Musée des cloisonnés. Beijing, 30 juin 2017. Compte-rendu.
par Christophe Comentale
Ouvert depuis 2014, le musée des cloisonnés chinois et étrangers est dirigé par Monsieur ZHU Jingyou朱景优. Cet établissement privé a pour but la promotion des cloisonnés traditionnels ou de création contemporaine. Il est situé dans une zone en pleine expansion. Autour d’une cour rectangulaire sur jardin planté de quelques arbres comme le noyer, le litchi, le poirier, sont disposés les différents bureaux de ce musée particulier. Une cinquantaine de personnes assument les responsabilités de toute société : secrétariat, comptabilité, contrôle de gestion. Le service relations publiques et l’accueil gèrent un service repas pour la préparation, le suivi des événements et l’accueil des hôtes.
Un département est dédié aux développements techniques, à la connaissance de l’histoire de cette technique. Monsieur Zhu, trentenaire dynamique, a privilégié différents axes de développement de sa société, impliquée au sein de différents organismes culturels, politiques et financiers importants, notamment le ministère de la culture et la fondation pour la dotation de projets culturels sur différents champs de la création : théâtre, peinture, culture immatérielle, art contemporain,…
Le colloque est surtout un dialogue entre un orientaliste sinisant et une spécialiste des cloisonnés, Madame ZHANG Li 张丽, chercheur au département des collections du musée du Vieux Palais故宫器物部.
Christophe Comentale choisit un florilège iconographique de pièces provenant des collections occidentales et allant de l’Egypte ancienne, de l’Empire romain, Byzance, les émaux médiévaux, la place de Limoges, à des pièces peintes aux XVIIe et XVIIIe siècles, notamment sous le règne de Louis XIV jusqu’au renouveau des émaux au XIXe siècle en France, notamment et aussi aux travaux qui durant les premières décennies du XXe s. permettent à des créateurs curieux de travailler les rapports entre laque et cloisonné.

Médaillon provenant du retable commandé par Wibald pour l’abbaye de Stavelot (1150 – 1160) Ø 14,6 cm, Berlin, Kunstgewerbemuseum.

Jean Fouquet, Autoportrait, émail bleu sombre sur cuivre doré travaillé en fines hachures au pinceau et enlevage à l’aiguille ( Ø 7,5 cm, avec le cadre). Provenant du cadre du diptyque commandé par Etienne Chevalier pour la collégiale Notre-Dame de Melun. Paris, musée du Louvre.

Patère, Empire romain, IIe s. ap. J. C. (H. 5,6 : Ø 10 : L. [manche] 9 cm). Amiens, musée de Picardie
Madame Zhang Li a, quant à elle, fait un choix important qui privilégie les pièces Qing contemporaines des trois souverains Kangxi, Yongzheng, Qianlong, dont l’esthétique a la faveur des collectionneurs chinois depuis deux décennies. Elle met l’accent sur la continuité de la production d’un règne à l’autre, et, parallèlement, des similitudes constatées avec des pièces produites à Canton avec le même fini technique. Ce qu’elle a vérifié sur des pièces conservées au Musée du Vieux Palais de Pékin, au musée Guimet ou au château de Fontainebleau avec la section dite du musée chinois qui regroupe, par ailleurs, des pièces de périodes différentes ou de qualité inégale.
La raison d’être de cette société privée est de redonner un lustre à un artisanat passé, une forme d’artisanat alors dévolue au plaisir des gouvernants. L’objet produit doit refléter la force de l’objet, par sa simple dimension physique, la richesse avec cet amalgame de métal travaillé (or, cuivre, argent,…) et en outre, le bonheur qui émane des éléments à forte teneur symbolique qui le constituent. C’est aussi dans cette optique que des copies de pièces chinoises célèbres sont réalisées, destinées à des politiques ou personnalités influentes de pays ou zones influentes.
Quelques pièces, plus modestes, montrent un essai de diversification, elles reprennent en cela le plaisir des pièces de salon que la production de cloisonnés fait apprécier dès la fin du XVIe siècle.
Renvois bibliographiques :
[Cloisonnés : pièces impériales, pièces rituelles]. Enamel : Huangjia zhiqi guolizhijun 皇家之器,国礼之尊. Beijing : Musée privé du cloisonné, 2017. N. p. [ca 140 p.] : ill. en coul.
Emaux sur métal, du IXe au XIXe s. par Isabelle Biron, Élisabeth Delahaye, Cluny Jannic Durand, Thierry Crépin-Leblond, Véronique Notin, Paris : Ed. Faton, 2015. 480 p. : 500 ill.
Les émaux cloisonnés chinois. Exposition de l’intégralité de la collection d’émaux cloisonnés chinois (XVe-XIXe s.) du musée des Arts Décoratifs de Paris, qui s’est tenue du 4 mars au 17 mai 1998 à Paris. In : L’ Estampille. L’objet d’art, 1998 (322, 50-57).

Reliquaire du Saint-Sang, Paris, Guillaume Julien (attribué à), vers 1300 (Ø 7,5 cm). Boulogne-sur-Mer, crypte, trésor de l’église Notre-Dame.