par Alain Cardenas-Castro
Manuel Zapata Orihuela (Lima, 1921 – Gentilly, 2023), est un peintre péruvien (ill. 1 à 4) des représentants de l’indigénisme[1], mouvement intellectuel et politique prédominant en Amérique latine durant la première moitié du XXe siècle. Adepte d’une polychromie forte qui puise à la richesse d’une tradition populaire et de mouvements d’avant-gardes entre fauvisme et CoBrA, il a su exprimer une problématique entre le Pérou, ses racines, et la France, son pays de cœur.




Ci-dessus. (ill. 1 à 4) Manuel Zapata Orihuela dans son atelier (coll. M. T. Zapata)
Une étude de l’œuvre de Manuel Zapata Orihuela ne peut éviter de rappeler, ne fût-ce que succinctement, la place de l’indigénisme dans son œuvre, dans sa vie.
L’indigénisme porte un regard constant sur la condition des populations autochtones. Cette approche, politique, désigne l’ensemble des processus de gestion des populations indigènes mises en œuvre dans les territoires américains de l’Empire colonial espagnol. L’indigénisme réclame une meilleure intégration des populations indigènes et autochtones à la « communauté nationale ». Ce courant est présent dans le domaine de l’art et de la littérature, se voulant la recherche d’une expression propre des populations premières et prenant ses distances par rapport aux multiples influences coloniales.
Du bon usage des données biographiques
Manuel Zapata Orihuela naît à Lima en 1921, d’un père originaire de Piura, ville du Pérou fondée par Francisco Pizarro en 1532. Sa mère est née à Huancayo, ville située au cœur des Andes centrales péruviennes, ville réceptacle de nombreuses traditions musicales variées tel le huayno[2]. Manuel Zapata passe une partie de son enfance dans la région de Huancayo, il s’y imprègne des paysages andins et de la vie des habitants, éléments qui deviendront des thèmes forts[3] de son inspiration de peintre et l’amèneront naturellement vers les thèmes indigénistes (ill. 6 et 9). Manuel Zapata ressent ainsi sa vocation pour la peinture comme d’autres peintres péruviens de générations précédentes, tels Mario Urteaga[4] (Cajamarca 1875 – Cajamarca 1957) ou les frères Cardenas Castro[5], Juan Manuel (1891-1988) et José Felix (1899-1975) qui ne cesseront, eux aussi, de relater avec persévérance et originalité et de décrire avec humanité et grande sensibilité, une société andine dont les usages et les traditions se perpétuent dans le temps (ill. 11 et 12).
Zapata est âgé de sept ans quand il retourne à Lima avec sa famille. Vers l’âge de 10 ans, sa grand-mère paternelle lui offre une boîte de couleurs et l’encourage à la pratique du dessin et de la peinture. Zapata commence à peindre, il pratique aussi la copie, seul, en autodidacte. Peu à peu, de paysages en portraits, il traduit de manière personnelle son admiration toute particulière pour les peintres allemands et italiens de la Renaissance (ill. 5 et 8).



Ci-dessus, de gauche à droite. (ill. 5) Albrecht Dürer. Portrait de l’empereur Maximilien Ier (1519), huile sur panneau en bois de tilleul, 74 x 61,5 cm, Musée d’histoire de l’art de VienneManuel (ill. 6) Manuel Zapata Orihuela, joueur de flute (ill. 7) Manuel Zapata Orihuela


Ci-dessus, de gauche à droite. (ill. 8) Sandro Boticelli. La Madone du livre (vers 1480 – 1481), tempera sur bois, 58 × 39,5 cm. Musée Poldi Pezzoli, Milan (ill. 9) Manuel Zapata Orihuela, Indienne à l’enfant



Ci-dessus, de gauche à droite. (ill. 10) Mario Urteaga. Maternité (1946), huile sur toile, 80,5 x 57,5 cm Musée d’art de Lima, donation Rafael Lemor (ill. 11) Juan Manuel Cardenas-Castro. Sans titre (sd), huile sur toile, 81 x 100 cm ; (ill. 12) José Félix Cardenas-Castro, Sans titre (sd) (coll. privée).
