Salon de Montrouge 2017

Montrouge, le 26 avril 2017.

Avant de voir ce qui nous a intéressés, fait faire un grand tour, discuter avec les présent-e-s, sur les stands, dans les travées, quelques rappels pour qui lira la chronique sans être allé sur place. Citations en italique*

*62e salon de Montrouge, du 27 avril au 25 mai 2017. Montrouge : ville de Montrouge, 2017. N. p. : ill. Catalogue bilingue anglais-français. Impr. A 1000 ex.

En bref : le Salon se veut une exposition collective d’art contemporain, témoin des tendances multiples et des nouveautés singulières. Le commissaire, Ami Barak, critique d’art, assisté de Marie Gautier, a ratissé relativement large,à bon escient. En partie aussi grâce à une scénographie efficace et discrète de Vincent Le Bourdon et Ramy Fischler.

Comme nous aimons le patch-work, le collage et le trompe-l’œil et que nous vivons dans une société qui y est engluée, nous avons glané quelques propos conducteurs de cette édition, propos qui se recoupent assez bien. Ainsi, on apprend sur le site que « cette nouvelle édition permettra ainsi aux artistes et à leurs oeuvres d’entrer dans un dialogue sémantique et physique pour révéler les propos et tendances majeures actuelles. Se positionnant désormais comme un véritable baromètre, le Salon de Montrouge a pour mission d’être le lieu qu’attendent le public et les professionnels dans tous les champs de la jeune création ».

Saluons la présence dans le jury d’Emilie Renard, Directrice de la Galerie, centre d’art contemporain de Noisy-le-Sec

La scénographie mise en œuvre fait voisiner au mieux tout ce petit monde de chercheurs dont les efforts portent parfois leurs fruits…

Le parcours est imaginé comme une exposition narrative, le 62e Salon de Montrouge comporte 4 chapitres thématiques, l’un des quatre est Récits muets.

Les œuvres rassemblées dans cette partie de l’exposition se confrontent à une réalité qui se cherche et se raconte à la fois. Elles proposent une lecture du monde au travers de récits réels ou fictionnels, utilisant objets, paroles et corps. En envisageant une forme d’inachèvement du récit, ces processus de production de sens donnent forme à des faits authentiques ou imaginaires, ce qui leur permet d’interroger de possibles passés comme l’actualité de notre présent. En outre, qu’il s’agisse de peintures, d’installations vidéo ou de performances, les artistes s’appuient sur la restitution d’une expérience singulière aussi bien que sur l’altération d’une trame narrative. Des indicateurs de lieu ou de temps sont contredits, le narrateur est parfois l’artiste, quand ce n’est pas une troisième personne ou un narrateur invisible qui fait son apparition. Dans tous les cas cependant, en distordant des événements spatiotemporels, c’est la complexité des motifs composant le monde qui est questionnée

Au fil de la visite, nous aurions peut-être classifié autrement, car la dichotomie entre fiction et réel / présent et passé – voire futur – reste au centre du propose des sélectionnés. Cela dit, polysémie oblige, le commissaire et son adjointe ont pu caser tout un chacun, et, ces cases, c’est aussi, et dans des buts scientifiques que nous les décidons, elles permettent de bien mettre en place tout ce qui n’a pas matière à l’être facilement ou rationnellement, par exemple comme cette sélection de quelques créateurs dont nous avons choisi un thème, celui du récit, qui, seul, fait couler de l’encre, même virtuelle. Ce qui nous a aussi pas mal attiré, c’est que lorsque le fil conducteur entre les œuvres est trop ténu, on a une tendance naturelle à quitter le lieu sans même s’en apercevoir ! Le contraire était aussi perceptible, certaines rencontres ont été de bons débuts amenés à perdurer et à s’étoffer…

En bref, on a plutôt aimé…

Née en 1982 en France, vit et travaille à Paris. Elle a étudié à l’Ensba et à New York (NYU). En 2009, elle a participé au 54e Salon de Montrouge. Ses installations racontent les expériences qu’elle met en place. Dans Les États de la matière (2013), elle achète une maison et la disperse dans la nature. Avec Alex (2015, prix Audi Talents Awards), elle invente une personne et l’intègre dans la société. Ses projets ont fait l’objet d’expositions personnelles (Collège des Bernardins, Galeria Joan Prats, 18th Street Art Center) et elle a participé à de nombreux festivals, résidences et expositions collectives (Hors Pistes, Flux Factory NY, Biennale de São Paulo).

