Exposition des œuvres de Gabrielle Haardt, sculptures & bijoux. Du 23 octobre au 5 novembre 2019, Galerie Martel Greiner, 71, boulevard Raspail, Paris 6e – 01 45 48 13 05
Compte-rendu par Alain Cardenas-Castro et Christophe Comentale
L’année 2019 rend hommage à une créatrice dont l’originalité et l’esthétique ont été quelque peu écartées de la scène des arts ces derniers temps. Cet oubli est réparé au fil de deux événements qui redonnent sa place à cette sculptrice grâce à une exposition et à la sortie conjointe d’une importante monographie. Une énergie et un goût de la ligne qui ont cette même intensité libre que l’on trouve chez des artistes comme Moore ou à la lecture de pièces chinoises chan (courant devenu le zen japonais), peintures ou ivoires…

Une sélection de photographies (remerciements à Colette Lambrichs) présente l’artiste, sa famille et quelques œuvres.
Gabrielle Haardt (Paris, 1917 – Bruxelles, 2004), fille du peintre Marcel Haardt, et nièce de l’explorateur Georges-Marie Haardt, vit, enfant, en France et en Italie avant que dans les années 50 sa mère ne s’établisse à Bruxelles. La jeune femme commence à peindre ; c’est aussi là qu’elle rencontre son mari, Marcel Lambrichs. À partir de 1970, parallèlement à la sculpture, elle découvre le bijou qui sera la plus originale expression de son art. Elle gagne le concours De Beers International (Diamonds-International Awards) avec un pendentif en or jaune composé de 9 femmes reliées par 17 diamants, intitulé « Le Jugement dernier », qui sera montré à New-York, au Japon, en Allemagne et abondamment reproduit.
Ses sculptures, des œuvres abstraites et spatiales laissent se diffuser à l’infini les glissements de lumière du bronze poli et patiné, du granit noir poli… Certaines de ses Femmes ou telle sculpture de Chauve-souris ont la puissance tranquille et monumentale recherchée par Moore, tout comme ses personnages en groupes denses renvoient à des excroissances à la Hadju ; quant aux bijoux, pendentifs, bagues et bracelets, l’opale, le lapis-lazuli et le jade, ils sont des œuvres de sculpteur.
Un catalogue tout récemment paru rassemble les textes de familiers de l’artiste, les articles sont émaillés de superbes reproductions des pièces marquantes, « des voluptés simples et intenses » entre sensualité et raffinement.
Renvois bibliographiques
- Gabrielle Haardt, Sculptures et bijoux. Paris : Editions du Canoë, 2019.178 p. : 250 ill. en coul. Bibliog. pp. 171-172. La broche reproduite ci-dessus est en p. 49 de ce catalogue.
- Gabrielle Haardt,,textes de Philippe Jones, Georges Lambrichs, Claude Michel Cluny, Micher Butor, Ed. La Différence / Musée d’Ixelles, 1992. (coll. L’état des Lieux).