par Alain Cardenas-Castro
Afin de mettre à l’honneur les femmes de lettres péruviennes qui se sont illustrées au XXe s., il convient de souligner l’heureuse initiative du Centre culturel Inca Garcilaso[1], qui, à Lima, rend hommage à Maria Wiesse (1894-1964). Cette écrivaine a laissé un œuvre considérable. Parmi ses écrits principaux, on peut citer entre autres : « La hermana mayor y El modistón » (1918), « Motivos líricos : Maderas de José Sabogal » (1924), « Canciones » (1934), « Quipus : Relatos peruanos para niños » (1936), « Aves nocturnas (cuentos) » (1941), « Viaje al país de la música » (1943), « El niño, ese desconocido » (1949), « El pez de oro y otras historietas absurdas » (1958).

María Jesús Wiesse Romero (1894-1964) est l’écrivaine péruvienne la plus prolifique de la première moitié du XXe siècle. Dotée d’une grande sensibilité pour les arts et d’un sens critique sur la place des femmes et des enfants dans la société, elle s’est imposée comme une figure importante dans une période de transformations politiques, économiques et culturelles. Autodidacte et dont l’œuvre a été réévalué ces dernières années, elle a déployé sa curiosité créative pour divers genres et sous-genres littéraires à travers plus de trente publications en cinq décennies. Son œuvre couvre ainsi la poésie, le théâtre, la nouvelle, le roman, la chronique, l’essai et la biographie.
Maria Wiesse a cultivé son goût pour la lecture et la musique dès son plus jeune âge. Ce contact avec divers auteurs et expressions artistiques lui permettra d’ouvrir son champ d’investigation pour s’orienter vers le journalisme à l’âge de 16 ans. Elle a ainsi collaboré à divers journaux tels que La Crónica et La Prensa tout en s’engageant dans diverses voies liées au domaine culturel et à la diffusion des idées. Un parcours qui l’amènera à partir de 1919 à diriger la revue Familia, une revue culturelle à destination du public féminin. On peut ainsi voir sur les cimaises de la salle d’exposition — parmi cet ensemble documentaire dense, présenté suivant une scénographie parfaite comme il est de mise pour les expositions et manifestations du Centra Inca Garcilaso — une page de couverture du magazine Familia de 1919 illustrée par Juan Manuel Cardenas-Castro[2] (ill. 2). Par ailleurs, on retrouve cette collaboration entre les deux créateurs, l’année précédente, dans trois numéros de la revue Variedades[3] parus au cours de l’année 1918, deux durant le mois de mars et un numéro du mois de décembre. Le livret de l’exposition (ill. 3) reproduit l’une des cinq illustrations réalisées par Juan Manuel Cardenas-Castro pour l’un des textes parus le 30 mars, intitulé El dolor, fuente de belleza y poesia, signé Myriam (Maria Wiesse)[4] (ill. 4 et 5).
J’ai reproduit en fin d’article les illustrations de Juan Manuel Cardenas-Castro mentionnées ci-avant.

Pour cette exposition bibliographique « Figura inagotable. la trayectoria literaria de María Wiesse » (ill. 1), la commissaire d’expositions, Mónica Delgado, a mis en lumière la facette littéraire de María Wiesse tout au long de ses cinquante ans de carrière en dressant le portrait d’une femme passionnée par sa création et engagée dans un idéal éducatif.


