par Christophe Comentale
Le statut de l’artiste chinois est et reste particulier au fil des dynasties. En tout premier lieu, la technique doit être maîtrisée à un degré tel que l’artiste doit s’être complètement libéré de toute contrainte gestuelle. Alors seulement, il sera en mesure de développer les thèmes qui lui tiennent à cœur. Ainsi, les apprentis-peintres ont-ils des modèles auxquels ils recourent pour s’entraîner à copier tous les thèmes possibles, il s’agit des manuels de peinture. On en trouve déjà trace dans les nombreux manuscrits découverts à Dunhuang, mais c’est avec la dynastie des Ming (1368-1644) que l’imprimerie a laissé des témoignages nombreux de ce type de manuel, ce qui est lié au développement particulièrement intense de l’image, connue par les éditions xylographiques qui en conservent la mémoire. C’est aussi sous les Ming que l’estampe en couleurs est à son apogée et produit des impressions polychromes particulièrement réussies et souvent copiées, permettant ainsi de véhiculer ces modèles innombrables. Un des documents particulièrement représentatifs de ce type d’édition est le « Studio des dix bambous » (shizhuzhai huapu).
Une typologie vaste de manuels didactiques

(ill.1) Le Corpus des antiquités en planches, « Bogutulu » [ 博古图录]
L’on se doit de mentionner d’autres manuels de peinture afin de montrer l’importance prise par ce type de documents et également la diversité de ces manuels, d’intérêt parfois inégal. Ainsi, parmi ces nombreux recueils, l’on peut distinguer le « Jiya huapu »[集雅画谱], « Shiyü huapu »诗余画谱[ ], « Huasou » [画薮 ], « Xuehu meipu » [雪湖梅谱], Chengshi zhupu [ 程氏竹谱], Chengshi mofan [程氏墨范], Baiyong tupu [ 白咏图谱], Baimei tupu [ 百美图谱], Suoyuan shipu [索园石谱 ],.. Ces volumes, à contenu didactique, se rapprochent parfois d’autres ouvrages encyclopédiques plus larges, couvrant davantage de domaines, tels le
Corpus des antiquités en planches, « Bogutulu » [ 博古图录] (ill.1), sorte de sommaire illustré relatif aux pièces antiques, en particulier jades et bronzes, des notices précises accompagnent chaque planche xylographique, « Renjing yangqiu » [人镜阳秋], « Tiangongkaiwu » « Wujingzongyao [武经总要 ], Yangzhang tujie » [ 养正图解], « Guifan tushuo [闺范图说 ], Zhuangyuan tushuo [ 状元图考]. Quelques ouvrages, devenus, comme tous ceux cités, très rares en édition originale, ont fait l’objet de retirages successifs. Certains de ces ouvrages sont considérés comme particulièrement représentatifs du savoir et des centres d’intérêt des clercs.
Continuer la lecture →