Une visite au stand de l’artiste et un entretien  amical autant que professionnel ont été profitables aux deux bloggeurs. Les avis sont partagés quant à ces œuvres en pleine diversification, positionnement. Le plasticien a été plus enthousiaste que l’historien de l’art…  Une chose est certaine, elles ne laissent pas indifférents, se pose cependant la question de la pérennité des pièces en soi en et hors environnement, urbain, privé….

…Quant à moi, selon l’axe dans lequel je me positionne, mes propos, donc, vont varier assez fort ! De l’invraisemblable imposé à ses concitoyens avec courage tant elle est impavide ! Un invraisemblable qui devrait être repoussoir, éliminatoire tant, justement, il est vraisemblable ! Elle se fond avec talent dans le courant assimilateur qui fait si bien passer des vessies pour des lanternes, tromper l’œil donc, tout comme tout un chacun s’y emploie si bien en ayant recours au virtuel. Sachant développer avec virtuosité un langage graphique propre, PB se raccorde parfaitement à Carlo Gozzi, Vénitien, qui sut « en développant des histoires de grand-mère » faire accepter des trames invraisemblables dans ses contes et pièces de théâtre. Le plus incroyable, c’est que trois cents ans plus tard, le public en redemande ! On est face – visuellement et psychologiquement – à un même type de création, cette veine hédoniste et néoconsumériste convient parfaitement, comme le disent les taoïstes au fait que « la montagne que l’on voit n’est pas la montagne ». L’essentiel est donc face à nous : souffle, égo, don du récit… On regarde, on réfléchit : ça fonctionne ! (ChC)

Après les propos de ChC qui compare PB à Carlo Gozzi, je ne peux qu’essentialiser : Ah ! les italiens ! de « beaux parleurs »… Carlo Gozzi raconte des histoires, il créé des fables. Le spectateur en a toujours été avide depuis l’Antiquité, Strabon nous le rappelle dans sa Géographie (livre 1, chapitre II, 8). Ici, à Montrouge, cette fois c’est une femme qui nous en conte une et qui n’est pas dupe à contrario des propos misogynes du géographe, mais qui a le but inverse justement, celui de nous déconditionner car nous sommes obligés de ne plus regarder, nous voyons seulement le luxe et le raffiné des panneaux publicitaires urbains qui déclinent le plus souvent monts et merveilles de courbes et de peaux parfaites et satinées. Afin de nous faire croire à l’éternelle jeunesse ?

Surement, car nous sommes des consuméristes de l’apparence et nous croyons à la beauté supérieure au génie, comme le prône Harry le personnage de l’unique roman d’Oscar Wilde dans lequel il est question de peinture, une peinture miroir de l’âme où « Rien ne guérit l’âme que les sens, comme rien ne guérit les sens que l’âme. ».

Cette histoire que PB nous raconte est montée de toutes pièces, fabriquée avec ces outils numériques qui modèlent nos fantasmes et qui nous fascinent. Elle les utilise à son tour en laissant les coutures apparentes sur ses modèles. Les traits de coupe de ces dissections sont perceptibles. Ils provoquent des interférences dans ce programme de perfection et c’est ce trouble, ce dérangement qu’elle recherche afin de provoquer une réaction vers une réflexion et un assainissement de notre regard.

Ego sum qui sum ; Je suis celui qui est. Pouvons-nous en rester à cette phrase divine des adorateurs de toutes sortes ? Pourquoi pas…

Le sculpteur Charles Cordier au XIXe siècle, avait mis au point une technique qui rendait compte de « l’ubiquité du beau », en créant des portraits ethnographiques de synthèse à partir de différents modèles recopiés des types humains qu’il rencontrait lors de ses voyages. Créant ainsi des modèles standard de l’altérité magnifiée, des canons de beauté pour lutter contre les préjugés racistes de l’époque.

