du jeudi au dimanche, de 14h à 19h.
Œuvre sélectionnée pour les flyers et l’affiche : Juan Diego Vergara, Enola gay, 2024, huile sur toile, 128 x 126 cm.
Rappels introductifs
Le quotidien, le temps qui passe, donc, lentement ou vite, irrémédiablement, continue de tarauder ce peintre, dessinateur depuis des années. Avant même cet engagement à l’image, il se mesure, dans le contexte universitaire, à ce concept plus intemporel que quotidien, si l’on veut finasser …
Lors d’une exposition rétrospective qu’il avait intitulée Bilan, 10 ans de travail artistique à Paris (2008 – 2018), Juan Diego Vergara disait que « la vie quotidienne de l’artiste devient un sujet et une manière de plus en plus forts et visibles dans l’art contemporain. Cela se lit dans les deux sens : la biographie comme thème de travaux des artistes, mais aussi la répercussion de l’art dans la vie privée. C’est ma peinture, et l’évolution de ma peinture, qui me font appréhender d’une nouvelle manière ma vie et la transforment. ». Il est, apparemment, ferme et constant sur cette considération…
De l’esthétique à la signalétique
Pour en savoir davantage sur cet artiste discret, il suffit de se reporter à l’affiche ou au carton d’invitation de l’exposition qui se tient en février 2020 dans le cadre des ateliers d’artistes de Belleville. L’artiste a choisi d’illustrer, de préciser ce document avec un autoportrait à mi-corps. Elégamment vêtu, – chapeau et pochette – il s’impose, exhibant une carte d’identité aux dimensions quelque peu surdimensionnées – symbole oblige ! -. L’œuvre, frontale, regard direct au public, s’impose par cette mise en page simple et efficace. Quant à la carte d’identité, son aspect livret aurait dû être pris en compte par la Préfecture de police (au lieu du format compact et trop dense en caractères qui a été depuis lors retenu !).
Sur le carton d’invitation de son exposition, de celle – donc – qui a eu lieu du 20 février au 1er mars 2020 dans ce contexte festif et mémoriel des ateliers d’artistes de Belleville, l’autoportrait à mi-corps en veste tyrolienne et pochette est tourné vers le public auquel est destinée cette information, l’artiste reste quelque peu mystérieux, tenant de la main gauche une carte d’identité quelque peu simplifiée où il est indiqué qu’il fait 1,85 m et est né le 7 septembre 1972. Voilà pour les renseignements bioadministratifs.
De quelques considérations sur les supports
Une récente visite à l’atelier de l’artiste a permis de constater combien les supports peuvent être multiples de même que les formats désarçonnent légèrement. Juan Diego utilise la toile de lin, de coton, peigné ou cru, modifié par l’application de corps qui vont sublimer autrement les sujets représentés à l’huile, au fusain, … Il est autant un dessinateur qui note sur ses carnets les sujets in nuce ou autrement réfléchis.
Quand l’artiste rédige et se livre …
A chaque exposition son thème, son contexte émotionnel et esthétique. Cette esthétique à laquelle Juan Diego Vergara Ormeño est attaché, elle transparaît, fluide et nécessaire dans ses propos libérateurs et viscéraux dont le titre annonce les œuvres…
« Les tubes des années 80 : des musiques populaires qui ont forgé notre identité »
Les années 80 ont vu naître des tubes rock qui ont marqué toute une génération, y compris la mienne à Lima, au Pérou. Des groupes comme The Alarm, Depeche Mode, Les Rita Mitsouko, Blondie ou O.M.D. ont accompagné mon adolescence et ma jeunesse, et continuent de résonner en moi aujourd’hui, à Paris.
J’ai constaté avec surprise à Paris la similitude des goûts musicaux entre les jeunes Péruviens et Français de cette époque. Grâce à la musique populaire, et plus particulièrement au rock alternatif, punk, post-punk et new wave, j’ai retrouvé à Paris de nombreuses personnes ayant vécu le même phénomène musical et social. Le punk rock a été un mouvement identitaire fort pour toute une génération à travers le monde.
Comme l’a souligné Simon Frith, « le goût des musiques populaires ne dérive pas simplement de nos identités socialement construites ; il aide également à les former ». Le rock contestataire de la fin des années 70 et des années 80 a joué un rôle essentiel dans la construction de notre personnalité.

Les quelques œuvres composant cette exposition singulière montrent les ambitions de l’artiste face au monde, modeste, quotidien ou alternatif qui est né et défile, l’espace d’un instant sous les yeux. Pour n’en citer qu’une, Les musiciens prolétaires rappellent ces grandes fresques où un sentiment de même envolée possède les personnages qui sont face à nous, tirant de ce rassemblement implicite une force collective qui s’insinue en chacun. Quant à ces autres œuvres, nées de titres de chansons ou de pochettes de vinyles, elles ont cette force qui rend actuelles ces faits divers d’événements en leur temps intenses et contagieux !
Cette exposition rend hommage à tous ces artistes, véritables héros de notre jeunesse, qui ont eu une influence considérable sur nos vies et continuent de nous accompagner aujourd’hui. Ces musiques sont devenues une partie intégrante de notre identité ».
Bibliographie succincte
- Juan Diego Vergara, Rock et contestation. Texte en ligne : https://ateliers-artistes-belleville.fr/expositions-aab/exposition-rock-et-contestatio
- Juan Diego Vergara, Les Maudites. Texte en ligne : https://ateliers-artistes-belleville.fr/expositions-aab/exposition-les-maudites
- Alain Cardenas-Castro et Christophe Comentale, Juan Diego Vergara Ormeño, le plasticien péruvien. Portraits d’hier et de demain (2) In S&AC, publié le 19 mars 2020. [À propos de l’exposition Juan Diego Vergara « Le peintre voyageur et autres histoires ».]
ŒUVRES EXPOSEES



Ci-dessus, de gauche à droite. Juan Diego Vergara. Tainted love (2024), huile sur toile, 130 x 110 cm ; les Rita Mitsuko – Best of (2024), huile sur toile, 110 x 115 cm ; Blondie (2024), huile sur toile, 115 x 108 cm



Ci-dessus, de gauche à droite. Juan Diego Vergara. Dépêche mode (2024), huile sur toile, 127 x 107 cm ; Grace Jones (2024), huile sur lin cru, 60 x 60 cm ; David Bowie (2024), fusain sur lin cru, 50 x 50 cm