Ce sont ces mêmes références que prend le peintre indigéniste Mario Urteaga, originaire de Cajamarca ville agricole du Nord du Pérou. Urteaga commence à dessiner en 1891, c’est donc plus tardivement, à l’âge de 17 ans, qu’il dessine aussi des portraits mais d’après des photographies. Il s’exerce également à la copie de sujets religieux. 1891, c’est aussi l’année de naissance de Juan Manuel Cardenas-Castro, à Urubamba, village situé dans la Vallée sacrée des Incas. Cardenas Castro commence à dessiner en autodidacte comme Zapata. Lui aussi, il décrit son environnement, les gens, les paysages, les architectures de la vallée sacrée des Incas et de la ville nombril du monde, Cusco. Malgré son exil volontaire en France, Cardenas-Castro continuera tout au long de sa vie à représenter ce monde andin de façon toujours aussi précise et sensible, le traduisant avec la puissance expressive et la même maîtrise du dessin qui caractérise son style, et cela, grâce à sa mémoire visuelle impressionnante avec son œil aiguisé de caricaturiste (ill. 8).Zapata, suivra la même trajectoire en France, en continuant, lui aussi, à peindre de mémoire son Pérou chéri (ill. 3 et 6).


Ci-dessus. (ill. 13 et 14) Zapata Orihuela. Vue de Chorillos à Lima. Dessin de paysage réalisé sur une serviette en papier, daté du 24 mai 1940 à 15 h 10, 3 années avant son entrée aux Beaux-arts.
D’autodidacte à l’apprentissage aux beaux-arts.
Manuel Zapata continue en autoditacte à dessiner et à peindre. Il exécute des croquis de paysage, dessine en bord de mer et peint des scènes urbaines de marchés populaires dans les rues de Chorrillos, un des quartiers de la capitale péruvienne, face au Pacifique. Il dessine tout le temps et partout, la moindre occasion est prétexte à exprimer sa créativité. En témoigne le dessin sur une serviette en papier représentant le quartier de Chorillos. Le dessin est daté 24 mai 1940 à 15 h 10, soit trois années avant son entrée aux beaux-arts de Lima. Ce croquis montre déjà son habileté à dessiner d’après le motif d’une part, et d’autre part, sa dextérité à capter l’essentiel d’un paysage en quelques traits de crayon (ill. 13 et 14).
En 1943, Zapata entre à l’École Nationale des Beaux-Arts (ENBA) de Lima, dirigée alors par le peintre José Sabogal[6] (1888-1956). A l’ENBA, Zapata étudie dans la classe de Julia Codesido[7] (1883-1979), et par la suite, il suit les cours du peintre Carlos Quizpez Asín[8] (1900-1983).
Ci-dessus. (ill. 15) Corps enseignant de l’Ecole nationale des Beaux-arts de Lima en janvier 1946, tirage argentique sur papier, 18 x 23 cm, Archives Cardenas-Castro
De gauche à droite, assis : José Félix Cárdenas (professeur de décoration artistique), Carlos Quízpez Asín (professeur de dessin et de peinture), Germán Suárez Vértiz (directeur et professeur de perspective), Julio Málaga Grenet (professeur d’affiches) et Raúl Pro (professeur de sculpture) ; debout : Pablo Iturry (professeur de céramique), Ismael Pozo (professeur de dessin), José Gutiérrez Infantas (professeur de dessin et peinture), Hernando Ulloa (secrétaire), Ricardo Grau (professeur de dessin et peinture), Camilo Blas (professeur de dessin et peinture), Alejandro González (professeur de dessin et peinture) et Moisés Laymito (professeur de sculpture). Absent : Juan M. Ugarte Eléspuru (professeur d’histoire de l’art et de composition artistique), Emilio Hart-terré (professeur d’art péruvien) et Alfonso Pasquel (professeur d’anatomie artistique).
