Hervé Perdriolle, portrait d’un collectionneur-marchand.

2019 : de Paris à Bruxelles

Compte-rendu par Alain Cardenas-Castro et Christophe Comentale

Hervé Perdriolle dans sa galerie-appartement de Paris (cl. ChC, nov. 2019)

A compter du 1er décembre, nouvelle adresse 337 avenue Louise, Bruxelles

Les collectionneurs constituent un pan important de l’histoire humaine et en particulier des motivations qui suscitent une présence particulière au monde dont ces prédateurs, cueilleurs, entomologistes sont des éléments fondamentaux, tant pour la mise en place de mémoires inattendues que pour les dispersions parfois éclatantes qui vont réduire à néant les efforts réalisés durant des années pour mettre en cohérence des pièces a priori peu ou pas destinées à se retrouver dans un fonds commun, voire dans les lieux dédiés à une collection…

Depuis plusieurs décennies, et, a contrario des années 70, le profil du collectionneur s’est quelque peu modifié, devenant davantage pris en compte pour ses actions sociales, ses démarches vertueuses, attitudes jugées altruistes, mais, hélas, réductrices en ce qui concerne ce type d’activité nécessitant la liberté d’esprit la plus totale pour une constitution de collections importantes dont la cohérence — si souvent rappelée, notamment par le monde du marché de l’art — ne doit pas non plus être un prérequis qui deviendrait alors négatif, à l’égal d’une censure, au lieu d’être un aiguillon vers un plaisir esthétique, puisque c’est de cela dont il est question dans la mise en place d’une collection. Inutile d’occulter le fait que certains collectionneurs ne sont pas indifférents aux fluctuations du marché de l’art, les transactions font partie des motivations qui permettent des échanges, des cessions, des ventes d’œuvres au profit d’autres.

Une complexité bien humaine…

Une activité multipolaire (en quelques dates)

1984.

Hervé Perdriolle est collectionneur, galeriste, critique d’art et commissaire d’exposition. Il a été le promoteur de la Figuration Libre et a participé en France aux premières expositions notamment de Jean-Michel Basquiat et Keith Haring (1984).

1996.

Depuis 1996, son activité principale consiste à faire connaître et à promouvoir les Autres maîtres de l’Inde à travers les œuvres des artistes contemporains de l’art tribal et de l’art populaire Indiens.

2009.

En septembre 2009, Hervé Perdriolle ouvre sa collection au public dans le cadre de son appartement proche du Jardin du Luxembourg. « il vous conseille et vous fait profiter de son expertise », précise-t-il sur son site.

2019.

Cette activité pluridisciplinaire n’a cessé de continuer, pour son exposition d’été qui a eu lieu du 24 mai au 18 août 2019 autour des cultures du monde, le Manoir de la Ville de Martigny a invité Hervé Di Rosa, peintre et plasticien, Hervé Perdriolle assurait le commissariat de l’exposition.

Comme il l’explique dans un article destiné à un lectorat choisi et désireux de comprendre un certain type de mondialisation politico-économique, « l‘art tribal indien émerge sur la scène internationale. En Inde, la place des aborigènes n’est plus au Musée de l’Homme, dans ces reconstitutions où les mannequins en cire, vêtus de costumes traditionnels, sont assis autour du feu devant leurs maisons traditionnelles. Les voici désormais au-devant de la scène artistique contemporaine indienne, avec des œuvres qui se vendent dans les galeries d’art et les musées du monde entier. La voix des populations tribales indiennes, longtemps étouffée, renaît grâce à la peinture. » [in Le Monde 17 février 2011].

Son aventure en Inde commence le jour où il décide de fermer sa galerie parisienne et vendre différents biens pour partir à la découverte de ce pays du sud de l’Asie dont l’histoire remonte à cinq millénaires. Les cultures artistiques étonnantes et singulières qu’il rencontrera alors se révèleront fabuleuses et lui permettront d’établir des échanges multiculturels qui aboutiront a des confrontations, comme celle qui a eu lieu en 2003 au Museum Kunst Palast, à Düsseldorf, entre deux artistes de référence, Richard Long, sculpteur et photographe rattaché au mouvement Land Art et Jivya Soma Mashe le peintre indien qui a popularisé l’art tribal Warli.

Côtoyer les figures historiques de l’art tribal en Inde l’amène à découvrir aussi les jeunes générations de peintres Warli comme les frères Vayeda, originaires de l’état du Maharashtra. Mayur et Tushar Vayeda sont diplômés de l’université de Mumbai, l’un, en gestion de marketing, et l’autre, en animation 3D et multimédia. Cela ne les empêchent pas de se retrouver dans leur village natal de Ganjad pour pratiquer la peinture à quatre mains. En réalisant des compositions graphiques étonnantes ils continuent à développer cet art traditionnel Warli, d’origine rituelle, en le diffusant sur les réseaux sociaux, c’est pour eux « une pratique artistique en hommage et au service de la beauté du monde » [in # VAYEDABROTHE R S).

La transition de novembre

En ce début de mois de novembre, Hervé Perdriolle fait ses cartons, l’appartement de la rue Gay-Lussace est perturbé et perturbant… Des œuvres de peintres indiens et de la Nouvelle figuration s’apprêtent à changer de cadre…

 

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