Ce point de vue singulier sur le monde a un point commun avec la proposition plastique de PB. L’emploi de l’artifice. L’un l’utilise pour construire une égalité, l’autre pour déconstruire une image parfaite.

Ce procédé d’artifice elle l’emploie de manière récurrente dans ses pièces, comme Beautiful landscapes cette série qu’elle a déclinée entre 2006 et 2013 qui propose des paysages recréés avec des morceaux de photos de paysages déchirées. Des paysages emblématiques, métaphores de la transformation du paysage par l’Homme. Paysage au sens de la conception occidentale d’un morceau de pays déterminé par un cadre.

Elle l’emploie aussi dans Sunset ou tous les trucages sont ostensiblement montrés, démontrés et mis en avant depuis différents points de vue !

Sunset était présenté lors d’une exposition intitulée Le voyage dans la lune. Une des exposantes avait également employé ce procédé d’artifice dans une installation qui conjuguait maquette et dispositif de projection pour évoquer le doute que certains entretiennent sur la véracité du premier pas de l’Homme sur la lune le 20 juillet 1969 à 20 h 17 min 40 s UTC (15 h 17 min 40 s CDT), une précision qui n’est peut-être pas synonyme de vérité comme les images parfaites des panneaux de « réclame » qui sont déjà d’un autre temps : La vie serait-elle un songe ? (ACC)

Dans le travail de Pauline Bastard, il y a comme un sentiment d’étrangeté, qu’elle suscite grâce à un procédé de mise à distance de notre réalité. L’artiste interroge nos codes identitaires et par là même, notre définition de la notion d’identité. Avec Alex, l’artiste créait de toutes pièces un individu. Employant un acteur pour incarner ledit Alex pendant plusieurs mois, elle a travaillé à la construction de ce personnage ex nihilo. Être ou exister, tel était l’enjeu de ce projet. Devenir quelqu’un en société, par le travail, la recherche d’un appartement, le contact aux autres… Comme un espion, Alex est né pour exister le temps d’un projet. Avec Unnamed, Pauline Bastard prolonge sa recherche sur l’identité, en créant de nouvelles formes d’individus. Ainsi, elle réalise une galerie de portraits qui, tous, surprennent. Ils sont jeunes, beaux et attirants, ils nous ressemblent et nous dérangent. Qui sont-ils ? Ces visages, pourtant si humains, sont réalisés à la manière de patchworks. Ils ont tout de réel, mais sont le résultat de compositions intrigantes. Un mélange coupé et remonté pour produire un faux. Le malaise que l’on ressent à les regarder n’est autre qu’un sentiment de déjà-vu : un cousin inconnu, une ressemblance parasitée. L’essence humaine est ainsi recréée pour mimer les êtres que nous sommes avec cette légère imperfection due au principe du montage et qui frise parfois la monstruosité. L’artiste a choisi d’investir les panneaux publicitaires de la ville de Montrouge comme lieux de monstration de ces avatars humains et d’en décliner certains sur le mobilier promotionnel des espaces du Beffroi. Leurs visages s’infiltrent dans notre quotidien – comme autant de publicités auxquelles nos yeux sont habitués – pour révéler le procédé à l’oeuvre dans le développement de l’identité sociale / Marie Gautier, directrice artistique du 62è Salon de Montrouge

Pauline Bastard, Unnamed (2017) © Pauline Bastard

Née en 1992 à Quimper (Bretagne, France)
Vit et travaille à Paris (Ile-de-France, France)

Formation : EESAB site de Lorient, Lorient (2010 – 2015)

Supports utilisés : photographie, dessin, vidéo, pratiques numériques et éditions, performances, installation, pratiques mixtes

 

Habituellement, les parents sont les garants de la mémoire de leurs enfants. Ils ont entre autre le rôle de leurs rappeler les souvenirs qu’ils avaient oubliés. J’ai perdu mes deux parents. Je suis donc la seule garante de ma propre mémoire.