Quand José Sabogal quitte son poste de directeur (1932-1943), Zapata, alors étudiant, reste à l’Ecole en poursuivant son œuvre de peintre indigéniste. En effet, bien que le courant indigéniste laisse place peu à peu aux mouvements de l’abstraction, le nouveau directeur, le peintre Germán Suárez Vértiz[9] (1897-1975) autorise les étudiants à choisir leur propre orientation. Zapata a alors certainement cotoyé José Félix Cardenas-Castro qui fait partie du corps enseignant l’Ecole des beaux-arts durant cette période (ill. 15). Par la suite, Zapata suivra les conseils de Jacques Maes (Ixelles, Belgique, 1905 – Bernicarlo, Espagne, 1968), peintre portraitiste et graveur belge appartenant au courant animiste[10]. Maes qui est venu en tant qu’artiste invité entre 1946 et 1948 à l’ENBA, dirigée alors par le peintre Ricardo Grau[11] (1907-1970), apprécie les capacités du jeune Zapata et lui permet de développer sa technique par l’utilisation de la spatule. L’Ecole des Beaux-arts facilite ses rencontres avec d’autres étudiants tels Eladio Ruiz[12] (1922-2013), Pedro Azabache Bustamente[13] (1918-2012), Gamaniel Palomino[14] (1921-1991), Julio Camino Sánchez[15] (1914-2007), Ángel Chávez[16] (1928-1995). Après avoir terminé ses études en 1950, Zapata installe son atelier dans le Barrio chino, le quartier chinois de Lima.
Le voyage en Europe et les activités d’enseignement
En 1967, Zapata réalise son voyage initiatique en Europe. Il visite d’abord l’Italie, Florence, Assise et Rome, il continue son périple au Sud avec Madrid et Cordoue en Espagne, il passe par Genève, Cologne, remonte jusqu’à Copenhague au Danemark. Il continue son odyssée en Norvège en visitant Oslo et Trondheim, puis en Suède, Stockholm et Lulea. Il redescend à Amsterdam, parcourt Bruxelles et arrive enfin à Paris. Zapata expose ses peintures avec succès au Salon des Surindépendants en 1968. La même année, une de ses œuvres, La Vendeuse de Fleurs, est sélectionnée pour la 7e Biennale de Menton[17]. Il participe ainsi à de nombreuses expositions en France, en Espagne et aux Etats-Unis. Dans cet espace de temps, il rencontre Marie-Thérèse Hache, sa future épouse, une jeune française venue travailler au Pérou. Ils s’installent à Saintes, dans le sud-ouest de la France.
En 1970, Zapata revient au Pérou pour être professeur à l’École des beaux-arts Macedonio de la Torre de Trujillo, invité par son fondateur et directeur, le peintre Pedro Azabache Bustamante (1918-2012), son ancien camarade des beaux-arts. L’année suivante, il s’installe à Lima et expose à l’Alliance française. Revenu en France, en 1974, Zapata installe son atelier à Paris, puis à Gentilly, tout en retournant régulièrement au Pérou jusqu’en 1991. Grâce à son amitié avec le peintre Ángel Chávez rencontré aux beaux-arts, il forme avec Óscar Allain[18] (1922), Gamaniel Palomino (1921-1991) et Julio Camino Sánchez (1914-2007), le groupe « Cinco amigos pintores » (Cinq amis peintres) qui s’agrandira pour devenir les « Ocho amigos del Arte » (Huit amis de l’art) avec Aquiles Ralli[19] (1925-2010), Enrique Galdós Rivas[20] (1933-2018) et le sculpteur Antonio Sánchez. Ils explorent ensemble des voies ouvrant vers un nouvel indigénisme influencé par les courants expressioniste et abstrait de la modernité.

Des influences, thèmes et techniques
On retrouve les influences du mouvement CoBrA dans plusieurs œuvres de Zapata. Sensible à la matière et à la texture qui donnent relief et vie à sa peinture, Zapata retrouve l’énergie du trait de ses premiers dessins en utilisant, non pas l’encre fluide qu’emploie Alechinsky (1927), mais plutôt la pate épaisse et généreuse que dépose Asger Jorn (1914-1973) sur ses toiles. Zapata applique la matière à la spatule ou au couteau pour peindre un Joueur de fûte (ill. 18), un Pêcheur réparant son filet (ill. 19). Il pousse cette technique jusqu’aux limites de l’abstraction pour représenter Les vendeuses de poissons (ill. 20). Le thème est récurent. Les vendeuses de poissons (ill. 16 et 21 à 23) est un sujet que Zapata affectionne à l’instar des vendeuses de fleurs (ill. 17 et 24 à 26) qui font partie des petits métiers que l’on retrouve surtout au Pérou et parfois encore en France aux détours de certains marchés.