(ill. 3) Livret de l’exposition, Figura inagotable. la trayectoria literaria de María Wiesse ; (ill. 4) Une des pages du livret d’exposition est consacré aux extraits de textes parus dans la presse dont celui paru dans le n° 526 de la revue Variedades, le 30 mars 1918, intitulé El dolor, fuente de belleza y poesia, signé Myriam (Maria Wiesse) ; (ill. 5) illustration de Juan Manuel Cardenas-Castro pour El dolor, fuente de belleza y poesia, signé Myriam (Maria Wiesse), paru dans la revue Variedades le 30 mars 1918.
Dans le cadre de l’exposition
Le mercredi 9 avril, à midi, a été inauguré l’exposition bibliographique « Figura inagotable. La trayectoria literaria de María Wiesse ». Peu après, à 12h30, s’est tenue une table ronde avec la participation d’Alhelí Málaga de Ricardo Wiesse et de Mónica Delgado.
Alhelí Málaga est titulaire d’un master en édition de l’université Jagellonne (Pologne) ; elle a précédemment obtenu des licences en sociologie de l’université nationale majeure de San Marcos et en philosophie de l’université jésuite Ignatianum, ainsi qu’un diplôme en sciences humaines de l’université Antonio Ruiz de Montoya. Ses domaines d’intérêt sont la théorie de la traduction, le multilinguisme, les migrations, la sociologie de la religion et les études critiques sur le handicap.
Ricardo Wiesse, artiste plasticien, a étudié les lettres et la peinture à l’Université pontificale catholique du Pérou, ainsi que la gravure à l’Atelier 17 à Paris et à la Slade School of Fine Arts à Londres. Il a enseigné dans diverses écoles d’art et est l’auteur de la fresque murale en céramique de la Vía Expresa de Lima. Il a remporté plusieurs prix nationaux de peinture et a exposé dans les plus importantes galeries de Lima et dans plusieurs autres pays. Il a publié entre autres oeuvres Wiesse, pinturas y otros ensayos (2005), Plumas del Antisuyo: Vilcabamba, raíz y piedra (2009), Letra y música de María Wiesse (2014).
Mónica Delgado, communicatrice sociale, chercheuse et critique de cinéma, est professeure à l’École de communication sociale de l’Université nationale majeure de San Marcos. Titulaire d’un master en littérature avec mention en études culturelles, elle est doctorante en histoire de l’art à la même université. Directrice de la revue Desistfilm, elle a publié en 2020 le livre María Wiesse en Amauta : Los orígenes de la crítica de cine en el Perú (María Wiesse à Amauta : les origines de la critique cinématographique au Pérou). Elle a donné des ateliers et des cours sur la critique cinématographique et le cinéma expérimental.
Je présente ci-après les illustrations des textes de Maria Wiesse qui ont été réalisées par Juan Manuel Cardenas-Castro lors de leur parution dans la revue Variedades au cours de l’année 1918. Elles apparaissent dans ma thèse en sciences et technologies des arts Création artistique et données ethno-anthropologiques péruviennes. 1915-2015 : une lignée de peintres muséographes, les Cardenas-Castro sous les numéros d’ordre 119, 120, 121, 123 et 144 de l’annexe iconographique 2.4. Illustrations et caricatures (voir en bibliographie).
[119] Variedades (1918), 16 mars, n° 524, Juan Manuel Cardenas-Castro, Signature : sans signature, Rubrique : Littérature, Titre : Retiro sentimental, Auteur : Myriam (María Wiesse).
[120] Variedades (1918), 16 mars, n° 524, Juan Manuel Cardenas-Castro, Signature : sans signature, Rubrique : Littérature, Titre : Retiro sentimental, Auteur : Myriam (María Wiesse).
[121] Variedades (1918), 16 mars, n° 524, Juan Manuel Cardenas-Castro, Signature : sans signature, Rubrique : Littérature, Titre : Retiro sentimental, Auteur : Myriam (María Wiesse).
[123] Variedades (1918), 30 mars, n° 526, Juan Manuel Cardenas-Castro, Signature : sans signature, Rubrique : Littérature, Titre : El dolor, fuente de belleza y poesia, Auteur : Myriam (Maria Wiesse).
[144] Variedades (1918), 28 décembre, n° 565, Juan Manuel Cardenas-Castro, Signature : CÁRDENAS CASTRO en bas à droite, Rubrique : Littérature, Titre : Interwiew, Auteur : Myriam (María Wiesse).
[1] C’est l’occasion, ici, de rappeler que le Centre culturel Inca Garcilaso est situé dans l’ancienne Casa Aspíllaga, du nom de la famille des derniers propriétaires qui ont vendu leur maison à l’État pour devenir le siège administratif du ministère des Relations extérieures — la première mention de la propriété remonte à 1685. En 2005, le bâtiment a été inauguré en tant que centre culturel. Suite à ses reconstructions à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, les façades sont de style néo-Renaissance avec quelques éléments d’inspiration moderniste (Art nouveau et Art déco).
[2] Juan Manuel Cardenas-Castro (1891-1988) est un dessinateur, caricaturiste et peintre péruvien qui a été un précurseur de l’indigénisme au Pérou. Il a collaboré avec de nombreux journaux et diverses revues entre les années 1915 et 1920 (voir en bibliographie).
[3] La revue Variedades publiée à Lima de 1908 à 1931 a été une revue importante dans le développement du journalisme au Pérou autant par son graphisme novateur et sa mise en page particulière, que par ses comptes-rendu dynamiques des activités politiques, sociales, culturelles et sportives menées au cours de cinq décennies.
[4] L’illustration qui accompagne la nouvelle intitulée El dolor, fuente de belleza y poesía, parue dans le numéro 526 du 30 mars 1918.
Eléments de bibliographie
- Delgado Chumpitazi, M. (2014). Sensibilités autour du cinéma et les débuts de la critique cinématographique au Pérou : le cas de María Wiesse [Mémoire de licence]. Lima : Université nationale majeure de San Marcos.
- García y García, E. (1925). La mujer peruana a través de los siglos. Vol. 2. Lima : Imprenta Americana.
- Delgado, Mónica. María Wiesse en Amauta. Los orígenes de la crítica de cine en el Perú. Lima: Editorial Gafas Moradas, 2020, 186 pp.
- Alain Cardenas-Castro. Création artistique et données ethno-anthropologiques péruviennes. 1915-2015 : une lignée de peintres muséographes, les Cardenas-Castro, thèse en sciences et technologies des arts, spécialité arts plastiques et photographie, Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis : 2021. II vol. 1292 p.
- Alain Cardenas-Castro. Juan Manuel Cardenas-Castro y la revista « Variedades » 1917-1920 (4), in Sciences & art contemporain, août 2018
Remerciements
Señoras
Carmela Wiesse ; Patricia Salmón Zazalli
señores
Ricardo Kusunoki ; Marcel Velásquez Castro