Dès mes 9 ans, j’ai mis en place des protocoles d’auto archivage (journal intime, conservation de documents, …). En 2014, j’ai débuté un travail de transmission orale de ma mémoire, et de collecte de celle des autres. Ce partage prend la forme d’un échange de confidences. Le projet compte aujourd’hui plus de 300 participants. Ma démarche vise à interroger notre rapport à la mémoire. Je parle de moi pour parler des autres, et prendre du recul par rapport à la société dans laquelle nous vivons, son rapport à la mémoire individuelle et collective, aux souvenirs, aux rituels…

En une période où l’écran remplace pour toute la société l’instrument ou l’accessoire individuel qui doit laisser mémoire de tout, il semble courageux où à tout le moins, tonique, d’essayer d’éveiller le regard de ceux qui passent ici et là pour prendre une dose d’autre chose.

En fait, elle sait manipuler les concepts, magnifier le réel le plus banal, elle est donc précautionneuse, prudente, sachant pratiquement où il faut se méfier, et de quoi ! Prendre le journal intime, personnel comme support pour y développer un thème de convivialité relève autant de la naïveté que de la mégalomanie, c’est au moins ce qui plaît et m’a donné envie d’un dialogue avec cette technicienne qui sait autant mesurer ses papiers qu’être consciente du choix d’un support. Et surtout, JLT envisage dans le temps les développements de cette présence au monde. Une esthétique, une force de création qui prend toute la place là où elle se trouve. Voilà qui fait du bien !

Julie le Toquin, Combien de temps êtes-vousprêt à passer avec moi pour me découvrir ? (2016), encre sur rouleau de papier, 10 m x 1,5 m. © Alain Cardenas-Castro

Né en 1990 au Blanc-Mesnil (Ile-de-France, France) Vit et travaille à Paris (Ile-de-France, France)

Formation : École nationale supérieure des arts décoratifs, Paris (2013 – 2016)

Supports utilisés : photographie, sculpture, peinture, pratiques numériques et éditions, installation, pratiques mixtes.

 

Né en France dans les quartiers multiculturels de la Courneuve, d’un père chinois, d’une mère vietnamienne, tous deux de culture laotienne, mes pensées se bousculent.
Je travaille sur les systèmes d’interprétation liés aux différentes cultures. Dans chaque tradition, l’espace et le temps sont relatifs, chaque culture en possède une définition.

Spectateur et acteur de toutes ces cultures, j’essaie de mélanger les particularités pour obtenir une nouvelle essence avec de nouvelles interprétations possibles, un langage sans fin. Ma pratique me permet de me questionner sur les singularités de chaque culture, de chaque regard : devenir étranger, étranger à ses propres émotions, à son corps, donner à tous à travers ces particularités une appréciation de l’espace et du temps. Rendre le spectateur conscient de lui-même, en bousculant les codes et les définitions, l’espace et le temps ne se désignant pas seulement par des valeurs numériques, on peut ressentir le temps.

 

Marc Daovannary, Deux ans de solitude (2016) Horloges mécaniques, bois, mousse acoustique,   41 x 33 x 50 cm. © Marc Daovannary

 L’œuvre m’a fait penser à Louis XVI. Certes, pas de matériau noble. On fait d’emblée le distingo entre création de luxe, devenue pratiquement invisible, sauf le temps d’une publicité   mal positionnée car aperçue dans un magazine bling bling qui ne recommencera pas ou sinon, une œuvre originale dans le contexte d’un Salon…

En tout cas, le thème du temps qui passe sur plusieurs lieux à la fois renvoie à ces montres à double cadran qu’il faut avoir au poignet – ça évite les coups d’œil à l’écran du portable qu’il faut sortir d’une poche – lorsqu’on travaille sur des zones différentes du globe. MD se débat plutôt bien à travers ce qui a été un enrichissement si l’on comme ses pensées vont de pair avec une création intense.