Ci-dessus, de gauche à droite. Manuel Zapata Orihuela. (ill. 18) Joueur de fûte ; (ill. 19) Pêcheur réparant son filet ; (ill. 20) Les vendeuses de poissons



Ci-dessus, de gauche à droite. (ill. 21) Manuel Zapata Orihuela. Marchande de poissons, huile sur toile, 61 x 50 cm ; (ill. 22) Manuel Zapata Orihuela. Marchande de poisson ; (ill. 23) Manuel Zapata Orihuela. Marchande de poissons, dessin au stylo bille sur carton d’invitation



Ci-dessus, de gauche à droite. Manuel Zapata Orihuela. (ill. 24 à. 26) Vendeuse de fleurs ; La fleuriste endormie (1988), huile sur toile, 148 x 114 cm ; Vendeuse de fleurs
Zapata relie parfois l’avant-garde de la seconde moitié du XXe siècle à l’iconographie ancestrale des cultures préhispaniques du Pérou (Mochica, Nasca, Paracas, Chavín, entre autres), une recherche semblable à celle d’Enrique Galdos Rivas, un membre du groupe des « huit amis de l’art », considéré par la critique comme un artiste de l’Ancestralisme[21] (ill. 27 à 29).



Ci-dessus, de gauche à droite. Manuel Zapata Orihuela. (ill. 27) Cerámica Chancay (1982) 73 x 60 cm ; (ill. 28) ; (ill. 29)
La palette de Zapata peut, dans certains travaux de l’artiste, privilégier la couleur et donner moins d’importance au dessin à la manière des Fauves et d’un Matisse ou d’un Derain (ill. 30 et 31). Il n’empêche que cette extension originale d’un courant épris de polychromie s’avère ici un cloisonnement de l’univers que n’aurait pas réfuté Victor Brauner.

La visite récente à cet atelier de Gentilly, lieu de mémoire sur l’activité intense de cet artiste, a été l’occasion unique d’une confrontation avec une œuvre aux inspirations centrifuges : Ancestralisme avec la présence discrète de Brauner ou de Klee, fauvisme avec les palettes contrastées et pugnaces de Matisse et Derain. A quand une exposition rétrospective ?
| Zapata et les peintres indigénistes péruviens | |||
| dates | Relations internationales | Les peintres indigénistes péruviens | Zapata Orihuela |
| 1921 | David Alfaro Siqueiros. Manifeste pour les arts plastiques d’Amérique, | José Félix Cardenas-Castro. Voyage en Europe | Naissance à Lima. Jeunesse passée à Huancayo |
| 1928 | Création du Parti Socialiste Péruvien. | Juan Manuel Cardenas-Castro rejoint l’équipe du Musée d’Ethnographie du Trocadéro dirigée par Paul Rivet | Retour à Lima |
| 1943 | Victoire soviétique à la bataille de Stalingrad. | José Sabogal termine son mandat de directeur de l’Ecole des Beaux-arts de Lima commencé en 1932 | Entrée à l‘Ecole des beaux-arts de Lima. |
| 1950 | Le général Manuel A. Odría président de la république du Pérou | Mario Urteaga revient à Cajamarca | Diplômé des Beaux-arts. Installation de son atelier dans le quartier chinois de Lima |
| 1965 | Clôture du concile Vatican II. | La peinture Sandía est acquise « pour lancer un programme de promotion touristique de l’Art péruvien | |
| 1967 | Guerre des Six Jours. Guerre du Biafra. | Juan Manuel Cardenas-Castro. Série de peintures sur les Incas | Rencontre à Lima de Marie-Thérèse Hache. Voyage en Europe |
| 1970 | Tremblement de terre à Ancash au Pérou | Retour au Pérou. Professeur à l’École des Beaux-Arts Macedonio de la Torre de Trujillo | |
