A la fin du mois de décembre 2021 aura disparu un musée d’où les souverains chinois sont évincés par la production des objets du quotidien, alors dignes d’un regard. Avec son attention à la Chine du quotidien, François Dautresme a montré qu’un objet populaire peut être beau quel que soit le matériau dans lequel il a été fabriqué.
par Alain Cardenas-Castro [1]
Résumé des épisodes de cette histoire à travers une galerie des portraits de ceux qui ont permis à ces pièces d’être conservées jusqu’en cette année 2021.
Ces pièces, Edwige Pluchard en a figé la présence avec une série d’œuvres réalisées récemment.
● Chronique d’une résurrection annoncée
François Dautresme
Comme l’a souligné Marie Laureillard dans un article récent, « François Dautresme (1925-2002) (ill.1) a très probablement hérité de son oncle Jacques Dautresme, capitaine au long cours, sa passion pour la Chine, où il entreprend dès les années 1960 — en 1963 — de collecter des milliers d’objets révélant l’ingéniosité créative du peuple chinois. Fondateur de la Compagnie française de l’Orient et de la Chine, en homme d’affaires avisé, à la fois ethnologue et designer, il constitue au fil des ans une collection d’une dizaine de milliers d’objets fabriqués dans les matériaux les plus variés, allant des fibres textiles à la céramique, au bois et au métal (…). Dès son enfance, il est passionné par les objets et la nature », rappelle sa cousine Françoise. « Leur beauté secrète l’intéresse plus que l’abstraction et les livres. Or, les objets s’échangent. Il deviendra donc collectionneur et marchand, comme on l’était à l’époque des Routes de la soie. Mais les affaires restent l’instrument de sa passion, jamais sa vie. » Sensible à leur perfection technique, il tente de conférer une certaine cohérence à sa collection afin de mieux illustrer ce qu’il appelle « le système chinois », c’est-à-dire un réseau homogène d’objets usuels combinant les lois naturelles au génie humain. Mû par une curiosité insatiable, il recueille durant près de quarante ans ce patrimoine anonyme qu’il craignait de voir disparaître en parcourant inlassablement les campagnes, de la Mongolie intérieure aux régions méridionales, consignant soigneusement dans des cahiers qui forment un journal de bord unique la moindre acquisition ainsi que les contacts pris en amont. « J’aime me perdre. J’aime marcher. J’aime aller voir. J’aime entrer chez les gens. J’aime découvrir. », disait-il.

Ill. 1. François Dautresme parmi 5 ou 6 des 100 casiers d’exposition (ca 2000). Ces mêmes casiers ont été utilisés dans l’entrepôt de Saint-Denis comme, également, lors de la vente Piasa.
Continuer la lecture →