Née en 1981 à Chatenay-Malabry (Ile-de-France, France) 
Vit et travaille à Lyon (Rhône-Alpes, France)

Formation : Ensba, Paris (1999 – 2006)

Supports utilisés : dessin, sculpture, pratiques numériques et éditions, installation, pratiques mixtes.

 

 » Les livres intéressent Laurence Cathala pour de nombreuses raisons : ils constituent souvent de formidables musées de papier, ils offrent un fort potentiel de fiction, et surtout, ils sont (ou étaient) par excellence le lieu de l’écriture, un espace ouvert à la fois à l’intelligibilité du langage et à son inscription sensible. Objets à lire et à voir à la fois, même lorsqu’ils ne contiennent que du texte, espaces et supports permettant par ailleurs de réunir le texte et l’image, les livres renvoient alors de façon quasi auto-réflexive à la pratique artistique de Laurence Cathala, qui tend à faire se confondre le dessin et l’écriture. Ainsi que l’étymologie nous l’apprend, ces deux termes ont une origine commune, dans le graphein grec. On peut alors considérer que l’essentiel du travail de Laurence Cathala résulte d’une pratique qui consiste à créer des graphies, c’est-à-dire des écritures au sens le plus large du terme.  »

Extrait de : Laurence Cathala, La vie des livres, par Jérôme Dupeyrat, avril 2016

 

Laurence Cathala, La Première Version (2014), Texte imprimé sur papier et annotations murales, Dimensions variables Laurence Cathala / Co production ENAC (Ecole nationale de l’aviation civile, Toulouse). © Alain Cardenas-Castro

Laurence Cathala, Muséographie (2017), Dessin sur papier, gouache, crayons de couleurs, posca, collage – 76 x 56 cm. © Laurence Cathala

Laurence Cathala, Mémoires de papier II (2016), Série de dessins sur papier, par paires, gouaches et crayon – 61 x 46 cm.   © Laurence Cathala

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Une scénographie de circonstance, un espace plutôt anonyme, mais à propos, rend accessibles ces panneaux muraux qui accueillent des livres de grands format à l’égal de paravents. LC rejoint ainsi consciemment ou pas les placards à caractères, à libelles comme disait un temps. Ces placards qui sont, lorsque les autorités politico-culturelles le permettent, visibles et lisibles pour tous. Ce qui est confisqué avec art depuis longtemps par le pouvoir des publicitaires.                                                                                                                                     Le livre ancien occidental – car c’est bien de cela dont il est question ici – est traité à égalité avec l’écran, la liseuse, et, plaisir suprême, le post-it est banalisé au point de devenir un improbable standard à notes en marge des pages, des livres dont les pages ouvertes, béantes, livrent des propos obsolètes, illisibles formellement aussi. Il n’empêche que texte et image continuent de susciter un monde apparemment signifiant, celui du musée, qui devient fictionnel aussi. Mais à propos de LC, et sa curiosité envers l’écriture, le signe augure avec cette installation superbe, de développements fastes.

 

Née en 1980 à Villeurbanne (Rhône-Alpes, France) Vit et travaille à Aubervilliers (Ile-de-France, France)

Formation : Ecole Nationale Supérieure d’Arts de Paris-Cergy, Cergy-Pontoise (2006 – 2011)

Supports utilisés : Pratiques mixtes

 

Mathilde Chénin, Si je veux faire le biopic du premier homme qui a marché joué par Gene Kelly, ne me suffit-il pas de porter des claquettes ? (2014), Performance © Baptiste Chénin / En collaboration avec Simon Fravega / Festival Hors-Pistes, Centre Pompidou

Mathilde Chénin, CLOb (Collective Large Object) (2013), Installation participative ; bois, chambres à air, boulons, kinects, Dimensions variables © Pierre Friour / Jardin partagé Ecobox, Paris 18e

Mathilde Chénin, Histoires des ensembles (2002-2016, 2016), Installation : notes repositionnables, table à tapisser, Dimensions variables © Guillaume Robert / Production La BF15, Lyon, 2016