| 1974 | Révolution des Œillets au Portugal | Retour en France et retours réguliers au Pérou jusqu’en 1991 | |
| 1988 | Fin de la guerre Iran-Irak. | Mort de Juan Manuel Cardenas-Castro. | |
| 2023 | Mort de Manuel Zapata à Gentilly | ||
| Directeurs de l’Ecole nationale Supérieure Autonome des Beaux-arts du Pérou | ||
| Directeur | Nom | Péríode |
| 1º | Daniel Hernández Morillo | 1918-1932 |
| 2º | José Sabogal Diéguez | 1932-1943 |
| 3º | Germán Suárez Vértiz | 1943-1945 |
| 4º | Ricardo Grau | 1945-1949 |
| 5º | Francisco González Gamarra | 1949-1950 |
| 6º | Germán Suárez Vértiz | 1950-1956 |
| 7º | Julio Málaga Grenet (intérimaire) | 1956 |
| 8º | Juan Manuel Ugarte Eléspuru | 1956-1973 |
| 9º | Armando Sánchez Málaga (intérimaire) | 1973 |
| 10º | Teodoro Núñez Ureta | 1973-1976 |
| 11º | José Bracamonte Vera (intérimaire) | 1976 |
| 12º | Conseil d’administration | 1976-1978 |
| 13º | Alberto Dávila Zavala | 1978-1980 |
| 14º | Carlos Aitor Castillo Gaubeka | 1980-1983 |
| 15º | Miguel Baca Rossi (intérimaire) | 1983-1985 |
| 16º | Andrés Molina Aquino | 1985-1990 |
| 17º | Alberto Tello Montalvo | 1990-1994 |
| 18º | Pedro Rotta Bisso | 1994-1997 |
| 19º | Commission de réorganisation | 1997-1998 |
| 20º | Joel Meneses Fonseca (intérimaire) | 1998-1999 |
| 21º | Justo Estrella Orihuel (intérimaire) | 1999-2000 |
| 22.º | Joel Menese Orihuela (intérimaire) | 2000-2001 |
| 23.º | Leslie Lee Crosby (intérimaire) | 2001-2007 |
| 24.º | Commission de réorganisation | 2007-2008 |
| 25º | Comisión de Víctor Delfín | 2009-2010 |
| 26º | Guillermo Cortez Carcelén | 2010-2012 |
| 27º | David Durand Ato | 2012-2015 |
| 28º | Carlos Valdez Espinoza | 2015-2020 |
| 29º | Eva López Miranda | 2021-actual |
[1] Au Pérou l’indigénisme, , est un courant qui prend ses racines à partir de la révolte des étudiants de l’université de San Antonio Abad à Cuzco, le 7 mai 1909. Un courant qui donnera naissance quelques années plus tard au mouvement de l’Escuela Cuzqueña, l’École de Cusco, composé d’intellectuels. À partir de là « les initiateurs et les principaux animateurs de l’indigénisme péruvien, fondèrent un courant de pensée et d’étude de la réalité andine qui, sur tous les plans — politique, idéologique, littéraire, artistique, voire scientifique —, marqua et a continué de marquer la vie intellectuelle du pays. » (Carlos Dancourt 1997, voir en bibliographie).
[2] Le Huayno est une musique et une danse populaire et traditionnelle du Pérou. Cette musique d’origine précolombienne est jouée à l’occasion d’événements festifs. Expressions de sentiments divers, le huayno est une musique rythmée et rapide à contrario du YaravÍ une autre musique andine de type plus mélancolique.
[3]« Zapata Orihuela développa une peinture figurative lointainement inspirée par l’art précolombien. Cela se reflète dans la forte stylisation des formes et dans une exécution picturale qui préfère les surfaces de couleur, planes et bien limitées. Les thèmes de la Côte liés à la région du Nord d’où il est originaire, prédominent à l’intérieur de sa production », extrait d’un texte du critique et historien de l’art péruvien, Luis Eduardo Wuffarden, suite à l’expertise d’une peinture de Zapata le 9 janvier 2014.
[4] Mario Urteaga est onsidéré aujourd’hui comme un des représentants de la peinture indigéniste, Urteaga n’a pourtant pas adhéré à ce mouvement de l’avant-garde artistique des années 1920 au Pérou. L’indigénisme, mouvement proposant un vaste programme culturel et politique centré sur les revendications autochtones. Toutefois, Urteaga commence à peindre en suivant cette thématique à partir de 1920.
[5] Juan Manuel (1891-1988) et José Felix (1899-1975) Cardenas-Castro snt deux peintres péruviens natifs d’Urubamba. Voir « De Juan Manuel et José Félix Cardenas-Castro : deux artistes péruviens au sein de la diaspora latino-américaine à Paris (3) » en bibliographie.
[6] initiateur officiel du courant pictural de l’indigénisme au Pérou, José Sabogal a pour objectif de « créer un art national, enraciné dans les images et les valeurs autochtones et populaires, principalement — mais non exclusivement — andines ». (Carlos Dancourt 1997, voir en bibliographie).
[7] En 1931, Julia Codesido est nommée professeur de dessin et de peinture à l’École nationale des beaux-arts du Pérou après avoir été l’assistante de Sabogal. Elle quitera son poste en même temps que Sabogal quittera son poste de directeur en 1943.
[8] Carlos Quizpez Asín (Lima 1900-1983) est un peintre et muraliste péruvien, qui, après un apprentissage artistique à Lima, fera partie des premiers élèves à intégrer l’École nationale des Beaux-Arts fondée au Pérou en 1919. Il voyagera en Europe, sans bourse d’étude qu’il obtiendra plus tard, en commençant par Madrid. De retour au Pérou, il sera membre du corps enseignant de l’École nationale des Beaux-Arts — dont il a été élève — pendant 27 ans. Il introduira la technique de la peinture murale à fresque au Pérou.
[9] Elève à l’Ecole des beaux-arts de Lima du peintre Daniel Hernández et du sculpteur Piqueras Cotolí, le peintre Germán Suárez Vértiz a été directeur de l’ENBA de 1943 à 1945 et de 1950 à 1956.
[10] L’animisme est un courant de la peinture belge de l’entre-deux-guerres. « Porté sur l’évocation de la vie quotidienne, il manifeste cependant un réalisme travaillé par l’évocation singulière des objets et des êtres, cherchant à leur conférer une densité spirituelle, une intensité particulière, une âme » in Joost De Geest. Histoire de la peinture en Belgique.
[11] Ricardo Muro Grau (Bordeaux, 1907 – Lima, 9 juin 1970) est un peintre moderniste et surréaliste péruvien. En 1938, après un long séjour en Europe, il revient au Pérou, apportant avec lui la modernité picturale à une époque où l’indigénisme est encore un mouvement important au Pérou. Il a été directeur de l’ENBA de 1945 à 1949.
[12] Eladio Ruiz est né en 1922 dans le district d’Angasmarca dans la province de Santiago de Chuco, au Pérou. A 14 ans, il se rend à Lima, pour visiter l’École des Beaux-Arts où finalement il fait ses études aux côtés des peintres Camilo Blas, Enrique Camino Brent, Cota Carvallo, Pedro Azabache Bustamante, entre autres. Il et en sort diplômé en 1943 après avoir été l’élève de José Sabogal et Julia Codesido.
À la fin de sa formation, il enseigna le dessin et la peinture à l’École régionale des beaux-arts « Macedonio de la Torre » de la ville de Trujillo.
[13] Pedro Azabache Bustamante (1918-2012) est un peintre indigéniste péruvien, disciple de Julia Codesido et José Sabogal. Il fait partie du groupe Norte (César Vallejo, Víctor Raúl Haya de la Torre, Eduardo González Viaña, Jose Eulogío Garrido, Ciro Alegria, Pedro Azabache Bustamente, Macedonio de la Torre, Eloy Espinoza, Óscar Imaña, Federico Esquerre), fondé en 1915 par l’écrivain Antenor Orrego Espinoza.