Au sein de ma pratique, j’explore au moyen d’écritures élargies et performatives qui naviguent entre corps, outil et langage, les formes créées par l’être-ensemble, par la co-présence de celles et ceux qui partagent un même espace et une même temporalité. Que je cherche à en imaginer de possibles agencements, à l’écrire, à le représenter ou à l’activer, il s’agit à chaque fois d’interroger le caractère tangible et imperceptiblement dense de l’espace immatériel qui nous sépare et qui nous relie. J’élabore ainsi des architectures utopiques, des jeux, des systèmes, des généalogies, des partitions ou autres collective large objects, autant de points d’amorce qui proposent de rendre palpable, en pensées ou en actes, ce qui nous fait tenir ensemble. Autant d’outils pour se mettre en mouvement, permettre l’émergence d’une attention renouvelée à ce qui fait commun, composer des nous temporaires, fragiles ou contradictoires. Mon travail fait ainsi de la collaboration et de la rencontre des temps essentiels. Travail de chercheuse qui devrait se développer sur les décennies à venir tant son propos est vaste et ouvert : seul, le réel fait oublier son approche en y incluant tout ce qui ne l’est pas.

Née en 1985 à Tourcoing (Nord-Pas-de-Calais, France) Vit et travaille à Strasbourg (Alsace, France)

Formation : HEAR, Strasbourg (2008 – 2011)

Support utilisé : pratiques mixtes

 

 » L’artiste travaille souvent in situ, concevant ses œuvres à partir des matériaux trouvés sur place et de l’histoire du lieu, entre archéologie de l’invisible et alchimie de l’ordinaire. Elle manipule les matériaux : sel, salpêtre, plâtre ou matière organique, étirant leurs potentialités jusqu’à leur limite. Interférant avec des processus naturels : évaporation, buée, cristallisation, diffraction de la lumière, l’artiste magnifie la contingence de la matière et de processus naturels non nobles, abandonnant son travail qu’elle « laisse vivre, évoluer », à une co-conception avec la nature ou le temps. Vulnérabilité assumée de ses œuvres […] dans un écosystème libre en mutation discrète mais perpétuelle. Cette attention à la manifestation transitoire de la matière […] entraine une série de recherches dont le terme « Révélation », au sens « de prendre conscience de » et « rendre visible » ce qui est bel et bien là mais non perceptible à nos yeux, serait sans doute une clé.  » Hélène Guenin

 

Née en 1975 à Bazas (Aquitaine, France)
Vit et travaille à San Francisco (Aquitaine, Etats-Unis)

Formation : Beaux Arts, Bordeaux (1995 – 2000)

Supports utilisés : sculpture, performances

Chroniques urbaines pour un quotidien de l’ulcération

Suzanne Husky, La Noble Pastorale (2016)                                               Etude pour tapisserie, 100 x 133 x 1 cm © Suzanne Husky

Suzanne Husky, Faïence ACAB, All Cops are Beautiful (2015), Production : Nekatonaea, la Halle Pont-en-Royan et Moly Sabata. © Alain Cardenas-Castro

Se voir imposer de façon d’abord séduisante pour capter le regard, des objets traditionnels de la maison non robotisée ou pas encore complètement happée par la robotique, ça fait du bien. Et surtout, ça fait exister une frange de la population de plus en plus large, celle qui subit les aléas des nouvelles censures qui ont vaincu l’individu dans la société où tout un chacun a pénétré depuis 2001 avec l’universalisme de l’OMC.

Propos courageux, certes, souhaitons que les jeunes générations, les plus confrontées à cet état des lieux et du monde s’y reconnaissent. Ces œuvres nées de mondes transitoires entre passé et futur, existent bel et bien. Elles devraient être prises comme standards d’étalonnage pour tous les cours d’histoire de l’art des lycées et collèges – quand il y en a – ou adoptées par les coaches – les moniteurs-formateurs- bien nécessaires aux cadres des sociétés et aux édiles et technocrates… Apparemment à Montrouge, ils ne semblent pas en avoir trop besoin…

 

 

 

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