[14] Gamaniel Palomino est un graveur, dessinateur et peintre péruvien.
[15] Julio Camino Sánchez (Trujillo, Pérou, 1914 – Lima, 20 novembre 2007) est un peintre, graveur, scénographe et enseignant péruvien. Il a pratiqué la xylographie de façon non conventionnelle à partir de caisses à pommes munies de clous aiguisés. Lauréat du remier prix de gravure de l’Institut culturel péruvien nord-américain (ICPNA) en 1968, une partie de son œuvre est exposée au Musée d’art moderne de New York.
[16] Ángel Chávez est né en 1928 à Trujillo où il fait ses études. Il s’installe ensuite à Lima et en 1947 suit les cours de Juan Manuel Ugarte Elespuru et Sabino Springett à l’ecole des beaux arts. De 1968 à 1974, il a été directeur de l’École des beaux-arts d’Iquitos.
[17] Plusieurs versions (ill. ) sont proposées pour mémoire.
[18] Óscar Guillermo Allain Cottera (né le 19 septembre 1922) est un peintre péruvien d’origine française. Peintre indépendant, il a étudié à l’École nationale supérieure autonome des beaux-arts (ENSABAP). Disciple d’Alejandro González Trujillo, dit « Apu-Rimak », à l’École nationale des beaux-arts centenaire, il faisait partie de la « génération dorée ». Il a enseigné à l’École supérieure des beaux-arts Víctor Morey Peña d’Iquitos et à l’Université nationale Hermilio Valdizan de Huánuco. (wikipédia)
[19] Peintre indigéniste, écrivain et poète péruvien né à Callao en 1925. Il a collaboré en tant que dessinateur avec l’archéologuae Julio C. Telleo.
[20] Enrique Gerardo Galdos Rivas est un peintre et graveur péruvien né à Lima en 1933. Diplômé avec la médaille d’or (premier prix) de l’ENBA en 1959. artiste de l’ancestralisme.
[21] L’Ancestralisme est un mouvement artistique des années 1970-1980 en réponse plastique et esthétique à la critique occidentale considérant l’art latino-américain comme de l’artisanat, de l’exotisme ou une simple copie de ce qui se faisait en Europe ou aux États-Unis. Les artistes de ce mouvement ont reconfiguré les éléments évocateurs des cultures précolombiennes pour atteindre une « expression américaine profonde, d’une validité formelle contemporaine ».
Bibliographie
- Indigénisme et narration du quotidien. De Mario Urteaga (1875-1957) à Juan Manuel Cardenas-Castro (1891-1988), in Sciences & art contemporain, août 2022.
- Gustavo Buntix, Luis Eduardo Wuffarden. Catalogue de l’exposition « Mario Urteaga Nuevas miradas », présentée à la Fundacion telefonica et au Musée d’art de Lima. 2003.
- Joost De Geest. Histoire de la peinture en Belgique,
- Carlos Dancourt. Mouvements intellectuels fondateurs : La escuela cuzqueña. In: América : Cahiers du CRICCAL, n°19, 1997. Les filiations. Idées et cultures contemporaines en Amérique Latine, pp. 123-139.
- Gabriela Lavarello Vargas de Velaochaga Artistas plásticos en el Perú: siglos XVI, XVII, XVIII, XIX, XX. G. Lavarello Vargas de Velaochaga, 2009, 507 p.
- Maria del Socorro MóraC de Asmat (2019). Manuel Zapata-Orihuela. Espacios donde conviven el tiempo y la memoria. Illapa Mana Tukukuq, (12), 68–77. https://doi.org/10.31381/illapa.v0i12.1920
- Alain Cardenas-Castro : Création artistique et données ethno-anthropologiques péruviennes. 1915-2015 : une lignée de peintres muséographes, les Cardenas-Castro, thèse en sciences et technologies des arts, spécialité arts plastiques et photographie, Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis : 2021. 1292 p.
Remerciements
Madame Marie-Thérèse Zapata Orihuela.

